La ville sensorielle, une ville plus humaine à l’échelle de l’homme

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25 Juin 2020 | Lecture 4 minutes

Bruyante, malodorante, sale. C’est la vision que l’on peut avoir de certaines de nos grandes métropoles. Car entre la ville et les sens, ce n’est pas une grande histoire d’amour. À tel point que dans certaines agglomérations on en vient à parler d’agressions sensorielles, tellement notre ouïe, notre odorat, notre vue ou notre toucher peuvent être mis à rude épreuve. Pourtant, on peut également observer le phénomène inverse : certains espaces urbains sont devenus tellement aseptisés que nos sens peinent à être titillés. Pourtant, une meilleure prise en compte des sens dans l’espace urbain pourrait être gage de qualité de vie mais aussi d’une amélioration de nos déplacements, en facilitant l’orientation et la mobilité, par exemple. Alors comment davantage prendre en compte l’utilisation des sens dans l’espace urbain ?

Une ville « sens dessus-dessous »

L’être humain est par essence un être sensible. Nos sens constituent notre seule interface avec le monde extérieur. Notre environnement et les ambiances qui en découlent jouent un rôle capital dans notre épanouissement personnel et dans notre quête de bien-être. Car les sens jouent sur nos émotions et une ville mal perçue sera, par conséquent, une ville mal vécue. Or, force est de constater que bien souvent nos villes sont « sens dessus-dessous ». Les agressions sonores et leurs conséquences sont aujourd’hui bien connues, mais il faut également citer les agressions visuelles (trop plein d’informations), les agressions olfactives (pollution ou marketing sensoriel à outrance), les contacts désagréables… Ces agressions sont désormais qualifiées de pollutions, montrant ainsi leur pouvoir de nuisance aussi bien sur l’environnement que sur la santé des usagers de la ville. Partir en quête de la juste utilisation des sens est donc nécessaire dans l’optique d’une ville durable et humaine.

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© RDH – Midi Libre

Retrouver les sens de la ville

Une ville sensorielle c’est donc une ville qui privilégie la qualité de vie, la santé et le bien-être de ses habitants en leur permettant d’être davantage au contact de leur environnement. Et on peut aller au-delà de cette perception basée sur la santé en proposant des espaces qui puissent constituer une source d’expérimentation et de stimulation de nos sens. C’est ce que propose l’urbanisme sensoriel qui se base sur la conception d’espaces dans lesquels les matières, les couleurs, les sons ou encore les odeurs permettent des interactions nouvelles entre le citadin et sa ville. Et cette meilleure prise en compte des sens dans la conception urbaine favorise également l’attention que l’usager porte à son espace et donc sa volonté d’en prendre soin. Ainsi, une ville sensorielle est une ville plus humaine car à l’échelle de l’homme et de ses perceptions.

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© Amélie Péron

La ville sensorielle pour repenser l’accessibilité

Et si la qualité de vie retrouvée grâce à la prise en compte de la sensorialité dans l’espace urbain pouvait améliorer l’accessibilité aux personnes en situation du handicap ? C’est l’hypothèse qu’a formulée Amélie Péron, étudiante en deuxième année de cycle master City à L’École de design Nantes Atlantique, dans le cadre de son projet de fin d’études. « Je me suis intéressée à des usagers particulièrement habitués à développer leurs compétences sensorielles : les personnes non-voyantes et malvoyantes. Ainsi, je me suis demandée comment les sens peuvent faciliter le déplacement des personnes non-voyantes et malvoyantes dans l’espace urbain ». Pour Amélie, le projet comporte trois enjeux majeurs : celui d’informer les usagers sur l’environnement qui les entoure, celui de les protéger des situations dangereuses et celui d’inclure et de prendre en compte les besoins de tous les usagers. Elle a ainsi imaginé « Palette », un dispositif sensoriel qui s’adapte sur les potelets présents sur les trottoirs. En fonction de la texture et de la couleur, on pourrait avertir l’usager du niveau de danger qui l’entoure. Des dispositifs directionnels facilitant l’orientation seraient ajoutés. Ainsi, l’objet imaginé facilite les déplacements urbains des personnes en situation de handicap mais peut également, de par son aspect ludique, être utile à tous les usagers, par exemple les enfants lors de leur apprentissage de la ville. De quoi améliorer notre perception de la ville.

La ville sensorielle 4

© Amélie Péron

Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique

L'École de design Nantes Atlantique
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