Le Pont Anne de Bretagne fait sa révolution
Un pont couvert de végétal. Un pont adapté à chaque type d’usager : pressé, sportif, noctambule, festif, curieux, flâneur… Une nouvelle sorte de pont-place qui réinvente le rapport à la Loire. Un pont plus pratique qui facilite la mobilité, un pont nature, animé, festif, intrigant ou reposantVoici certaines des propositions conçues par les étudiants du City Design Lab de l’École de design Nantes Atlantique pour le groupement GTM Ouest. Spécialisée dans le génie civil, cette entreprise a été missionnée par Nantes Métropole pour concevoir le futur pont Anne de Bretagne. Sa livraison est prévue en 2027. Lors d’un sprint créatif foisonnant, 11 étudiants français et internationaux ont imaginé comment tapisser le pont d’une nouvelle peau, plus vaste, plus verte et plus adaptée aux besoins des Nantais.
Le concept inédit de Pont Place
Les attentes du génie civil
GTM Ouest a fait appel au City Design Lab pour initier une démarche exploratoire autour des usages actuels du pont Anne de Bretagne. En effet, le City Design Lab de l’École de design Nantes Atlantique vise à activer des espaces publics grâce au design. L’architecte Dietmar Feichtinger et l’artiste Aurélien Bory ont animé ce workshop, lui-même coordonné par la designer Giulia Sola.
La démarche de conception de GTM Ouest étant déjà avancée (passages des voiries, éléments de l’esquisse architecturale), les étudiants ont pu créer des cartes d’inspiration. Ces scènes de vie du quotidien renouvellent l’imaginaire autour de l’infrastructure et créent de nouvelles passerelles mentales autour de ses fonctions. La notion de place publique comme lieu de passage fédérateur et point de convergence porte en elle la nouvelle identité esquissée par les jeunes designers.
Des “calques” qui modèlent l’espace du pont
Le design thinking comme méthode
En utilisant la méthode du design thinking, les étudiants ont utilisé l’observation et la créativité pour ouvrir le champ de possibles. Puis, le temps intermédiaire de débat a permis de sélectionner les axes de projets et scénarios d’usages les plus pertinents. Enfin, la réalisation d’éléments de prototypage boucle ce cycle de phases de “convergence” et “divergence”.
“À travers nos recherches nous avons pu identifier 3 types d’expérimentations urbaines :
- expérimentation ponctuelle pour une certaine durée où l’on teste un dispositif
- expérience utilisateur (artistique ou éducationnelle ..)
- expérimentation : intervention n’ayant jamais été faite auparavant
Cet espace doit être résilient, adaptable et flexible pour pouvoir durer à travers le temps. L’idée principale est de travailler sur plusieurs ‘layers’ (calques ,couches) et d’expérimenter différents axes.”
Des calques mouvants
Selon qu’on y insère du végétal, un parcours artistique, des assises ou un centre névralgique favorisant l’interaction, le pont opère sa mue :
Plusieurs calques sont testés au fur et à mesure :
Le premier calque, en haut, crée des espaces supplémentaires : plus de pistes cyclables, moins d’espace pour les voitures, plus de place pour l’art. On ajoute de la végétation pour créer plus d’ombre, réduire la température et encourager les utilisateurs à rester sur le pont.
En apposant le second calque, on supprime les assises et les expositions artistiques pour designer une offre d’espaces sportifs dédiée aux Nantais.
Le premier calque, en haut, crée des espaces supplémentaires : plus de pistes cyclables, moins d’espace pour les voitures, plus de place pour l’art. On ajoute de la végétation pour créer plus d’ombre, réduire la température et encourager les utilisateurs à rester sur le pont.
En apposant le second calque, on supprime les assises et les expositions artistiques pour designer une offre d’espaces sportifs dédiée aux Nantais.
En 2031, le pont a évolué de 3 manières : la végétation abondante recouvre à présent la majeure partie du pont, les voies de transport favorisent la mobilité douce et le lieu arbore des couleurs éclatantes, car le lieu est devenu un terrain de jeu régulier pour les artistes locaux. La nuit, le pont se métamorphose : les arbres se transforment en coraux grâce à la lumière, des hologrammes d’animaux marins s’animent et font signe à la faune des Machines de l’île, situées à deux pas de là.
Réenchanter un lieu de passage
Face à un environnement complexe, contraint et normé, les étudiants en design savent représenter rapidement des idées et concepts innovants. “Notre vision a consisté à déconstruire la notion de pont grâce à 3 axes :
1. exploiter la sémantique du pont et faire émerger sa représentation dans le subconscient collectif
2. concevoir un espace “futur proof” résilient et durable qui répond aux enjeux de demain
3. revenir à la fonction originelle du pont.”
