Le Bambou : entre traditions et allures contemporaines

26 Mai 2014

Le bambou, un rêve, une solution ou pour d’autres, un cliché. Nous avons pris le parti d’aller voir par nous même ce qu’il en était. Après un long trajet en train qui nous a fait traverser la Thaïlande du nord au sud nous sommes arrivés à Chiang Mai, au cœur des collines et des montagnes du pays. Des tribus utilisent toujours ce matériau de construction, et certains architectes continuent à s’inspirer du bambou et en révèlent ses atouts plastiques et structurels.

Le Bambou : entre traditions et allures contemporaines

Markus Roselieb est un australien installé en Thaïlande depuis une vingtaine d’années. Il y a quatre ans, il change complètement de vie, de médecin il devient architecte. Fasciné par l’acte de construire il lance son entreprise : Chiang Mai Life Construction. Son idée : défendre une architecture heureuse, qui joue avec les éléments qui la constitue. Son architecture est signée par l’utilisation principale de bambous et de murs en terre, des matériaux qu’il étudie et travaille au cœur de ses ateliers à Chiang Mai.

Le 25 mars dernier après un trajet à l’arrière d’un pickup équipé de deux banquettes, un des nombreux tuc-tuc de la ville, nous arrivons aux ateliers de Markus. Une fois là bas nous arpentons, un peu timidement, le lieu. Le bureau est proche de nous, et déjà nous sommes fascinés par la qualité de son travail : les structures en bambou qu’il arrive à faire danser complétées par la douce lumière provoquée par ces matériaux. Plus loin sur le même terrain ce sont les ateliers de préparation du bambou. Nous y découvrons les bains au sels de brome qui permettent au bambou, en quelques jours, de se vider de son sucre de manière naturelle et ainsi d’éviter toutes invasions de larves et autres nuisibles. Des bambous de huit mètres sont dressés face au vent pour les faire sécher. Nous sommes surpris par le nombre de variétés, de formes, de taille. Chacune a un rôle précis dans les charpentes ou les structures en bambou, nous explique Markus. Le bambou protège, construit la structure, étanchéifie les toitures, ses caractéristiques sont nombreuses et particulièrement adaptées en milieu tropical. Markus Roselieb l’a bien compris et milite pour son utilisation en essayant de construire une architecture fière et digne de son matériau. Il travaille à toutes les échelles, de la maison aux édifices publics, il démontre au fur et à mesure de ses chantiers la polyvalence du bambou. Quelques jours après nous prenons la route un peu plus au nord, pour partir à la recherche d’habitats locaux et traditionnels. D’anciennes tribus venues du Yunnan en Chine habitent toujours de petits villages au cœur des montagnes du triangle d’or : les Akhas.

Le Bambou : entre traditions et allures contemporaines

Yee est l’une des reines du thé à Mae Salong, elle est descendante d’une ancienne famille de cultivateur de thé installé ici il y a quelques siècles. Rencontrée par hasard, elle nous propose de nous emmener dans un village Akha authentique, pas encore transformé en écomusée pour touristes en mal de traditions. Le nom du lieu sonne comme un poème, traduit cela donnerait quelque chose comme : une part de paradis sur terre. Le village est à flanc de colline, quelques mètres plus bas se sont les plantations de thé et de riz, les principales ressources du village. Arrivés en milieu de matinée, le village est calme. Les habitants, réveillés tôt, sont partis au marché vendre leurs produits ou aux champs travailler la terre. Dans le village nous essayons de rencontrer des locaux. Une première porte s’ouvre, nous découvrons le tressage de la chaume qui constitue les toitures des maisons, ils la remplacent tous les quatre ou six ans pour que la toiture reste étanche. Certains ont fait le choix plus pratique et plus pérenne des toits en tôles ondulées, un choix peu adapté au climat en saison chaude, la tôle chauffant trop rapidement.

Un peu plus loin c’est une grand mère Akha, en habits traditionnels, qui nous invite à entrer visiter sa maison. Une maison de bambou où toute une famille vit. Elle est restée s’occuper des jeunes enfants, et des animaux. Le plan est simple, il y a deux pièces dans la maison principale et au centre le foyer, où un carré de terre cuite posé sur le plancher en bambou permet d’y installer un feu et de cuisiner les repas. Dans cette première partie de la maison, seuls les grands parents et les jeunes enfants y dorment. D’autres pièces gravitent autour de celle ci, elles sont réservées au repos des autres membres de la famille. La maison est sur pilotis, ce principe de l’architecture tropicale permet d’éviter les eaux de ruissèlement en saison des pluies, et de se protéger contre certains animaux. A l’intérieur il n’y a pas de fenêtres donnant sur l’extérieur, pour se protéger de la chaleur, le cœur de la maison reste à l’ombre. Les pilotis et le décollement du sol participent aussi à la ventilation de l’édifice. C’est toute la famille qui a construit la maison, suivant des centaines d’années de traditions et de savoir-faire. Il en reste une architecture humble mais toujours très adaptée à son environnement.

Le Bambou : entre traditions et allures contemporaines

De laquelle des deux rencontres avons nous le plus appris ? Malgré des modes de vie très différents, leurs aspirations ne sont pas si éloignées. Leurs architectures restent liées par une même idée et une même logique. Le bon sens serait il la clé d’une bonne architecture plus juste ?

En savoir plus : chiangmailifeconstruction.com

Dévouvrir la vidéo d’Architecture by Road « Northern Thailand« 

Architecture by Road
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