La ville, atelier à ciel ouvert (1/2)
En France, de plus en plus d’architectes et de paysagistes investissent la ville pour permettre aux citoyens de se réapproprier l’espace urbain. La preuve à travers les projets développés par l’atelier Trans305, le collectif des Saprophytes et l’association Bellastock.
Trans305 invente la « haute qualité artistique et culturelle »
« Intégrer l’art à la ville en transformation. » Telle est l’ambition de l’atelier Trans305, un organisme créé en 2007 par Stefan Shankland. Dans le cadre du réaménagement de la ZAC du Plateau d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), ce plasticien a investi un chantier de logements pour en faire un workshop éphémère ouvert à tous. Trans305 a notamment coordonné l’installation d’une immense structure modulaire, construite à partir de tôles, d’échafaudages, de conteneurs maritimes et d’autres matériaux de construction. « Nous réutilisons tout un tas d’éléments provenant des chantiers pour créer une sculpture monumentale » explique l’architecte dans la vidéo de présentation de son atelier.
Cette oeuvre n’aurait pas pu voir le jour sans l’imagination et les bras de centaines d’écoliers, riverains, travailleurs sociaux, créateurs et autres passionnés de mobilier urbain. L’expérience menée à Ivry est l’exemple le plus abouti de la démarche « haute qualité artistique et culturelle » imaginée par Stefan Shankland. Le plasticien a en effet conçu un petit guide (téléchargeable gratuitement) pour faciliter la mise en place d’une véritable « politique en matière d’intervention artistique urbaine ». Une approche qu’il met aujourd’hui en pratique à travers plusieurs projets à Marseille, Aubervilliers, Nice et même Cuba.
Découvrez le site de l’atelier Trans305 et la démarche HQAC
Les Saprophytes, collectif poético-urbain
Agence ? Collectif ? Plate-forme créative ? Atelier de co-construction ? Think tank ? Organisme d’éducation populaire ? Les Saprophytes, c’est un peu tout cela à la fois. Depuis 2007, cette structure originale, basée à Lille, rassemble des urbanistes, des paysagistes et des architectes qui développent une « réflexion active et expérimentale » sur la place de l’Homme dans son milieu, en l’occurence l’espace urbain. « Un organisme est dit saprophyte s’il est capable de se nourrir de matière organique en décomposition », peut-on lire sur le site du collectif, qui n’aime rien tant que recycler les « matières pourries » de la ville, c’est-à-dire réhabiliter des espaces urbains négligés et oubliés pour tisser du lien social. De Roubaix à Dunkerque en passant par Hénin-Beaumont, les Saprophytes habillent ainsi les rues des cités du nord de la France. On leur doit notamment l’aménagement de potagers mobiles en forme de « caddies-jardins », la construction de « fermes agri-culturelles » pour faire pousser des champignons, la transformation d’un parking en maison de clown, ou encore l’élaboration de parcours pour écouter et produire du « son urbain » à partir d’objets récupérés dans la rue.
Découvrez tous les projets des Saprophytes sur leur site Internet.
L’architecture expérimentale selon Bellastock
Fondée par des étudiants de l’école d’architecture de Belleville, à Paris, l’association Bellastock défend une approche expérimentale de l’architecture. Son site Internet se présente ainsi comme une plate-forme permettant de promouvoir la culture de l’expérimentation « comme vecteur d’innovation et outil pédagogique ». Composée aujourd’hui de 10 membres permanents et s’appuyant sur plus de 120 bénévoles, l’association organise chaque année un festival d’architecture expérimentale dans plusieurs pays (France, Turquie, Allemagne, Chine, etc). La principale attraction de ce festival est la construction d’une ville éphémère à partir de déchets. Lors de l’édition 2013 du festival, les architectes du collectif ont ainsi créé un « laboratoire d’expérimentations architecturales in situ », baptisé ACTLAB. Cela s’est traduit notamment par la construction de mobilier urbain à partir de matériaux issus de la démolition d’entrepôts sur le chantier de l’écoquartier fluvial de l’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Plus d’une centaine d’artistes, de designers et d’architectes ont également pris part, à l’été 2013, au festival « Made in Vitrolles », un événement co-organisé par Bellastock, qui a permis l’ouverture d’un chantier pendant plusieurs jours pour réaménager en partie le quartier des Pins de la commune des Bouches-du-Rhône.
Découvrez les projets du collectif Bellastock