La pluie en vacances: un nouvel atout touristique ?
Tourisme estival et pluie. Crachin intermittent et vacances réussies. A priori, ces notions sont antithétiques et la Bretagne en paie souvent le prix fort. Pourtant la région bretonne occupe 42 % du littoral français, a accueilli 12,8 millions de touristes et a généré plus de 6 milliards d’euros en 2019. Son potentiel touristique est immense. Les professionnels du tourisme ont une mission essentielle : déshumidifier l’image touristique de la Bretagne afin d’attirer des primovisiteurs. Comment sensibiliser les vacanciers au slow tourisme ? Comment changer les mentalités et faire d’une météo pluvieuse une chance ? Comment désamorcer le frein météo-sensible ?
Le tourisme breton, un potentiel océanique
Contre la météo humide, assurer le droit au soleil
Hortense Langlo est étudiante au sein du Master 1 du City Design Lab de L’École de Design Nantes Atlantique. Pour son projet de fin d’année, elle a choisi le « tourisme de la pluie » comme sujet à approfondir. Elle nous livre ici ses premières investigations.
« J’ai toujours eu une certaine fascination pour la pluie, et il est intéressant d’observer le comportement humain face aux phénomènes météorologiques. Comme si l’Homme pouvait contrôler le temps ! En effectuant mes premières recherches, j’ai compris le potentiel du tourisme en Bretagne et ses retombées économiques considérables. Malheureusement la météo peut parfois être capricieuse et depuis quelques années, on voit émerger certaines assurances “garantie soleil”. Elles permettent de rembourser une partie des touristes si la météo n’est pas clémente lors de leur séjour. Selon moi, ce genre de pratique soulève de nombreux enjeux :
- sociétaux ;
- humains : c’est l’illustration du refus des individus à accepter les choses telles qu’elles sont. »
Mieux accepter la pluie et le beau temps
Hortense place la notion de résilience, d’acceptation et de souplesse d’esprit au centre de sa démarche de jeune designer.
« Je souhaite travailler sur l’acceptation des changements météorologiques par la population touristique durant la saison estivale. Cela concerne notamment les différentes activités prévues par les vacanciers. Dans une démarche d’étude et de réflexion, je créerai des solutions afin de redynamiser le tourisme en Bretagne, même en basse saison , c’est-à-dire en automne-hiver. »
Elle imagine la manière dont les collectivités, offices de tourisme et médias pourraient sensibiliser aux activités et loisirs adaptés aux jours de pluie. Comment certaines activités et campagnes ciblées pourraient-elles améliorer l’image de la Bretagne, tout en jouant sur son attractivité ?
L’idée est de donner envie, faire bouger les lignes, ouvrir les horizons touristiques, sensibiliser et inspirer !
La Bretagne, terre de slow tourisme
Qu’est-ce que le slow tourisme ? Il invite à voyager en prenant son temps. Le vacancier sort des sentiers battus et part à la découverte des richesses patrimoniales d’un lieu avec respect et curiosité pour ce territoire. Il privilégie les rencontres et savoure les saveurs locales.
L’enjeu de ce tourisme durable est fort, car l’industrie du tourisme est l’une des plus polluantes au monde. Avec le slow tourisme, on visite local et on consomme mieux, plus près, et plus vert. Un nombre croissant de personnes choisit ce mode de tourisme par conviction ou par besoin de ralentir. C’est un voyage qui place l’humain et la nature au cœur de l’aventure.
De plus, la pandémie a contribué à éveiller les consciences en révélant l’incroyable richesse abritée par nos régions françaises. Le tourisme de proximité est à la mode et vertueux : chaque année il séduit de plus en plus de voyageurs.
Le tourisme de la pluie : méthode et perspectives
Une méthodologie en 4 étapes
« Ayant effectué plusieurs saisons dans le domaine du tourisme et connaissant des professionnels du secteur, je souhaite m’approcher au plus près de ce milieu. Je compte procéder en 4 étapes :
- Interviewer certains acteurs locaux : professionnels du tourisme et touristes ;
- consulter un sociologue pour saisir les mécanismes cognitifs de l’humain face aux conditions météorologiques ;
- contacter certains grands organismes du tourisme en Bretagne : CCT Bretagne ou encore Tourisme Bretagne ;
- m’ouvrir à l’interculturel en comprenant la perception de l’impact et des enjeux de la pluie à l’étranger. »
Un questionnement triple
Aujourd’hui, Hortense interroge trois sujets :
- Comment connecter deux notions dites incompatibles, à savoir le tourisme estival et la pluie ?
- Comment permettre la création d’un nouveau mode de tourisme hors saison ?
- Comment faire de l’imprévisibilité météorologique un atout pour le tourisme ?
À L’École de Design Nantes Atlantique, nous avons hâte de connaître la suite de ses investigations ! Comme le disait déjà Sénèque, stoïcien romain du premier siècle : « La vie, ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie…» Et vous ? Répondez au défi que pose Hortense en imaginant des activités inédites à faire sous la pluie !