Les Champs-Elysées du futur
L’architecte Jean-Paul Viguier a dévoilé, fin 2014, son projet de réaménagement de la « plus belle avenue du monde ». Au programme : plus de culture, moins de voitures et une forêt connectée.
Créé en 1916, le Comité des Champs-Elysées est une association à but non lucratif qui réunit l’ensemble des enseignes commerciales de la célèbre avenue parisienne et veille à assurer sa notoriété. En 2014, le Comité a sollicité Jean-Paul Viguier pour lui demander de réfléchir à l’avenir de la célèbre artère parisienne à l’horizon 2025. L’architecte et urbaniste a déjà une certaine expérience de la capitale, puisque c’est lui qui a conçu les jardins du parc André-Citroën, dans le 15e arrondissement, ainsi que la tour de bureaux Majunga, dans le quartier de la Défense. Fin novembre 2014, Jean-Paul Viguier a dévoilé les résultats de ce travail prospectif. Pour imaginer la célèbre avenue dans dix ans, il a choisi de travailler autour de quatre axes prioritaires : « les flux, la verticalité, l’épaisseur et la forêt connectée ».
Moins de voitures, plus de culture
Aujourd’hui, 80 000 véhicules circulent en moyenne chaque jour sur les Champs-Elysées. Pour Jean-Paul Viguier, comme pour les différentes enseignes installées sur l’avenue, c’est trop. L’architecte propose donc de réduire le flot de véhicules en circulation et d’améliorer les « flux de promenade » sur des trottoirs élargis. Il insiste aussi sur l’importance d’imposer un certain degré d’exigence et de cohérence esthétique : « Les terrasses doivent être aménagées comme des îlots de verdure, protégés et respectant un code esthétique strict », estime l’architecte. Une vision partagée par Philippe Houzé, le président du directoire des Galeries Lafayette, qui ouvriront en 2018 un magasin sur les Champs-Elysées, à l’emplacement de l’ancien Virgin : « Il faudra s’interroger sur la piétonisation totale ou partielle de l’avenue, un dimanche par mois par exemple, ou durant l’été. »
Deuxième priorité, pour Jean-Paul Viguier : développer la place des « lieux de convivialité » pour faire des Champs-Elysées un haut lieu de culture de la capitale, et plus simplement une attraction touristique. Car si la « plus belle avenue du monde » attire toujours 20 millions de visiteurs chaque année, seulement un quart d’entre eux viennent pour faire du shopping. Quant aux cinémas de l’avenue, leur fréquentation a baissé de moitié par rapport à 1995. Jean-Paul Viguier propose donc d’augmenter le nombre de cinémas et de théâtres, d’aménager des bars en étages et des restaurants sur les toits des immeubles.
Forêt connectée et micro-architectures
Pour redynamiser les Champs-Elysées, Jean-Paul Viguier souhaite également reconnecter l’avenue avec les rues adjacentes (rue du Colisée, rue de La Boétie, rue de Berri, etc.). Il propose par exemple de couvrir en partie la rue de Ponthieu pour en faire un nouveau « passage parisien », ouvert aux piétons et abritant un marché, des restaurants bistronomiques, des espaces d’exposition et des théâtres. Quatrième et dernier chantier proposé par Jean-Paul Viguier : l’installation d’une « forêt connectée en wi-fi ». Dans son esprit, cela doit se traduire par la plantation de centaines d’arbres entre le rond-point des Champs-Elysées et la place de la Concorde. Cette forêt serait parsemée de clairières propices à l’aménagement de « micro-architectures éphémères, d’événements culturels et d’expositions hors les murs », explique l’architecte, qui espère ainsi créer une véritable vie de quartier autour des Champs-Elysées.
À ce jour, difficile de savoir si le projet de Jean-Paul Viguier pourra se concrétiser un jour. Mais si c’est le cas, ce sera grâce aux enseignes commerçantes installées sur les Champs-Elysées, qui sont les seules aujourd’hui à pouvoir mettre la main à la poche pour financer des aménagements d’une telle ampleur. « Nous regarderons les propositions avec intérêt, à condition que les commerçants assument le coût » a ainsi déclaré au Journal du Dimanche l’adjoint à la Mairie de Paris en charge de l’urbanisme, Jean-Louis Missika.
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