La végétalisation des villes, une affaire de santé publique avant tout ?

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22 Mar 2022 | Lecture 2 min

Au-delà de ses bienfaits pour l’environnement, la végétalisation des espaces urbains apporte aussi une forte valeur-ajoutée en matière de santé et de bien-être. Un impératif qui est aussi à prendre en compte dans les aménagements urbains.

La végétalisation des villes est souvent perçue sous le prisme de la transition écologique. Ce processus, qui consiste en un ensemble d’opérations visant à mettre en place des végétaux dans des environnements le plus souvent urbains, est en effet l’un des leviers pour rendre les villes résilientes aux risques climatiques. Il permet de lutter contre les fortes chaleurs, de réintroduire de la biodiversité, et est également utile pour réduire les risques d’inondations.

Mais en dehors de cet aspect écologique, la végétalisation est aussi un outil au service de la santé publique : elle améliore la qualité de l’air. Or en France, la pollution atmosphérique représente actuellement 48 000 décès prématurés chaque année. La végétalisation a aussi pour caractéristique d’améliorer le bien-être et la santé mentale des habitants. Une notion qui est de plus en plus au cœur des préoccupations, en particulier depuis la crise sanitaire de 2020.

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Gratte-ciel avec arbres au premier plan © Voyata pour Getty Images

La végétalisation, source de nombreux effets positifs sur la santé physique et mentale

La présence de la végétation dans notre environnement de vie est porteuse d’externalités positives sur la santé humaine, d’un point de vue physique mais également mental. Des chercheurs ont d’ailleurs baptisé “vitamines G” (pour “green”) les effets favorables des plantes sur notre organisme. Si le fait de se rendre dans des lieux végétalisés tels que des forêts ou des bords de mer est incontestable depuis longtemps pour notre santé et bien-être, il est également apparu qu’introduire de la végétation dans nos modes de vie urbanisés était tout aussi indispensable.

Selon des études, un environnement végétalisé permettrait de favoriser une régulation du rythme cardiaque et de la tension artérielle, ce qui diminuerait le stress. En effet, d’un point de vue psychologique, vivre dans un milieu végétalisé permettrait une amélioration de l’estime de soi, un renforcement de la créativité, et mènerait à un sentiment de bonheur et à des impacts bénéfiques multiples sur la santé.

Plusieurs études ont été menées sur le sujet : une étude menée à Toronto en 2015 a notamment montré que la plantation de 10 arbres supplémentaires par pâté de maisons permettait de retarder d’environ 7 ans la survenance de problèmes de santé liés à l’âge.

Une autre étude plus ancienne datant de 1984 et menée par le psychologue américain Roger Ulrich au sein d’un hôpital montrait que les patients qui résidaient dans une chambre dotée d’une fenêtre avec vue sur les arbres avaient tendance à exprimer moins de fatigue et d’anxiété et à guérir plus vite que ceux qui n’en possédaient pas.

En ce qui concerne la qualité de l’air, elle se trouve améliorée par la présence de végétation puisque les arbres permettent de réduire la présence de particules dans l’air. L’enjeu de la végétalisation est donc éminemment crucial pour les politiques de santé publique mises en place par les villes dans la mesure où la pollution de l’air cause chaque année plus de morts que le tabagisme ou que les maladies infectieuses. Les risques d’anxiété, de maladies inflammatoires ou encore d’allergies sont ainsi accrus dans un environnement non-végétalisé.

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Mur végétal © Adisa pour Getty Images

Un enjeu de végétalisation au cœur des politiques de santé publique mises en place par les villes

Au cœur de ce défi de santé publique, l’enjeu de végétalisation s’est récemment trouvé consolidé au sortir des différentes phases de confinement, avec une demande et un besoin de nature qui ont été particulièrement exprimés par les habitants des villes. Nombreux ont d’ailleurs été ceux qui ont quitté les grandes villes afin de se rapprocher des campagnes, dans le but d’y trouver un environnement de vie plus vert bénéfique à leur santé physique et mentale.

Les villes ont pris conscience de ces dynamiques et de ces demandes de la part des populations, et prennent en compte les nécessités de végétalisation dans le développement de leurs politiques publiques. Pour cela, elles disposent d’outils et de moyens d’action variés comme la réutilisation des espaces verts délaissés, ou une plus grande dispersion des espaces verts visant à réduire la distance entre les logements et les espaces verts.

Les villes peuvent également augmenter la végétalisation des différents quartiers avec des solutions telles que les murs végétaux, et peuvent mettre en place des jardins communautaires, qui ont l’avantage de mêler l’utile à l’agréable. Une autre solution qui s’offre aux villes est celle de la restriction de certains segments du réseau routier urbain, afin de favoriser l’implantation d’espaces verts.

En France, des villes se distinguent particulièrement pour la végétalisation dont elles font preuve. L’Observatoire des Villes vertes a dressé un classement des différentes villes, à la tête duquel apparaissent Angers, Nantes, Metz ou encore Strasbourg. Parmi les mesures mises en place par ces villes pour renforcer la végétalisation, Angers a par exemple augmenté la superficie de ses espaces verts, qui atteignent désormais 14% de la surface de la ville. Quant à la ville de Nantes, elle a la particularité d’offrir environ 37 m2 d’espaces verts par habitant. La ville mise également sur la végétalisation participative et les initiatives développées par ses habitants, avec une centaine de projets portés par les citoyens.

Les espaces verts sont ainsi un facteur de lutte contre le réchauffement climatique mais représentent également un facteur d’amélioration de la santé publique. De plus, la végétalisation des villes peut aussi être synonyme d’externalités sociales intéressantes : les espaces verts sont des lieux propices aux rencontres, aux activités associatives et sportives, voire au développement de pratiques écologiques. La présence de verdure dans l’environnement urbain peut ainsi avoir un impact positif sur le bien-être en renforçant les liens entre les habitants d’un même quartier, et participe aussi à une baisse du taux de criminalité et au renforcement du sentiment de sécurité en ville.

 

 

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