Avec une expérience artistique façonnée par le vent
Le vent souffle fort sur le pont Anne de Bretagne. Plutôt que de subir ses bourrasques, les usagers pourront profiter pleinement de la traversée en longeant une installation musicale telle que celle du Métaphone d’Oignies. Ce ”bâtiment-instrument de musique unique au monde” produit une musique directement issue depuis sa façade. Cette animation permettrait au pont d’être un nouveau “check point interactif” de la ville de Nantes, un endroit où les gens auraient plaisir à s’arrêter.
Avec un marché à ciel ouvert
On traverse souvent un pont de manière mécanique et linéaire, alors pourquoi ne pas faire un pas de côté et en profiter pour faire son marché ?
Des unités mobiles inviteront les futurs acheteurs à tester tous types de produits. Il pourrait y avoir des semaines à thèmes : littéraire, touristique ou upcycling, par exemple. Le pont serait cet endroit agréable où l’on flâne, explore et discute, comme dans un marché local. Il réaffirmerait ainsi son statut de symbole fort pour la ville.
Avec une navette nocturne sécurisée
Historiquement, avant le pont Anne de Bretagne, se trouvait le pont Transbordeur, détruit en 1958. Celui-ci fait partie de l’histoire nantaise : sa structure impressionnante et son système de mobilité remarquable ont marqué les esprits. Aujourd’hui, le pont Anne de Bretagne est peu utilisé la nuit , car il est relativement sombre et désert. Les Nantais ne s’y sentent pas en sécurité. En mettant à disposition des noctambules une sorte de navette, le bénéfice serait double : rassurer les usagers lors de la traversée et faire un rappel de l’identité intrinsèque du pont.
Faire éclore une vie culturelle
En suivant la ligne verte du Voyage à Nantes
Le Voyage à Nantes offre au piéton un magnifique circuit artistique en ville, riche de sa collection unique de plus de 100 œuvres d’art essaimées dans l’espace public. Il offre des perspectives comme il n’en existe nulle part ailleurs : œuvres d’art dans l’espace public, lieux de convivialité, musées, patrimoines historiques ou naturels, galeries d’art menant à l’exploration de la Cité des Ducs par un biais innovant. Un concept intitulé Le défilé à Nantes permettrait de découvrir Nantes et son histoire à l’aide de la ligne verte du Voyage à Nantes. Avec ses animations au sol, ce projet accompagnera le passant tout au long de sa balade sur le pont, l’informera, le reliera à l’histoire de la ville et à son patrimoine contemporain.
En impulsant des évènements éphémères et fédérateurs
Le « Festival de la Loire »
Ce nouveau festival offrira aux passants un moment inoubliable depuis l’infrastructure qui a construit la ville de Nantes. En journée, ils pourront apprécier la vue dégagée jusqu’à Saint-Nazaire, voir leurs enfants s’amuser dans les jeux d’eau ou prendre un verre avec des amis.
En soirée, les animations battront leur plein : concerts de musique, projection de films (du réalisateur Jacques Demy, par exemple) , projections lumineuses diffusées depuis des bateaux. Un départ de régate locale pourrait se faire depuis le pont.
Ce festival se doterait d’infrastructures en bois installées sur leur nouvel espace dédié sur le pont Anne de Bretagne. Maniables, en bois, adaptées à chacun.e, elles surplomberont la Loire durant les 3 mois du voyage à Nantes (de juin à août). Idéales pour inviter le passant à s’asseoir, apprécier la vue sur le fleuve et en apprendre plus sur son héritage, elles se déplaceront sur l’esplanade des Machines le restant de l’année.
Ainsi, ce phénomène créera une attente et une curiosité chez les Nantais chaque année : où ces infrastructures vont-elles migrer ? Va-t-il y avoir du changement par rapport à l’année précédente ?
Le nouvel espace du pont , trois fois plus large, porteur de nouvelles mobilités et faisant la part belle au végétal, sera un espace partagé à la fois vivant et apaisant. Il sera directement relié au nouvel aménagement de la place de la petite Hollande, totalement piéton et ouvert sur les bords de Loire.
Ce pont-place accueillera tous types d’usagers à toute heure de la journée, s’adaptera aux saisons et réinsufflera une énergie collective à ce symbole historique Nantais. Selon Anne Teresa de Keersmaeker : “nous sommes dans un monde où les expériences à vivre ensemble deviennent de plus en plus rares”. Le pont place y a donc toute sa place.