Les éoliennes ont-elles leur place dans les zones urbaines ?
Sujet de débat permanent, la place des éoliennes dans le paysage continue de diviser la population. À l’heure actuelle, les champs et la mer sont les deux pistes privilégiées pour leur développement. Pourtant, certains innovateurs explorent un nouveau créneau : installer de petites éoliennes en ville pour compléter l’offre d’autoconsommation des nouveaux bâtiments.
Avec 7,9% de l’électricité produite en France en 2020, l’éolien représente la 3ème source de production d’électricité du pays derrière le nucléaire et l’hydroélectricité, assurant ainsi l’équivalent de la consommation annuelle de 8 millions de foyers français. Aujourd’hui, on distingue principalement deux types d’installations : les installations terrestres, qui représentent la majeure partie du secteur, et les installations offshore qui commencent à se développer.
Le gouvernement prévoit, à travers la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), un développement croissant de l’éolien offshore et terrestre d’ici 2028. La PPE, mise en place par la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV – 2015), vise ainsi un objectif de 6,2 GW de puissance installée pour l’éolien offshore contre seulement 2,4 GW en 2023 ; et une puissance installée de 34GW en 2028 pour l’éolien terrestre contre 24GW en 2023. Des chiffres qui pourraient d’ailleurs être revus à la hausse prochainement alors que devrait être discuté bientôt le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables qui souhaite doubler la puissance renouvelable localisée en France.
C’est en grande partie le déploiement d’installations dites de “grande puissance” qui est privilégié pour le développement de l’éolien aujourd’hui, via des champs éoliens installés en haute-mer ou dans des espaces ruraux où des espaces à caractère industriel. Et c’est bien là le problème – en particulier pour l’éolien terrestre – puisque ces installations de grande puissance posent des problèmes d’acceptation sociale qui font régulièrement l’actualité, soutenus par des courants anti-éolien très structurés. En outre, ces installations se heurtent également à la question de l’artificialisation des sols au même titre que le développement du solaire photovoltaïque.
Mais en parallèle de la mise en œuvre de ces installations de grande puissance, une autre piste émerge plus discrètement et ne manque pas d’intérêt : le développement de l’éolien en zones urbaines, au plus près des installations, afin de venir compléter des offres d’autoconsommation.
Vers des éoliennes adaptées aux zones urbaines ?
Loin des installations industrielles visant à permettre des économies d’échelle et à produire en grande quantité, l’éolien urbain trouve sa place dans des usages plus restreints car ces éoliennes ont une puissance beaucoup plus restreinte et le gisement est aussi plus limité en raison des bâtiments. Ainsi, pour fonctionner de manière intéressante, les éoliennes doivent être placées dans des endroits isolés ou suffisamment en hauteur pour fonctionner pleinement. En ville, c’est généralement le toit des immeubles qui représente donc le meilleur emplacement pour des éoliennes. Or, ces emplacements sont assez hostiles à l’accueil des éoliennes classiques.
Il existe pourtant déjà quelques exemples d’éoliennes installées en milieu urbain en France ou à l’étranger. En France, on peut citer l’exemple de l’éolienne du lycée Léonard de Vinci à Calais ; les 3 éoliennes installées en 2004 devant la maison d’accueil de Bobigny ; où encore les éoliennes installées sur le parking de l’entreprise Abalone à Nantes.
Plus récemment, c’est une entreprise baptisée Unéole, et basée à Ronchin, dans les Hauts-de-France, elle a développé une plateforme de production d’énergie mixte qui s’intègre aux caractéristiques et besoins des bâtiments urbains. Plus concrètement, la startup conçoit une structure – sorte de sur-toit – qui s’installe sur des toitures plates et qui permet d’associer des panneaux photovoltaïques à une dizaine d’éoliennes spécialement conçues pour la ville.
L’entreprise a conçu pour cela des éoliennes d’un genre nouveau qui répondent à un cahier des charges spécifique et dédié aux zones urbaines : des éoliennes silencieuses, qui ne génèrent pas de vibrations dans les bâtiments, qui s’intègrent aux architectures existantes et, bien sûr, qui sont bas-carbone. Avec ce concept innovant autant sur la forme des éoliennes que sur leur adaptation aux bâtiments urbains, l’entreprise française ouvre la porte à une autre manière de concevoir la production d’énergie en ville.
À l’heure actuelle, Unéole travaille sur des projets en Bretagne, à Paris et à Marseille et souhaite étendre son maillage territorial, avec des visées européennes dans un avenir proche. Cela devrait ouvrir un nouveau chapitre dans le développement des énergies renouvelables, avec sans doute d’autres innovations similaires à venir dans le futur. Couplées à des panneaux solaires photovoltaïques, à de la géothermie ou des pompes à chaleur, ces installations pourraient ainsi accélérer la mise en œuvre de bâtiments à énergie positive.