Le Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée Valenciennois, un projet ambitieux de lutte contre la précarité
En 2016, 10 territoires ont été sélectionnés pour tester pendant 5 ans le projet Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée (TZCLD). Depuis le début de l’expérimentation, ce sont plus de 1000 emplois durables qui ont été créés. En vue de l’étape suivante de développement de cette initiative, de nouveaux territoires émergents se mobilisent. Parmi ceux-ci, on compte Valenciennes Métropole.
Nous sommes allés à la rencontre de Christophe Lemoine, coordinateur du projet TZCLD Valenciennois, afin d’en savoir plus sur l’expérimentation et les chantiers engagés par Valenciennes Métropole pour obtenir une habilitation.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un territoire zéro chômeur longue durée et une entreprise à but d’emploi (EBE) ?
« Un territoire Zéro Chômeur de Longue Durée (TZCLD) est une expérimentation qui vise à ce qu’il n’y ait plus de personnes privées durablement d’emploi sur un territoire défini. Pour cela, l’élément novateur, c’est la création de l’entreprise à but d’emploi (EBE). Sur ce territoire, l’EBE emploie des personnes en CDI, à temps choisi, pour développer les activités que ces dernières ont envie de réaliser ou d’apprendre, en lien avec les besoins locaux.
L’EBE n’est pas la seule solution ; il faut aussi mobiliser les partenaires pour que chacun active les leviers dont ils disposent pour sortir les personnes de la privation durable d’emploi. Les acteurs des collectivités, de l’emploi et de l’insertion doivent se mettre en synergie pour atteindre cet objectif. L’instance qui symbolise le territoire et dépose sa candidature pour être reconnu TZCLD prend la forme d’un comité local pour l’emploi (CLE).
Pour l’instant, les résultats de la première étape expérimentale sont très encourageants. La triple conviction de départ est vérifiée : nul n’est inemployable si le travail est adapté aux compétences et capacités des personnes ; ce n’est pas le travail qui manque mais l’emploi, car il y a un grand nombre de travaux utiles à réaliser sur les territoires ; ce n’est pas l’argent qui manque, la privation d’emploi coûte plus cher que la production d’emploi. »
Qui sont les personnes qui peuvent être amenées à travailler dans une EBE ?
« Ce sont des personnes privées durablement d’emploi qui habitent sur le territoire depuis au moins six mois. On retrouve donc des personnes inscrites à Pôle Emploi, mais aussi des travailleurs précaires. Le défi principal, c’est d’identifier les personnes qui ne s’inscrivent pas à Pôle Emploi ou ne font pas valoir leur droit au RSA par méconnaissance, peur, ou manque d’envie. Pour y parvenir, il faut croiser les différents acteurs qui peuvent être en contact avec eux, mais aussi faire du porte-à-porte, du bouche-à-oreille, aller à leur rencontre. »
Comment sont identifiés les besoins du territoire et comment faire en sorte qu’ils n’entrent pas en concurrence avec l’activité des entreprises déjà existantes ?
« L’équipe opérationnelle de l’expérimentation étudie les besoins du territoire et les confronte à l’histoire personnelle et professionnelle des personnes privées durablement d’emploi. Les nouvelles opportunités d’activité sont ensuite instruites au CLE, qui les valide ou non. Dans le cadre de cette analyse, elle vérifie si l’activité est bien complémentaire à celle existante, et non concurrente. »
Comment sont déterminés les territoires qui peuvent être habilités en TZCLD ?
« Il est conseillé de constituer des territoires qui comprennent entre 5 et 10 000 habitants, ou pas plus de 400 personnes privées durablement d’emploi volontaires pour sortir de leur situation. Ces seuils ont été instaurés car au-delà, l’objectif risque de ne pas être atteint. »
Qu’est-ce-que l’habilitation en tant que TZCLD pourrait changer pour Valenciennes Métropole ?
« L’histoire économique de Valenciennes Métropole explique pourquoi il y a un taux important de personnes en recherche d’emploi, avec pour autant une économie automobile et ferroviaire qui se développe. On a des offres et des demandes d’emploi, mais ça ne « matche » pas forcément toujours entre les deux. L’agglomération s’intéresse donc à l’expérimentation TZCLD car elle constitue un levier supplémentaire de création d’emploi local ; le territoire est dans une logique d’entrepreneuriat.
L’objectif, c’est de créer une EBE nommée BARAKA JOBS. Deux dynamiques territoriales sont portées : l’une par le centre social intercommunal Le Phare (Onnaing/Vicq/Quarouble), l’autre par la maison de quartier Beaujardin (Quartier Faubourg de Lille). »
Pour en savoir plus : vidéo de présentation de BARAKA JOBS