Le Parc de Sceaux en mutation
Kant a intégré l’art des jardins classiques aux beaux-arts et l’a assimilé au genre de la peinture. Testé et critiqué par différents mouvements philosophiques et esthétiques depuis des siècles, le style « à la française », genre de paysage pittoresque, semble aujourd’hui être obsolète pour beaucoup de gens. Si nous essayons de mettre de côté les controverses esthétiques et d’élucider sa substance naturelle, il faut changer de regard en éliminant le beau et le laid des critères : dans cette situation par exemple, quel est le rôle du jardin à la française dans le processus d’urbanisation d’aujourd’hui ?
Du jardin classique au parc urbain
J’ai trouvé ce sujet dans mes promenades quotidiennes autour et dans le Parc de Sceaux. Les quatre côtés du parc sont très différents, notamment entre le sud et le nord. Au nord, le tissu urbain ancien de la ville de Sceaux a été préservé jusqu’à ce jour. Les jardins privés des maisons s’immergent dans la végétation du parc et les rues disparaissent dans la verdure. À Antony, de l’autre côté, le périphérique coupe brutalement le lien entre le parc et les habitations. Le grand parking et les bâtiments compacts mettent en avant une scène artificielle. A cause des nombreuses nuisances sonores, le parc et les habitants du périphérique semblent être deux mondes différents. Cette inégalité environnementale est dans une grande mesure, liée aux différents processus d’urbanisation des communes autour du parc.
Le jardin à la française aujourd’hui semble faire face à deux défis principaux : Comment répond-il aux besoins quotidiens des gens et comment multiplier sa valeur culturelle et sa valeur naturelle ?
Hérité d’ancien domaine aristocratique, le jardin classique aujourd’hui est généralement devenu un jardin public. Différent du jardin moderne qui est créé pour répondre aux exigences publiques, les fonctions du jardin classique sont relativement simples. Il conserve néanmoins une apparence pittoresque qui confère à la promenade tout son intérêt.
Le jardin classique devient alors un lieu de détente et de liberté, un paysage à contempler et plus important, un espace de nature. Avec l’approfondissement de la compréhension de la nature, nos visions de la beauté naturelle ont beaucoup changé, les préoccupations ont donc évolué de l’apparence à la richesse. L’esthétique écologique est acceptée par de plus en plus de gens. Dans ce cas, le jardin classique comme gage indéniable de la qualité écologique, doit être un exemple de préservation d’un paysage, qui doit rester beau et fonctionnel pour la biodiversité.
Valeurs écologiques
Si le paysage est perçu, vécu et transformé par des humains, il est aussi habité par une multitude d’autres espèces vivantes : végétales, animales, fongiques. Ces êtres vivants, comme nous, ont leurs propres finalités. Leur présence dans nos espaces agricoles, péri-urbains et urbains résulte en partie de nos traditions et notre culture, mais aussi notre système de production alimentaire et agricole ; nos activités économiques et urbaines ont modifié nos paysages.
Quant au parc de Sceaux, c’est un monument historique, ainsi qu’un patrimoine naturel qui abrite une très riche biodiversité et des ressources environnementales (naturelles). Il est considéré comme un espace de réconciliation écologique où les activités humaines, depuis de nombreux siècles, sont conciliées avec la vie sauvage de la faune, de la flore et de leurs habitats. Les végétaux et les animaux qui se nourrissent, nichent et se reproduisent sur le site constituent un ensemble, une part importante de l’écosystème des vallons de Sceaux.
Vers un parc sans limite
Du fief de Colbert au parc s’ouvre au grand public, l’évolution du domaine de Sceaux est une démocratisation. Cependant, tous les résidents autour du parc ne jouissent toujours pas du même cadre de vie et de commodité. Ce parc urbain devrait jouer un rôle de coordinateur au sein des communes et cette inégalité environnementale est un défi principal à résoudre.
Ma proposition porte sur la transition du Parc de Sceaux, en un habitat écologique. Cette proposition est construite non seulement pour le bien-être humain, mais aussi pour celui d’autres êtres vivants. En tant que résident vivant à proximité du Parc de Sceaux, ce site est, pour moi, une opportunité de réparer le fossé entre la ville et la nature et ainsi d’améliorer le cadre de vie des Vallons de Sceaux.