« La ville dense doit être respirable » (1/2)

13 Mai 2014

Reconnecter les urbains avec la nature en « apportant le savoir-faire végétal au coeur de nos vies » : telle est l’ambition de Xavier Laureau, qui dirige avec son frère les Fermes de Gally.

Située près de Versailles, dans les Yvelines, la ferme de Gally est un ancien prieuré, longtemps rattaché à l'abbaye Sainte-Geneviève de Paris. Copyright : Lafontan / Les fermes de Gally

Située près de Versailles, dans les Yvelines, la ferme de Gally est un ancien prieuré, longtemps rattaché à l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris.
Copyright : Lafontan / Les fermes de Gally

La famille Laureau cultive la terre en Île-de-France depuis 1746. Mais au cours des dernières décennies, l’entreprise familiale a su diversifier ses activités en se spécialisant dans l’horticulture, la jardinerie, le paysagisme et la cueillette en libre service. Aujourd’hui, la société des Fermes de Gally « apporte son savoir-faire végétal au coeur de nos vies », en améliorant à la fois le cadre de vie des particuliers et les conditions de travail dans les entreprises. Rencontre avec Xavier Laureau, codirigeant des fermes de Gally et président de l’association Le Vivant et la Ville.

Quelle est la mission des fermes de Gally ?

Depuis 1983, Xavier Laureau partage la direction des Fermes de Gally avec son frère Dominique. Copyright : Lafontan / Les fermes de Gally

Depuis 1983, Xavier Laureau partage la direction des Fermes de Gally avec son frère Dominique.
Copyright : Lafontan / Les fermes de Gally

Avec mon frère Dominique, nous avons souhaité diversifier les activités de la ferme, en mettant l’accent ces dernières années sur les notions de service et de paysage. Le premier axe, c’est donc l’ouverture des Fermes de Gally à une clientèle toujours plus large. Nous y proposons notamment des activités de cueillette et des ateliers ludiques et pédagogiques sur un espace naturel de 60 hectares. Le second axe de notre activité, c’est de tout faire pour ramener le végétal au plus près de nos lieux de vie, c’est-à-dire dans les entreprises et chez les gens. C’est en suivant cette logique que nous avons, par exemple, créé les Jardins de Gally, une structure qui conçoit, aménage et entretient les jardins des entreprises et des espaces publics urbains. Les cycles naturels et ceux de la vie urbaine sont très différents et il devient de plus en plus important de les confronter. C’est même une question de survie, car nous ne pouvons pas vivre seulement dans une société virtuelle. Vous savez, le végétal, c’est un marqueur de territoire qui donne du sens, de la valeur. Et il a, bien entendu, sa place en ville. Regardez le parc des Buttes-Chaumont, par exemple : si ce quartier de Paris est devenu si agréable à vivre, c’est parce qu’on a su transformer une ancienne carrière en un espace vert remarquable.

La demande pour plus de nature en ville est-elle vraiment plus importante aujourd’hui qu’il y a dix ou vingt ans ?

La demande pour plus de nature en ville a toujours été présente, car il s’agit d’un besoin vital. Aujourd’hui, on se rend compte de ses multiples bienfaits, en extérieur comme à l’intérieur des bâtiments. Quand vous intégrez le végétal dans les locaux d’une entreprise, les employés sont plus souvent présents, leur niveau de stress baisse, et surtout cela renforce la convivialité, dans une société des réseaux où les écrans ont tendance à nous isoler les uns des autres. Cette humanisation par le végétal est essentielle. Nous avons, par exemple, aménagé des potagers sur le toit de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine de Paris pour créer un espace de de bien-être, où les gens viennent discuter et décompresser. Je pense que les gens ne devraient pas être obligés de descendre au pied d’une tour pour faire une pause-cigarette…

Comment rendre nos villes plus vertes ?

Une ville dense se doit d’être respirable. Un effort important doit donc être fait en matière de végétalisation verticale : il faut évaluer toutes les toitures de nos villes pour les rendre plus belles et surtout plus accessibles. Dans ce domaine, il devient urgent pour la France de rattraper le retard accumulé ces dernières années. En Allemagne, 10 millions de m2 de toitures végétalisées ont déjà été installés, contre seulement 1,5 million de m2 en France… Il est donc nécessaire de mieux travailler en amont, par exemple en associant les jardiniers et les paysagistes à chacune des étapes d’un projet de construction. Et il faut également prendre exemple sur une ville comme Grenoble, où tout nouveau projet de toiture doit désormais réserver une place au végétal.

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Usbek & Rica
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