L’économie collaborative au service du territoire
La consommation collaborative. Derrière ce terme opaque se cache en réalité quelque chose que nous avons tous déjà expérimenté. Effectuer un achat d’occasion, faire du covoiturage, s’échanger un bien ou un service, ces pratiques sont de plus en plus encadrées, notamment grâce à la multiplication des interfaces numériques. L’économie collaborative est donc en passe de devenir un incontournable de notre quotidien. Comment peut-elle impacter nos territoires et se mettre à leur service ?
La consommation collaborative : un levier de mutation pour des territoires durables
Un simple système économique permettrait de redessiner nos territoires ? Pour ce qui est de l’économie collaborative on n’est pas loin de pouvoir l’affirmer. D’ores-et-déjà nos villes se dotent d’infrastructures permettant d’organiser et de faire fonctionner ces échanges. On voit, par exemple, se multiplier les aires de co-voiturage, les vélos ou véhicules en libre-service, les bricothèques, ou encore les espaces de travail partagés. Au-delà de la création d’infrastructures, le développement de la consommation collaborative contribue à rendre nos territoires plus durables. Agissant sur des enjeux d’ordres économiques, sociaux et environnementaux, ces pratiques alternatives de consommation permettent à la fois une re-localisation d’une partie de l’économie sur les territoires, une meilleure utilisation des ressources inexploitées et favorisent les circuits économiques courts, moins polluants. Ces nouvelles pratiques remettent au goût du jour le fonctionnement de communautés et font naître de nouveaux liens entre individus : les utilisateurs ont trouvé en ce nouveau mode de consommation un sens commun dans le partage car ils ont besoin les uns des autres.
Le design : un élément essentiel pour faciliter les échanges
La consommation collaborative a encore besoin de convaincre pour recueillir l’adhésion du grand public. Encore peu ou mal définie, elle reste pour beaucoup un concept aux contours flous. Tout l’enjeu pour le designer et donc de faire connaître les enjeux de cette nouvelle manière de consommer et d’initier ces nouvelles pratiques à l’échelle locale. Le designer est ici perçu comme un facilitateur en donnant aux usagers les outils leur permettant une plus grande implication dans le développement durable de leur territoire au travers de leur nouvelle façon de consommer. Il va donc chercher à encourager ces pratiques souvent informelles par la création d’espaces ou de services, donnant un cadre tangible à ces flux immatériels. L’enjeu est également d’amener les usagers à dépasser leurs réticences, notamment le manque de confiance, en rendant la pratique attractive et désirable.
Les interactions humaines : un potentiel de richesses pour le territoire
La consommation collaborative nous pousse également à repenser notre rapport à l’autre. Chaque individu possède des richesses, des savoirs à valoriser qui peuvent servir les villes. L’économie collaborative permet donc la mise en place d’un véritable réseau humain de proximité qui amène à redéfinir l’espace urbain comme un outil stratégique dans la production de richesses en valorisant ces interactions. Et il est un domaine dans lequel le territoire a tout intérêt à favoriser ce type de réseaux : celui de la création d’entreprise. Là encore, le designer peut agir comme un facilitateur en créant un outil pour concilier espace et service. Marie Westeel, étudiante en 5ème année à l’Ecole de Design Nantes Atlantique, a choisi de créer un concept store dédié à la promotion de l’entreprenariat local. « Mon projet intitulé WanteS permet aux citadins une plus grande implication dans le développement de l’activité entrepreneuriale de leur territoire grâce à la mise en valeur de leurs ressources. Le créateur d’entreprise expose son projet ou son produit dans la boutique, le citadin peut venir le tester et le découvrir en toute liberté ». Le designer permet donc d’encourager ces nouvelles formes de collaborations et de consommation créatrices de nouvelles richesses pour le territoire.
Par Marion Boulay, Marie Westeel, étudiantes en 5ème année à l’Ecole de design Nantes Atlantique option Mutations du cadre bâti, et Zélia Darnault, enseignante