Le Finger Plan de Copenhague, un modèle de planification urbaine
Le “Finger Plan” est un plan d’urbanisme propre à la métropole du Grand Copenhague. Depuis 1947, il encadre l’étalement urbain de la capitale danoise, préserve la place des espaces verts tout en développant l’usage des transports en commun. Un exemple inspirant pour le développement des villes durables.
Avec environ 1,3 million d’habitants, la métropole du Grand Copenhague représente environ 22% de la population du Danemark. Située sur l’île de Seeland, elle concentre ainsi, sur un territoire restreint par nature, une large part de la population et des activités économiques du pays. La densité de son territoire amène cependant une part importante de la population du grand Copenhague à vivre dans des espaces péri-urbains, ce qui multiplie les déplacements domicile-travail mais pousse aussi à une artificialisation des sols.
Pour ces raisons, la région de Copenhague s’est dotée très tôt d’une culture de planification urbaine qui permette un étalement urbain efficace tout en préservant les espaces naturels. Célèbre pour les 400 kilomètres de pistes cyclables qu’empruntent quotidiennement 35% de sa population, la ville mise également sur le train pour limiter la congestion du trafic automobile. Et pour concilier nature et train, elle mise notamment sur un document de planification urbaine appelé “Finger Plan”, né après la seconde guerre mondiale.
UN PLAN QUI MISE SUR LA PRÉSERVATION DES ESPACES NATURELS
Le « Finger Plan » est un projet apparu en 1947 via une association d’architectes et d’urbanistes. Il proposait un développement urbain autour de Copenhague dont la forme rappelle celle d’une main. La paume représente le centre historique, elle est reliée à 5 corridors pour les 5 doigts de la main. Chaque corridor représente les zones qui sont à urbaniser. Entre chaque doigt de la main, des espaces naturels sont préservés et facilement accessibles pour la population. Ainsi, l’urbanisation de la capitale danoise pouvait se faire tout en intégrant directement la nature en ville.
Les autorités publiques danoises se sont rapidement emparées de ce projet et plusieurs versions du “Finger Plan” se sont ensuite succédées sous la forme d’une directive nationale obligeant les collectivités concernées à en respecter les guidelines. C’est donc l’État qui montre les zones qui sont ouvertes à l’urbanisation et il revient aux collectivités la charge de le faire appliquer. La dernière version du Finger Plan date de 2007.
La spécificité de cette forme de planification, au-delà de la préservation de “corridors verts” dans les espaces péri-urbains de Copenhague, c’est également qu’elle incite les habitants de la région à utiliser les transports en commun – en particulier le train – plutôt que de recourir à l’usage de l’automobile.
INTERDIT DE CONSTRUIRE À PLUS D’UN KILOMÈTRE DES VOIES FERRÉES
Ainsi, dans la version de 2007, par exemple, tous les bâtiments de bureaux de plus de 1 500m2 de superficie de plancher doivent impérativement être construits à moins de 600 mètres à pied d’une gare. Une limite choisie selon une étude qui montre que cette distance incite à utiliser le train pour les trajets domicile-travail et que cela peut réduire de 50% l’usage de la voiture sur ces trajets pour les résidents périurbains.
Il en va de même pour le logement puisqu’il est rendu impossible par ce plan de construire des habitations au-delà d’une limite de 1 kilomètre de part et d’autre de la voie ferrée ou de la gare. Les doigts de la main concentrent donc le développement urbain sur une largeur maximale de 2 kilomètres. Une vision qui se rapproche d’ailleurs du concept de “ville du quart d’heure” dont la maire de Paris, Anne Hidalgo, fait la promotion.
Ce plan d’urbanisation encourage donc à l’utilisation du train plutôt que de la voiture et préserve des espaces naturels malgré le développement de la ville, ce qui le rend extrêmement intéressant en matière de développement durable. Mais à l’évidence, il concentre tout de même quelques inconvénients.
D’abord, ce modèle va créer une très forte densité urbaine sur les “corridors” où sont construits les logements, commerces et bureaux. Une densité qui incite de nombreux habitants souhaitant davantage d’espace à s’installer hors des “frontières” du grand Copenhague. D’autre part, se pose aussi la question de savoir comment évoluera cette urbanisation lorsqu’elle atteindra les limites de la métropole.
Quoiqu’il en soit, pour de nombreuses villes qui réfléchissent à leur transition écologique, ce modèle est inspirant notamment pour la gestion de la nature en ville. Il rappelle dans une certaine mesure celui de Vitoria-Gasteiz, ville espagnole élue capitale verte de l’Europe en 2012, qui s’est petit à petit dotée d’une véritable “ceinture verte” autour de sa périphérie.