L’autoconsommation, clé de voûte des maisons de demain ?
Et si la transition énergétique passait avant tout par le développement de l’autoconsommation ? Une tendance qui pourrait s’étendre aux entreprises et maisons résidentielles dans les années à venir, dans le neuf comme l’ancien.
En 2010, l’autoconsommation individuelle et collective d’électricité représentait une capacité de production d’1 MW en France. Près de dix ans plus tard, cette capacité est passée à 283 MW, pour environ 70 000 sites sur tout le territoire. Une croissance qui ne devrait pas s’arrêter là car, d’après RTE, près de 4 millions de personnes pourraient devenir autoconsommateurs à l’horizon 2030, soit 4% de la consommation électrique nationale.
Alors, certes, l’autoconsommation ne permettra pas de résoudre tous les sujets liés à la transition énergétique. Mais que ce soit pour faciliter le déploiement des renouvelables et leur foisonnement, ainsi que pour le stockage lorsque les technologies seront à maturité, le principe possède des atouts intéressants. C’est aussi, pour les consommateurs entreprises ou particuliers, une manière de sécuriser le coût de l’électricité.
Dans certains pays, notamment dans les pays en voie de développement, l’autoconsommation collective via des mini-réseaux électriques s’avère même une solution efficace et pertinente pour favoriser autonomie et émancipation. C’est aussi le cas dans les pays développés pour assurer l’autonomie des zones insulaires. C’est par exemple le cas en France sur l’île d’Yeu où un projet d’autoconsommation a vu le jour en juillet 2020. Il concerne 23 maisons individuelles.
Une maîtrise de ses coûts d’électricité
Dans un pays comme la France, l’autoconsommation apporte un certain nombre d’avantages d’un point de vue environnemental. D’abord, la mesure permet de se rendre compte de sa consommation d’électricité. C’est un sujet très présent lorsqu’on parle de transition énergétique car une partie de la solution réside dans une meilleure maîtrise de nos consommations et dans la lutte contre le gaspillage énergétique. Et l’autoconsommation apporte un point de vue intéressant pour apprendre à optimiser ses consommations en fonction de ce qui est possible de produire.
Ensuite, et c’est son principal avantage, l’autoconsommation permet de sécuriser le coût de son électricité. Contrairement aux idées reçues, elle ne vous coûtera pas forcément moins chère que celle que vous apportent les fournisseurs d’électricité puisqu’il faut amortir l’installation, mais une installation solaire photovoltaïque, par exemple, a une durée de vie d’environ 30 ans à l’heure actuelle.
Donc, si vous installez des panneaux photovoltaïques sur votre toiture, vous savez que le prix de cette électricité va rester la même pendant 30 ans. Le photovoltaïque est d’ailleurs la principale technologie utilisée pour les projets d’autoconsommation. Selon les données d’Enedis, 15% des installations photovoltaïques raccordées au réseau en 2019 étaient des dispositifs d’autoconsommation.
Quelle forme prennent les projets d’autoconsommation ?
De nombreuses entreprises et particuliers pensent qu’il est interdit de produire sa propre électricité en France. Ce qui est évidemment faux. Au contraire, le gouvernement français est d’ailleurs plutôt enclin à encourager cette pratique.
Le décret d’application de la loi relative à l’autoconsommation d’électricité, publié le 28 avril 2017, a permis une avancée sur le sujet en faisant la distinction entre autoconsommation individuelle et collective.
L’autoconsommation individuelle est un système très simple qui consiste à installer des panneaux solaires sur sa toiture, à consommer ce qui est produit, généralement en complément de ce que le réseau fournit.Avec, en cas de production trop importante, la possibilité de stocker ou de réinjecter sur le réseau.
Dans une centrale en autoconsommation collective, le processus est un petit peu plus complexe. La fourniture d’électricité s’effectue entre un ou plusieurs producteurs et un ou plusieurs consommateurs finaux liés entre eux au sein d’une personne morale organisatrice (PMO), avec une répartition qui se fait en fonction de critères, un peu à la manière de la répartition des charges communes dans une copropriété.
Il existe aujourd’hui des dizaines de projets collectifs sur le territoire, comme par exemple le projet pilote déployé par Enercoop à Saint-Affrique, qui gère la répartition entre une Biocoop et une clinique vétérinaire située à côté. Les panneaux photovoltaïques sont installés sur le toit de la Biocoop et l’électricité produite est partagée entre les deux professionnels. Les résultats sont intéressants puisque 41% de la consommation électrique de ces deux acteurs est issue des panneaux photovoltaïques.
Quel potentiel pour l’autoconsommation ?
Aujourd’hui, de nombreux architectes et urbanistes travaillent sur des bâtiments passifs où des bâtiments à énergie positive, capable de produire davantage d’électricité que ce qu’ils consomment. Une manne d’innovations qui offre des perspectives à la notion d’autoconsommation.
En parallèle, il y a un fort potentiel de l’autoconsommation collective en milieu péri-urbain, par exemple, sur des zones commerciales ou des zones industrielles car ce sont des endroits où de très nombreuses toitures offrent un potentiel d’ensoleillement intéressant. À condition que les toitures soient éligibles à l’installation de panneaux solaires PV, ce qui n’est pas toujours le cas et constitue un véritable enjeu à ce sujet.
Les zones rurales sont aussi concernées puisque ces installations collectives, à l’échelle de villages, sont très intéressantes. Il existe aussi de nouveaux usages à inventer autour de l’autoconsommation qui pourrait, par exemple, servir à alimenter des véhicules électriques que met à disposition de ses employés une entreprise.
Vos réactions
Les maisons à énergie positive sont une belle alternative à la production d’électricité classique mais pas seulement! Elles ouvrent aussi la voie à la rénovation énergétique des maisons. Ce que peu de personnes savent, c’est que le chauffage est la deuxième cause de pollution atmosphérique dans la plupart des villes ; la perte de chaleur des foyers est un facteur important mais encore très méconnu. En attirant le public vers une réduction de charges ou indépendance énergétique, cela permet aussi de faire un constat général de l’impact énergétique de son habitation.