« La ville dense doit être respirable » (2/2)
Reconnecter les urbains avec la nature en « apportant le savoir-faire végétal au coeur de nos vies » : telle est l’ambition de Xavier Laureau, qui dirige avec son frère les Fermes de Gally.
Aujourd’hui, le concept de « ville nourricière » a le vent en poupe, porté par les promesses de l’agriculture hors-sol et des premières fermes urbaines. Pensez-vous que les villes seront bientôt capables de s’auto-alimenter ?
C’est un sujet complexe. Il faut bien avoir à l’esprit que le cas de Paris est très différent de celui des autres grandes métropoles mondiales, dont certaines devront abriter 30 à 40 millions d’habitants. Toutes les villes n’ont pas la chance d’avoir d’être entourées d’immenses surfaces agricoles, comme c’est le cas à Paris. En fait, on distingue aujourd’hui deux modèles. D’un côté, dans des villes comme Detroit ou New York, on voit se mettre en place des initiatives purement sociales pour développer de nouvelles sources d’alimentation. Et d’un autre côté, parce qu’ils n’ont pas les mêmes besoins, des pays comme Israël, les Pays-Bas ou la Chine envisagent l’agriculture urbaine dans une logique beaucoup plus industrielle et productiviste. Au final, je pense que la France ne se lancera pas dans un déploiement « industriel » de l’agriculture urbaine car elle n’en a pas vraiment besoin. Ici, le grand enjeu est plutôt de parvenir à reconvertir certains espaces urbains et périurbains pour y développer des activités de maraîchage. Mais cela nécessite de mettre en place une politique de protection à long terme des espaces productifs à proximité des villes, ainsi que le développement d’une filière de formation digne de ce nom au niveau bac +2. Car aujourd’hui, nous manquons cruellement d’acteurs compétents pour la production maraîchère, ce qui est un comble pour un pays de tradition agricole comme la France.
Quels sont les projets des Fermes de Gally pour les prochains mois ?
Nous allons continuer de transmettre notre savoir-faire en Ile-de-France, mais aussi dans des capitales régionales comme Marseille, Lyon, Bordeaux ou Nantes. Dans le cadre de l’opération « Les fermes en Ville », l’association Le Vivant et la Ville travaille également sur la transformation d’un espace urbain délaissé en espace agricole productif. Il s’agit d’une ancienne décharge de 3,5 hectares, située sur la commune de Saint-Cyr l’École, appelée à devenir un démonstrateur d’agriculture urbaine. L’idée est d’expérimenter sur ce site une forme d’agriculture circulaire où tout est recyclé : les eaux de drainage, par exemple, seront traitées sur place et réutilisées pour l’irrigation. Quant au compost utilisé pour la culture, il sera issu de la valorisation des déchets verts de la ville. Nous voulons aussi mesurer comment ce type d’espace peut être amovible et réversible, pour pouvoir à terme être « exporté » ailleurs. L’inauguration devrait avoir lieu en mai 2014.