Le train japonais : bien plus qu’un mode de transport (1/3)
Précurseur, rapide, confortable, calme, propre et jamais en retard : toutes les noblesses semblent caractériser l’équivalent nippon du TGV. Mais quel est donc le secret de ce grand-père ferroviaire ?
Pionnier en la matière, le Japon fêtait en octobre dernier les cinquante ans de son célébrissime train à grande vitesse, le Shinkansen. Conceptualisé par l’ingénieur Hideo Shima, cet aïeul nippon des technologies du chemin de fer moderne ne connaît – au contraire de son cousin français – que d’insignifiantes critiques de la part de ses usagers réguliers. Légende urbaine ou raisons valables, recollons les morceaux pour comprendre la “hype” inégalée du train au long nez.
Le réseau ferroviaire le plus dense du monde ?
Reconnu à l’international comme dense et efficace, le réseau ferroviaire nippon constitue l’un des atouts certains de ce territoire tout en îles. Montagneuses, entourées d’eau, et capricieuses : les terres japonaises auront su palier leurs divers désagréments naturels en se dotant de technologies de pointe indispensables, notamment incarnées par un réseau ferré des plus enviés. Métro, monorail, tram, trains locaux et autres grandes lignes, les transports sur rail représentent au Japon une partie très importante des infrastructures du pays, contribuant dès lors de façon non négligeable à son développement économique historique.
“Au Japon, les voies ferrées sont le principal moyen de transport des passagers, particulièrement entre les différentes villes majeures, mais aussi pour les transports entre les villes et leurs banlieues, et à l’intérieur des villes comme Tokyo ou Osaka.
Le réseau ferroviaire est relativement dense. L’axe principal longe la côte de l’océan Pacifique liant les centres urbains de Tokyo et Kyoto-Osaka via Nagoya, s’étendant au nord et au sud. L’équipement est réputé être moderne, de qualité et bien entretenu et le service est parfaitement ponctuel.” (Voir la page dédiée au Transport ferroviaire japonais, sur Wikipédia)
Si le réseau ferroviaire français est bien connu pour son statut de quasi-monopole à l’échelle nationale, la toile d’araignée nippone est exploitée par près de deux cent entreprises, bien que les huit compagnies issues du groupe Japan Railways couvrent la grande majorité du réseau Grandes Lignes, qui relie les principales métropoles japonaises.
Le train le plus rapide du monde ?
Aussi rapide qu’il soit, ce n’est pas – contrairement à ce que l’on pourrait croire – le Shinkansen qui détient le record mondiale de vitesse sur rail, mais bel et bien son voisin hexagonal, avec une performance jusque-là inégalée de 574,8 km/h en 2007. D’autres modèles de trains existent bien évidemment dans le monde – on pense par exemple à la gamme Zefiro, les Bombardiers canadiens – mais les grandes stars du genre demeurent les technologies japonaises et tricolores déjà évoquées.
La grande popularité du train japonais peut donc être rattachée à plusieurs éléments. D’une part, lorsque la technologie grande vitesse sur rail est créée au Japon en 1964, le phénomène est unique… Et inimitable jusque dix-sept ans plus tard en France ! A l’époque, il atteint 210 km/h. Aujourd’hui, les rames Hayabusa – perfectionnées en 2013 – montent jusqu’à 320 km/h, ce qui équivaut au régime qu’accomplit le TGV français sur les lignes grande vitesse.
D’autre part, le réseau ferré japonais a le mérite de promouvoir tout un tas de transports en commun appelés “express” ou “rapides” comme le Tokkyu (“Limited Express”), le Kyuko (“Express”), le Futsu (“Rapid”), le Juntokkyu (“Semi Special Express”), ou encore le Junkyu (“Semi-Express”). Les autres trains – locaux ou de banlieue, dits “Commuter” – sont des trains plutôt lents, s’arrêtant à toutes les stations ou ne circulant que durant les heures de pointe.
Enfin, il n’y a pas que sur les chemins de fer que le Japon fait rouler ses trains véloces, puisqu’il expérimente depuis plus de dix ans le détenteur du record de vitesse mondiale (581 km/h en 2003) avec son train à sustentation magnétique, le Maglev. Si la technologie n’est pas proprement japonaise (on la retrouve ailleurs comme à Shangaï ou en Corée du Sud), l’exploit appartient bel au bien au Pays du Soleil Levant !
Le meilleur train du monde ?
Ainsi, comme nous l’avons vu précédemment, la réputation grandiose du train japonais demeure somme toute relative, que l’on se penche sur la densité de son réseau ou sur sa rapidité. Ce constat éveillé, d’où peut donc bien venir la notoriété effective du train nippon ? De la qualité de ses services bien sûr !
Alors qu’il n’y a pas un seul jour de l’année où les français ne se plaignent pas du retard légendaire des rames mises en service par la RATP ou la SNCF, les Japonais arrivent au bureau bien à l’heure, ne connaissant ni grève, ni problème technique, ni malaise voyageur. Mis à part dans le cas de très rares accidents graves, la ponctualité du réseau ferroviaire local – quel qu’il soit – n’est plus à prouver. Dans le cas du Shinkansen, l’exploit s’explique notamment par le fait que les rails sur lesquels il déambule lui sont tous dédiés, contrairement aux chemins de fer hexagonaux, plutôt multi-usages. D’autre part, les voyages sont véritablement millimétrés, et son personnel – discipliné et en uniforme très chic – paraît tout à fait imperturbable dans cette tâche prestigieuse !
Les autres qualités du train nippon, souvent pointées du doigt par les occidentaux, reflètent plus particulièrement tout ce qui concerne le confort à bord. La largeur intérieure du Shinkansen permet notamment aux voyageurs de disposer d’un espace personnel tout à fait remarquable. Vos jambes étendues, et votre visage climatisé en été, vous serez également surpris du silence qui règne dans les rames des trains grandes lignes ! Très disciplinés, les Japonais n’oseraient jamais ni élever la voix, ni tenir une conversation téléphonique de peur de déranger le reste du wagon. De plus, les lieux sont proprets, disposant d’un système de ménage très régulier, généralement à chaque passage aux terminus. En sept minutes chrono, montre en main, l’équipe de super-nettoyage rendra les wagons d’une propreté fort agréable.
Hygiène et savoir-vivre ne sont pas les seuls atouts du standing sur rail japonais. On ne parlera pas ici de la faible hausse du prix des billets, ni des infrastructures d’accessibilité pour personnes à mobilité réduite, présentes dans la moindre petite gare… Symbole des années 1960 japonaises, la performance du train nippon est bien souvent perçue comme le rebond retentissant sur ses heures terribles, vécues au cours de la Seconde Guerre. Et nous verrons dans deux autres billets que la renommée du train japonais ne s’arrête pas là !
Pour aller plus loin :
Vos réactions
Il faut un temps où la ponctualité de réseau ferré Français était connue. Mais c’était à ue époque où le ne parlait pas sans cesse « d’optimisation », de travail en « label Qualité » et une époque sans doute où le ne « pressait pas trop le citron »vaux gens qui bossaient ! Une époque où on ne parlait pas de « management »! Une époque où l’on cherchait moins à exploiter les gens sans doute ? Une époque où se préoccupat d’avantage du service rendu et moins de l’argent que l’on allait gagner en menant l’activité !
La FRANCE a connu un réseau fer trés dense ( le réseau Freycinet) qui couvrait 38000 km de lignes !
http://www.janinetissot.fdaf.org/jt_freycinet.htm