L’équipement corporel : pour une meilleure symbiose avec la ville

Et si l’exploit technologique de Franky Zapata pouvait servir de source d’inspiration pour repenser notre mobilité ? © Cédric Duretz
20 Mar 2020 | Lecture 3 minutes

Le 14 juillet 2019, la fiction est devenue réalité. Lors du traditionnel défilé militaire sur les Champs-Élysées, le champion de jet ski Franky Zapata a réussi l’exploit de voler à plusieurs dizaines de mètres de hauteur devant une foule et un Président époustouflés. Son engin ? Une plateforme turbopropulsée à faire pâlir n’importe quel super-héros. Mais au-delà du rêve technologique, cette démonstration de force ne pourrait-elle pas amorcer un changement de point de vue vis-à-vis de notre façon de nous mouvoir ?

Car ce que nous prouve Zapata c’est que notre corps humain peut être le point de départ de notre mobilité : ce n’est, en effet, pas forcément notre corps qui doit s’adapter à un moyen de transport mais celui-ci peut devenir une base pour redéfinir nos déplacements. Alors peut-on imaginer une mobilité plus minimale ? Comment réduire davantage l’empreinte sur l’espace public tout en proposant une solution alliant sécurité et fonctionnalité ?

Et si l’exploit technologique de Franky Zapata pouvait servir de source d’inspiration pour repenser notre mobilité ? © Cédric Duretz

Et si l’exploit technologique de Franky Zapata pouvait servir de source d’inspiration pour repenser notre mobilité ? © Cédric Duretz

Réfléchir à l’échelle du corps ?

Vélos, trottinettes électriques ou autres giroroues… Les alternatives à la mobilité traditionnelle sont aujourd’hui nombreuses. Plus écologiques, moins encombrantes et permettant un effort musculaire moindre dans leurs versions électriques, ces solutions ont le vent en poupe dans les aires urbaines. Mais les usagers de ces micro-mobilités ont encore un temps d’avance sur les villes qui peinent à s’adapter : peu de place pour partager l’espace public, des véhicules dont la vitesse est à cheval entre deux modes de déplacement… En bref, si nous faisons un pas en avant vers des déplacements plus respectueux de l’environnement, il n’en demeure pas moins que ces solutions restent dangereuses et pas encore tout à fait adaptées à nos modes de vie. Et même si l’on a réduit énormément la place occupée sur la chaussée, certains de ces modes de transports demeurent lourds et encombrants. Alors, si l’on cherche à diminuer au maximum son emprise en sol, il est une échelle incompressible : celle du corps humain. Car, d’une part, le corps humain est l’élément de base qui ne changera pas, et ce quelle que soit notre façon de nous déplacer. Et, d’autre part, malgré tous les efforts en matière de miniaturisation des technologies on ne pourra pas réduire le corps humain.

Les micro-mobilités ont permis de réduire notre empreinte au sol, mais peut-on la réduire encore davantage en pensant à l’échelle du corps ? © Thomon

Les micro-mobilités ont permis de réduire notre empreinte au sol, mais peut-on la réduire encore davantage en pensant à l’échelle du corps ? © Thomon

Un homme urbain, augmenté et mobile

Et si à l’instar des hommes du passé qui enfilaient une armure pour se protéger on envisageait de s’équiper de notre moyen de transport ? Comment faire en sorte que l’homme et le véhicule ne fassent qu’un ? Comment doter l’homme de capacités de déplacements en ville similaires à celle d’une voiture ? Chercher à répondre à ces différentes questions ce n’est pas simplement inventer un gadget mobile supplémentaire. Car l’impact minimal et le travail à l’échelle du corps pourraient nous permettre une meilleure symbiose avec notre espace urbain. En effet, l’usage de moyens de transports surdimensionnés nous a peu à peu déconnectés de notre espace, conçu à l’échelle de la voiture et non plus à celle de l’homme. Face au défi de rendre nos villes plus humaines et inclusive, l’équipement corporel mobile apparaît comme une solution intéressante répondant à la fois aux besoins de désencombrer l’espace urbain et de se mouvoir.

Comment imaginer un homme urbain, augmenté et mobile ? © Benoît Charrière

Comment imaginer un homme urbain, augmenté et mobile ? © Benoît Charrière

L’équipement corporel mobile

Ces questionnements autour de la mobilité de demain ont particulièrement intéressé Benoît Charrière, étudiant en deuxième année de cycle master de L’École de design Nantes Atlantique. Pour lui, la mobilité du futur passe par l’équipement corporel et doit relever trois défis : permettre de bouger, être confortable et sécurisante, allier d’autres fonctions. Il s’est rapidement tourné vers la forme du sac à dos, permettant de se libérer les mains tout en ayant son véhicule sur soi. Le choix s’est également porté sur une solution de mobilité assise, plus stable et permettant de supporter davantage de charge sans se fatiguer. Il a ainsi créé EXO, un sac utilisable en mode marche et en mode route, fonctionnant à la manière d’une micro-mobilité électrique. Mais au-delà d’un simple mode de transport, EXO offre des usages multiples, comme celui de s’accorder une pause en position assise. Ainsi, pour Benoît, la mobilité urbaine de demain doit être plus humaine, plus accessible et adaptée à nos usages multiples. Et si ce prototype  n’est pour le moment pas déployable dans nos espaces urbains,  d’ici 5 à 10 ans il pourrait devenir davantage qu’une solution prospective. Car comme le dit l’écrivain Roger Fournier, « l’imagination est la meilleure compagnie de transport au monde ».

EXO est un équipement corporel mobile imaginé par Benoît Charrière pour repenser nos déplacements urbains © Benoît Charrière

EXO est un équipement corporel mobile imaginé par Benoît Charrière pour repenser nos déplacements urbains © Benoît Charrière

 

Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique

L'École de design Nantes Atlantique
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