Le commerce peut-il devenir une vitrine de la ville durable ?
Les longues files d’attente pour pouvoir acheter de quoi s’alimenter semblaient faire partie d’un monde révolu. Et pourtant, la crise sanitaire que nous vivons nous a ramenés vers des imaginaires d’un autre temps. Les temples de la consommation que sont les supermarchés et leurs petits frères les drives sortent apparemment grands gagnants et montrent qu’ils ont encore de beaux jours devant eux. Mais à contrario les commerces de centre-ville ont beaucoup souffert, accentuant une crise déjà latente. Car le commerce d’aujourd’hui doit se réinventer pour mieux s’intégrer aux processus de transformations globaux de la ville, voire en devenir l’un des fers de lance. Alors comment le commerce peut-il devenir une vitrine de la ville durable ?
Le commerce à l’épreuve des déchets
Il n’est plus à prouver que notre modèle de surconsommation est à bout de souffle. Et l’une des dérives de ce modèle c’est la production excessive des déchets. Mais la particularité des déchets issus du domaine du commerce, c’est que parfois ils sont totalement utilisables. Ainsi, le géant de la vente en ligne Amazon aurait brûlé 3 millions de produits invendus mais fonctionnels en France en 2018. Face à la grande chasse au gaspi les commerces scrupuleux s’organisent. Et c’est ainsi que fleurissent les plateformes de type Too Good To Go qui propose des paniers surprises composés des invendus du jour dans les commerces alimentaires. Le site Loop propose quant à lui de pouvoir trouver nos produits préférés en version zéro déchets dans des récipients spécialement conçus pour être réutilisés. Plus besoin d’aller dans des commerces spécialisés, le mode de vie alternatif s’invite chez soi.
Devenir unique
Le consommateur est un être bourré de contradictions. Nous puisons nos envies dans les standards que vous voyons autour de nous et en même temps nous mourons d’envie d’être uniques et reconnus non plus en tant que porte-monnaie ambulant mais en tant que réel usager. Et si l’une des alternatives à la surconsommation résidait dans la personnalisation ? Avoir le sentiment d’être unique crée un attachement plus fort à l’objet, d’autant plus que parfois l’usager est pleinement partie prenante dans l’acte de personnalisation. Ainsi il devient plus qu’un simple acheteur, il co-crée l’objet dont il se porte acquéreur. De quoi offrir des alternatives aux tendances à l’uniformisation, notamment dans des centres urbains que les grandes marques ont tendance à coloniser.
Consommer le textile autrement
Pour Juline Vettier, étudiante en deuxième année de cycle master City à L’École de design Nantes Atlantique, parmi les commerces qu’il est particulièrement urgent de réinventer dans le cadre d’une ville durable, le secteur du textile fait course en tête. Ainsi, pour son Projet de Fin d’Études elle s’est demandée comment favoriser une transition vers une consommation de vêtements plus durable : « j’ai imaginé un magasin regroupant des services pour re-valoriser les vêtements en leur donnant une seconde vie adaptée à l’usager avec l’aide de stylistes couturiers. Au sein d’un magasin/ atelier, des couturiers offrent la possibilité de créer un vêtement unique avec des habits que l’on ne porte plus. Avec les couturiers, l’usager est guidé et est acteur de la conception de son futur vêtement ». Ainsi, le commerce trouve une place pleine et entière dans la lutte anti-gaspi et dans le phénomène du recyclage.
Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique