La modélisation 3D pour exporter la ville durable
Spécialiste de la modélisation urbaine en 3D, l’entreprise rennaise Siradel, qui possède une antenne à Toronto et une autre à Hong Kong, propose son savoir-faire au monde civil pour favoriser l’émergence de villes plus durables.
Fondée en 1994, la société d’ingénierie Siradel était spécialisée à l’origine dans la planification d’infrastructures de télécommunications. À l’époque, il s’agissait de fournir aux opérateurs de téléphonie les informations dont ils avaient besoin pour couvrir le territoire avec leurs émetteurs de façon optimale. D’où son nom : « Si comme simulation, ra comme radar et del comme diffraction électromagnétique », raconte Christophe Papin, business développer chez Siradel.
Depuis, l’entreprise a diversifié son activité, modélisant en 3D plusieurs milliers de villes à travers le monde. Pour y parvenir techniquement, Siradel a mis au point une procédure bien spécifique : « Nous achetons des images satellites et faisons voler des avions, raconte Christophe Papin. Cela nous permet d’obtenir des images stéréoscopiques haute résolution qui sont utilisées pour produire – par photogrammétrie – des vecteurs caractéristiques du contour des objets que l’on veut restituer en 3D : bâtiments, toits, routes, sols… Nous modélisons à partir de ces vecteurs le modèle 3D du terrain, des bâtiments et de la végétation ».
Un véhicule pour scanner les villes
Membre du réseau Vivapolis, dont la mission première est d’exporter la « ville durable à la française », Siradel a par exemple réalisé dans ce cadre une modélisation en 3D de la ville de Santiago du Chili. « Il y a une vraie convergence entre notre métier historique d’ingénierie radio (design et optimisation des réseaux radio) et la planification des infrastructure urbaines, ajoute Christophe Papin. La 3D sert de socle commun à tous les acteurs de la ville, qui peuvent y avoir accès au travers d’une plateforme Siradel appelée « Smart City Explorer TM ». Ainsi, il est possible de simuler la performance ou l’impact de telle ou telle infrastructure modélisée dans la 3D (antennes, lampadaires, réseau d’eau, etc.) pour faciliter la prise de décisions ».
Pour être à la hauteur du défi a priori titanesque que constitue la modélisation de milliers de villes, Siradel a développé le Sirider. À l’instar d’une Google Car, ce véhicule est équipé d’un système de cartographie mobile intégrant une caméra panoramique à 360 degrés, une caméra thermique, des lasers, une centrale inertielle, un GPS et beaucoup d’informatique embarquée. « Le Sirider nous permet de scanner très rapidement une ville et de proposer différents produits et services : équivalent Street View (ballades dans les panoramiques), détection automatique du mobilier urbain, des arbres et d’informations caractérisant les façades de bâtiments, mais aussi de la mesure des déperditions énergétiques en façade. »
2025, horizon de la ville intelligente
En 2015, 250 clients répartis dans 60 pays différents font déjà appel à l’expertise de Siradel. Mais la PME bretonne ne compte pas s’arrêter là, ambitionnant notamment de développer son activité en Afrique. « Le continent africain présente un réel potentiel pour nous. Nous avons principalement des références dans le monde des télécoms. Nous travaillons avec des opérateurs télécoms locaux et leurs fournissons des bases de données 3D ainsi que des outils de calcul de couverture radio (3G, 4G, DVB-T et Internet des objets) pour les aider à déployer leurs réseaux. Il y a aussi de belles perspectives dans le domaine de la planification des infrastructures urbaines pour une ville plus durable ».
Cette « ville durable », qui pourrait voir le jour vers 2025 grâce aux outils développés par Siradel, est une ville que Christophe Papin imagine « plus technologique, avec une optimisation des processus au quotidien, des bâtiments à énergie positive, des transports multimodaux, la collecte optimisée et la valorisation des déchets, un éclairage public intelligent, des smart grids et des énergies renouvelables. Mais la ville durable, ce sont aussi des comportements plus responsables, plus précautionneux des ressources, et un changement de gouvernance permettant au citoyen d’être au cœur des réflexions. ».