Le numérique : outil de mobilité urbaine ?
« Ville : Agglomération relativement importante et dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées. » Cette définition du Larousse est-elle suffisante pour traduire les réalités multiples et la complexité du fonctionnement de nos villes ? D’autant plus que depuis quelques années la prise de conscience de notre impact environnemental et l’apparition massive des technologies numériques ont pris place dans l’espace urbain.C’est le domaine des transports qui semble largement impacté par des mutations indispensables. Et justement, le numérique peut permettre de redessiner le service et l’offre de transports. Mais assistons nous véritablement à une révolution ? Le numérique est-il en train de devenir un outil de mobilité urbaine ? Eléments de réponse et projets prospectifs.
De l’ère des transports à l’ère de la mobilité
Aujourd’hui, c’est le concept de « walkability » qui réorganise l’espace urbain. Nous sommes entrés dans le monde de la mobilité douce, un monde dans lequel l’activité physique est au centre des préoccupations de notre mobilité. Ce changement de paradigme revient à se demander : qu’est-ce qu’une ville agréable ? Les transports en sont-ils un facteur ? Pour le chercheur et prospectiviste Georges Amar, « Nous sommes passés de l’ère des transports à l’ère de la mobilité ». Exit le temps de la dictature du coût et du facteur temps comme modes d’organisation de nos déplacements. Place au voyageur augmenté qui grâce à son smartphone est capable d’anticiper ses déplacements. Le temps d’attente devient un temps de transition utilisable et la station n’est plus une étape mais un lieu faisant partie intégrante de la ville et de la vie urbaine. Et c’est bien l’usager qui fait le lien entre ces différents mondes.
Le numérique : une réponse absolue ?
Les TIC créent de nouvelles opportunités entre citoyens, et de nouveaux défis pour les transports publics. Et si c’est l’usager qui fait le lien entre la station, la ville et le moyen de transport, est-ce à dire que l’individu devient une « personne mobile multimodale » ? Il serait alors co-concepteur et co-producteur de sa propre mobilité. C’est ces questionnements qui ont poussé Clément Breuille, étudiant en 5ème année à l’Ecole de Design Nantes Atlantique, option Nouvelles Mobilités, à se demander comment diffuser l’information dans un contexte d’intermodalité. « L’objectif de mon projet de fin d’études est de traiter toutes ces recherches et observations afin de parvenir à la conception d’un système sain, où l’expression du citoyen dans sa mobilité quotidienne puisse être entendu. Il faut prendre en compte l’impact du numérique sur les usages et la ville, afin de diffuser et organiser l’intelligence collective de la citoyenneté ». Clément a choisi d’exprimer son projet à travers la réorganisation des stations de tramway de la ville de Nantes, et plus particulièrement la station Commerce. « J’ai voulu me baser sur cette station car elle est le coeur névralgique de la ville, qui est comme de nombreuses autres villes françaises, basée sur une construction en étoile. C’est dans cette logique là qu’en tant que designer interactif je décide de m’orienter, afin de définir les futurs usages de ce lieu qui n’a pas évolué depuis sa conception, toujours ancré dans l’ancien paradigme où l’attente et l’individualisme dominent, alors qu’ils sont pourtant le relais majeur de notre mobilité quotidienne ». Cela pourrait se traduire par une station multimodale augmentée ancrée dans la ville permettant d’être un outil de communication entre les citoyens, les décideurs et l’organisme de transport. Objectif : montrer qu’au-delà d’un simple outil de communication, le numérique peut devenir un véritable outil de mobilité urbaine.
Par Clément Breuille étudiant en cinquième année à l’Ecole de Design Nantes Atlantique option Nouvelles Mobilités, et Zélia Darnault, enseignante