Le rural est-il l’avenir du design ? (2/2) pour une approche de la topophilie…
La crise du Covid met cruellement en lumière le besoin de nouvelles proximités et sonne comme une revanche des villes rurales, laissées en marge du développement spectaculaire des métropoles. Loin de l’image d’épinal, ces villages évoluent avec de nouvelles coopérations et services de proximité hybrides, des façons originales de valoriser leur patrimoine. Le design, par des approches dites tactiques, permet de réaliser des actions peu onéreuses à forte valeur ajoutée, leviers de la “topophilie” chère à Carlos Moreno.
Déployer des services en rural
On a pu constater le recul des services en milieu rural. Si les maisons de service au public sont censées rapprocher l’Etat des citoyens, le design de services a un rôle à jouer pour l’hybridation des services et aller au-delà de cette ambition. Et si la Poste s’hybridait avec d’autres services ? Le recul des services postaux caractérisé par la fermeture des agences postales est très emblématique et cristallise souvent les mécontentements. Pourtant, ces bureaux de poste ouverts entre 10h et 12h n’étaient pas réellement pratiques…
La démarche de design vise à recueillir les besoins et à mutualiser des services suivant le “génie du lieu”. Des espaces de coworking, combinés à des points de présence postaux, des points retraits d’argent, des espaces de mobilité ou des points de retrait de course… peuvent émerger… allongeant les durées d’ouverture et mutualisant les coûts et les risques.
Des espaces ouverts et multifonctions peuvent permettre de multiplier les usages comme ateliers de fabrication, salles de réunion, récupération de paniers repas, coworking, au cours de la journée.
Ces nouveaux services de proximité, hybridés entre services publics et privés, brouillent les frontières et offrent de nouveaux potentiels pour une “proximité heureuse” avec des financements croisés permettant d’incuber des nouveaux projets de territoire. Ils permettent aussi une certaine “démobilité” et génèrent de l’économie locale… avec une seule limite : l’imagination pour développer des nouveaux services.
Le smart village, pas forcément ce qu’on croit
L’approche du design vise à créer des liens entre les services, par le dialogue, mais aussi par la visualisation des ressources à mettre en lien. De la smart city au smart village… pas forcément connecté mais avec une réelle complémentaire de services.
D’après Benjamin WALSH, encadrant au City design lab et spécialiste des questions de mobilité,
On peut aller encore plus loin en imaginant des tiers lieux mobiles se déplaçant au sein des communes avec diverses fonctions associées… de quoi retrouver pour les plus anciens l’ambiance du camion du village (un peu réagencé et électrique voire autonome bien sûr) et créer des occasions de se rassembler et de se connaître… de redécouvrir son village et ses voisins.