La neige, un allié pour repenser l’urbanisme et rééquilibrer l’espace public
Utiliser la neige pour repenser l’aménagement de l’espace public, c’est une technique amusante appelée Sneckdown – améneigement en français – qui n’est pas sans rappeler le principe de la ligne de désir.
On considère aujourd’hui qu’entre 50% et 70% de l’espace public dans les villes françaises est réservé aux automobiles. À la fois pour la voirie et les places de stationnement ou les parkings. Dans le cadre de leur transition écologique, de plus en plus de municipalités envisagent donc de repenser l’organisation de cet espace public pour favoriser les mobilités douces : mise en place de de zones de rencontres; de ZFE (zones à faibles émissions), de pistes cyclables et d’offres de transports en commun.
Un rééquilibrage de l’espace public qui passe notamment par la suppression des places de parking. Oslo a supprimé près de 700 places de parking ces dernières années, par exemple, ainsi que Pontevedra ou, plus récemment, Madrid. En France, la ville de Paris a fait l’annonce dernièrement qu’elle envisageait de réduire de moitié ses places de stationnement en voirie d’ici 6 ans.
Mais pour aller plus loin et visualiser comment mieux rééquilibrer l’espace public entre voitures, vélos et zones piétonnes, il existe un outil, éphémère et ludique, mais aussi très efficace : l’améneigement.
Quand la neige révèle l’espace réellement utilisé par les voitures
Le sneckdown, contraction de snowy (neige) et de neckdown (avancée de trottoir) est un terme dont la parentalité est donnée au vidéaste New-Yorkais Clarence ECKERSON qui l’utilise dans l’une de ses vidéos relatant les bénéfices de la neige pour les villes. Le terme est ensuite repris par le journaliste Aaron NAPARSTECK, le fondateur de Streetsblog, un site américain spécialisé sur l’urbanisme, ce qui lui apporte un peu de visibilité et lui permet d’être repris, notamment sur les réseaux sociaux où le hashtag #Sneckdown fait fureur chaque hiver.
En pratique, lorsqu’il neige, les automobilistes sont plus prudents et vont donc suivre des trajectoires similaires et rouler dans leurs traces. Ainsi, là où la neige est amassée ou encore intacte, on peut considérer qu’il s’agit de zones inutiles au trafic automobile. Elles peuvent donc être converties en pistes cyclables, ou servir à l’agrandissement des trottoirs, la mise en place de bandes végétalisées, etc.
Cette visualisation de l’espace réellement utilisé par la voiture n’est pas sans rappeler, d’ailleurs, le principe de la ligne de désir, ces passages plus pragmatiques que nous créons sur des zones enherbées. Une autre manière de penser l’espace public en fonction des utilisateurs. La technique peut aussi être reprise de différentes manières, par exemple à l’aide de peinture ou de farine afin de travailler des aménagements urbains. En automne, lorsque les feuilles tombent et qu’elles ne sont pas ramassées, un phénomène similaire peut se produire également.