La ville est-elle le reflet de ses habitants ?
Il n’est pas exagéré de considérer que les villes sont, par bien des aspects, la plus ingénieuse invention humaine. On parlerait alors de société urbaine.
Vivantes mais faillibles, voire mortelles, les villes connaissent aujourd’hui un développement qui touche aujourd’hui l’ensemble des continents, émergents ou non. On radote à l’envie que la moitié de la population vit aujourd’hui en ville mais le fait statistique le plus intéressant est que ce sont en fait plus de 70 % de la population des pays développés qui est urbaine et que les pays émergents sont sur une dynamique encore jamais vue d’urbanisation (source : mckinsey.com).
S’il semble y avoir une progressive convergence des modes de vie, du moins pour celles et ceux qui acquièrent un pouvoir d’achat suffisant pour accéder à la consommation de masse, le phénomène d’urbanisation a-t-il vocation lui aussi à s’homogénéiser ici et là, selon un modèle dont on verrait pas encore bien les contours mais qui graviterait sans doute autour de notions de durabilité, d’intelligence ?
Aujourd’hui, rien n’est moins sûr et il n’est qu’à marcher (à ses risques et périls parfois) dans les grands centres urbains mondiaux pour se rendre compte que la forme des villes est bien changeante. Bien sûr, Rome ne s’est pas bâtie en une semaine et Mumbai ne va pas réinventer sa morphologie en une décennie. Pourtant il semble que la ville et ses habitants semblent devoir résister à toute imposition a priori (et tant pis pour Le Corbusier) et résulter d’autres choses, mais de quoi ?
Toutes les villes sont certes confrontées à des problèmes similaires. Prenons la gestion de l’eau. Dans des conditions qui peuvent varier considérablement, toutes les villes doivent récupérer l’eau de pluie et s’assurer de leur bonne gestion. Des solutions techniques existent, ce qui permet aux grandes entreprises françaises d’ailleurs de remporter des marchés considérables, comme c’est encore le cas récemment en Inde. Entre le logement, les bureaux, il existe cependant une formidable zone, appelée parfois « zone grise » qui est le cœur de l’urbanisme contemporain. Ces espaces de passage, de rassemblement, à la fois publics et privés, espaces d’appropriation autant que de rejet, ils sont les éléments majeurs d’une ville non plus construite mais vivante.
Là encore, les différences entre les pays, les villes abondent et on touche sans doute là plus qu’ailleurs à ce qui fait l’identité d’une ville : une rencontre entre des vrais gens et un ensemble d’objets bâtis. D’où l’importance, parfois négligée, des réseaux de transports pour connecter et relier ces bouts de ville entre eux. Montre moi comment tu te déplaces, je te dirai où tu vis.
La ville est une question d’espace, c’est à dire en deça du simple gouverné mais au-delà du simple bâti.
Ce blog, animé notamment par les étudiants du Cycle d’Urbanisme, entend leur permettre d’exprimer leurs visions et leurs savoirs sur cette ville qui se fait (et parfois se défait).
Vos réactions
Merci aux étudiants de Sciences Po d’apporter leur contribution pertinente à l’élaboration de la ville de demain, à la fois économe en ressources et désirable.