L’agriculture en ville : faites grandir votre arbre de noël près de chez vous
A l’occasion du nouvel an vietnamien, le Têt, les foyers font l’acquisition d’un « arbre de noël » local, le Kumquat. Mais à la différence des occidentaux qui en rachètent un chaque année, à Hanoi, on le replante en vue de l’année suivante…
Un arbre de Noël réutilisable
En cette fin de dimanche après-midi, le soleil descend sur le fleuve Rouge. Je vais aujourd’hui à la rencontre de Yen, exploitante de quelques ares au cœur d’une grande zone de vergers situés au Nord d’Hanoi, entre la ville et le Fleuve Rouge. Ces vergers un peu particuliers n’accueillent qu’une seule espèce d’arbre : le kumquat. Cet arbre aux petites feuilles, aux fleurs blanches et aux fruits orangés, est utilisé depuis une cinquantaine d’années comme « arbre de noël » à l’occasion du nouvel an Vietnamien, le Têt.
Un mois avant le Têt les hanoiens viennent en famille se balader dans le verger pour choisir l’arbre qui décorera la salle principale de la maison. Quelques jours plus tard, il est livré chez eux. Après les fêtes, Yen fait la ronde de ses clients pour récupérer les arbres et les replanter en attente de l’année suivante. Souvent, les familles conservent le même arbre d’une année sur l’autre et il grandit en même temps que les enfants.
C’est donc un rapport doublement différent qui s’instaure avec la nature. D’une part, le verger devient un espace ouvert où l’on vient se balader en famille avec la bénédiction de l’agriculteur. D’autre part on développe sans le savoir une logique de consommation responsable incluant une dimension de préservation.
Une activité vraiment profitable
Ce maintien d’une agriculture urbaine aussi importante en bordure du fleuve Rouge tient à deux éléments. Tout d’abord, la zone marécageuse est sujette aux inondations et donc difficilement constructible. Elle est d’ailleurs la seule partie conservée intacte dans les plans de développement d’Hanoi à l’horizon 2050. En outre, la culture du Kumquat est fortement rémunératrice (notamment comparée à la culture du riz). Ainsi, pour faire garder son kumquat durant un an, il faudra débourser aux alentours de 2 millions de Dongs (soit 70€) mais les prix peuvent s’envoler jusqu’à 10 millions de Dongs pour les specimens les plus importants.
D’ailleurs, pour optimiser la rentabilité de la culture, le verger de Yen ne comporte que des arbres déjà âgés d’un ou deux ans, prêts à être vendus une famille hanoienne. Les jeunes pousses, elles, sont cultivées dans la province de Van Zeng, à 80 km d’Hanoi. Une fois arrivées à maturité, elles sont ensuite transférées dans les exploitations sur les berges du fleuve rouge.
Une décoration de Noël 100 % naturelle ?
Une des particularités surprenantes de cet arbre est qu’il inclut sa propre décoration. En effet, ici, aucun rajout de guirlandes ou de boules, ce sont les fruits, orangés, qui donnent à l’arbuste une apparence qui rappelle notre arbre de noël. Pour arriver à un résultat harmonieux, cela demande une attention tout au long de l’année de la part des ouvriers agricoles. Régulièrement, ils vérifient que chaque arbre développe ses fleurs et ses fruits de manière à ce qu’ils soient régulièrement répartis. Yen précise « Le 5 mai du calendrier lunaire, on déplante et on replante pour s’assurer de la bonne santé de l’arbre. Il faut être certain que l’arbre donnera bien des fleurs et des fruits pour le Têt. » Pour mener à bien cette tâche, l’exploitation de 200 arbres mobilise 3 agriculteurs à l’année.
La décoration a beau être naturelle, les agriculteurs ont développé plusieurs techniques pour obtenir des résultats assez surprenants. Ainsi, les arbres qui se vendent le plus cher sont ceux sur lesquels sont présents en-même temps des fruits verts, des fruits oranges et des fleurs… Evidemment ce résultat assez anormal par rapport au cycle naturel ne s’obtient qu’avec l’utilisation de diverses pulvérisations chimiques. Preuve qu’il reste du chemin à faire pour aboutir à une exploitation parfaitement responsable.
Ces exploitations d’ « arbres de Noël » peuvent nous amener à réfléchir sur notre rapport à la nature sur plusieurs aspects. Tout d’abord, elles mettent en lumière l’aberration consistant à racheter chaque année un arbre de noël alors que c’est justement une plante non périssable. Par ailleurs, elles suggèrent une manière originale de maintenir l’agriculture à proximité de la ville et surtout de créer par ce maintient une interaction avec le citadin qui est le bienvenu au sein de l’exploitation puisqu’il en est partie prenante et consommateur direct.
Vos réactions
Pour vous un varietar d’arbre fruitier cultivé est naturel, c’est à dire sauvage…
Pratiquement personnes ne fait ça au Vietnam.et il y une dizaine d’autres espèces utilisées pour le tet