La sobriété désirable : la clé pour un tourisme durable ?
Les beaux jours approchent. Et avec eux, l’envie d’évasion et de vacances. Et nous ne sommes pas les seuls, puisqu’en 2014 1,1 milliards de personnes dans le monde ont voyagé à l’étranger ! C’est dire si le secteur touristique est une part importante de notre économie. Pourtant, c’est un secteur qui a encore du mal à se tourner vers le développement durable, et le tourisme durable demeure encore un sous-secteur du tourisme, voire un tourisme de niche. Alors comment amener davantage de voyageurs à passer le cap et à se tourner vers le tourisme durable ? Comment passer d’un tourisme de niche à un tourisme pour le plus grand nombre ?
Les paradoxes du tourisme durable aujourd’hui
Aujourd’hui, quand on pense tourisme durable on pense éco-lodges, rencontres avec des populations tribales, nourriture locale… En un mot, une sorte de « Rendez-vous en terre inconnue » mais avec quand même notre confort habituel. Mais aller faire un trek au Népal et être hébergé chez des autochtones est-il si durable que ça ? Niveau empreinte carbone, on a évidemment vu mieux.
D’autre part, on peut se demander ce qui définit l’authenticité des rapports avec les populations locales. Ne risque-t-on pas de voir, comme c’est souvent le cas, des populations qui viennent revêtir des habits traditionnels juste pour la photo souvenir et qui reviennent ensuite à un mode de vie plus ou moins occidentalisé ? On peut aussi, par exemple, assister à des modifications très importantes dans l’économie locale, comme au Sénégal où les pêcheurs traditionnels se sont peu à peu transformés en transporteurs de touristes, activité bien plus rentable et beaucoup moins aléatoire.
Vers un tourisme de proximité et de sobriété
De nombreuses études montrent que, malgré tout, notre envie de changer notre manière de voyager est bien réelle. L’innovation a alors un rôle à jouer en termes d’acceptation et de changement des mentalités. Si le touriste semble vouloir franchir le pas, il faut maintenant que le tourisme lui tende la main en lui proposant des produits et services durables attractifs. Le tourisme est une expérience liée au plaisir, elle doit donc être réfléchie du point de vue des usagers afin de les satisfaire et de répondre au mieux à leurs attentes.
Et si le tourisme durable pouvait aussi se vivre à quelques pas de chez soi ? Car il n’est pas toujours besoin d’aller à l’autre bout du monde pour retrouver de l’authenticité et des paysages magnifiques. En ce sens, les vélos routes et voies vertes constituent de réelles opportunités : elles favorisent le tourisme domestique, promeuvent l’utilisation de modes de transports non polluants et diffusent le tourisme sur l’ensemble du territoire. Une manière de voyager sobre et responsable à la (re)découverte de notre patrimoine naturel et culturel.
Rendre la sobriété désirable : le rôle du designer
Cette sobriété que l’on cherche à promouvoir n’est pas toujours très vendeuse, car elle rime souvent dans nos esprits avec baisse du confort. Le designer a alors un rôle à jouer pour rendre cette sobriété désirable.
Lucie Hervé, étudiante en deuxième année de cycle master Ville durable à l’École de design Nantes Atlantique s’est intéressée à cette question pour son Projet de Fin d’Études. Lucie s’est saisie de l’opportunité constituée par les vélos routes et voies vertes, et surtout par le parcours « Loire à vélo », pour proposer « Refuges de Loire ». Ce réseau d’éco-refuges sommaires permettrait de faciliter l’itinérance en créant une expérience atypique pour les cyclistes. Mais ces refuges ont également un rôle pédagogique : véritables observatoires visuels et sonores sur le fleuve, ils permettent de mieux connaître la Loire et son écosystème particulier à des fins de sensibilisation des usagers. Pour Lucie, « le volume aérien perché sur ses pilotis permet une minimisation de l’impact au sol. La forme aux angles travaillés offre de nouveaux points de vue inhabituels sur le fleuve et son environnement ». Ce projet a donc de multiples objectifs : faire de la Loire à vélo une référence du tourisme durable, renouer avec le fleuve pour comprendre les enjeux et sensibiliser à sa protection, faciliter l’itinérance ou encore permettre de communiquer à propos de l’itinéraire.
Prêts à faire le voyage ?
Par Zélia Darnault, enseignante