La Chine, une terre de contraste

11 Juil 2014

La Chine fascine, par sa puissance, par la richesse de sa culture et de son histoire. Architecturalement, certaines de ses expressions contemporaines peuvent être critiquées, où comme en occident la course au développement et à la croissance a construit des villes où la mégalopole a englouti l’échelle de l’humain. Pour les premiers pas du projet en Chine, nous décidons de rejoindre le Yunnan, au sud-est du pays.

à Duoyishu, au cœur d’un territoire agricole encore bien préservé. Source : Architecture by Road

A Duoyishu, au cœur d’un territoire agricole encore bien préservé. Source : Architecture by Road

Nous avions une image de la Chine à détruire ou bien à pondérer. Pour comprendre le pays que nous traverserons pendant plus d’un mois nous commençons par le Yunnan, la province du printemps éternel, et très éloignée des ciels gris de pollution et des images des villes où l’hyperdensité règne. C’est une Chine rurale que nous arpentons en premier, baignée dans une saison déjà chaude. Une des premières étapes est à Duoyishu, au cœur d’un territoire agricole encore bien préservé. Nous y découvrons, accrochées aux flancs des montagnes, les terrasses inondées d’eau pour y accueillir la culture du riz. Un cliché de carte postale auquel de petits villages se rattachent. Ils ne s’étalent pas beaucoup, les maisons se concentrent pour laisser la majeure partie des terrains disponible aux rizières. Les maisons en terre se juxtaposent les unes aux autres, elles ont un ou deux étages ; les rizières, elles, dessinent et suivent avec l’eau, les courbes de niveau du relief. Les cultures et les villages épousent le territoire, dans un décor qui semble célébrer leur union. Ici encore nous trouvons la démonstration d’une harmonie possible entre l’homme, son architecture et le territoire où ils s’installent.

Nous continuons notre route, nous souhaitons rejoindre Shangrila pour quelques jours. Elle est la dernière ville avant les hauts plateaux du Tibet. Un long trajet, qui nous laisse le temps de faire une étape à Kunming, mais déjà là bas, nous commençons à toucher un autre cœur de la Chine : celui qui bat au rythme d’une construction effrénée, qui dessine un paysage urbain vertical où les grues règnent. Le contraste est saisissant. La veille de notre arrivée en ville, nous nous couchions dans un bus de nuit aux milieux des rizières, allongés sur de petits matelas, au matin, en nous réveillant, nous découvrons une gare aux centaines de bus, cernée par une dizaine de tours en construction. L’asphalte et le béton gris se donnent en spectacle, ils semblent hurler de forces et de puissances. Le centre de la ville, lui par contre, révèle une toute autre ambiance : un lac bordé et traversé par de larges promenades plantées. C’est un grand parc à la chinoise, où trônent quelques pagodes ; Nous y sommes aux alentours de midi, et pour une heure ou deux, au milieu des arbres, les habitants se mettent à danser, entrainés par le son des enceintes apportées par certains. Des groupes se forment selon leurs musiques, ils suivent chacun leurs chorégraphies, le spectacle est heureux, les générations se mêlent, la chaleur du moment nous fait oublier les images grises du matin.

Kunming au rythme d’une construction effrénée, qui dessine un paysage urbain vertical où les grues règnent. Source : Architecture by Road

Kunming au rythme d’une construction effrénée, qui dessine un paysage urbain vertical où les grues règnent. Source : Architecture by Road

Shangrila est une ville perchée à plus de 3200 mètres d’altitude, le climat n’a plus rien à voir avec celui rencontré lors de nos premiers mois de voyage. Nous sortons les vestes pour arpenter la ville et ce nouveau territoire. Nous empruntons la rue principale, peu de temps après être arrivés, nous découvrons une architecture construite en bois à l’intérieur de murs épais en terre. Quelques mètres plus loin, le décor change radicalement, la ville est réduite à l’état de gravats, quelques ouvriers agitent la pelle d’un bulldozer. Le centre ville a brûlé lors d’un incendie, il y a un an, personne ne nous avait prévenu. Shangrila, semble avoir définitivement perdu son cœur historique.

Shangrila, une ville perchée à plus de 3200 mètres d’altitude. Source : Architecture by Road

Shangrila, une ville perchée à plus de 3200 mètres d’altitude. Source : Architecture by Road

Curieux, nous continuons notre chemin, jusqu’à un autre quartier de la ville, où nous poussons la porte d’un centre culturel et d’enseignements. Nous y rencontrons Zheng, une chinoise de 25 ans, volontaire au centre. Heureuse de nous aider dans notre recherche, elle nous emmène le lendemain à l’extérieur de la ville, dans un village de locaux, de tibétains. Le paysage y est inattendu, l’architecture des maisons aussi. Elles semblent immenses, elles ont leurs dimensions généreuses pour accueillir toute la famille du propriétaire. Un épais mur en terre, enlace et protège le cœur de la maison construit en bois. Au centre, les planchers reposent sur quatre troncs, ou plus, ils sont mis en avant dans la maison. Plus leur diamètre est grand, plus la maison est prospère. Sur le chemin, où nous sommes à pied, un chantier, il faut entre 3 et 4 ans avant de finir la construction de sa maison. Ce sont les matériaux utilisés qui demandent du temps, soit dans leurs traitements, soit dans leur acquisition, le bois devient rare dans la région. En rencontrant les habitants, nous découvrons toute la symbolique qui existe autour de la maison. Les visiter nous fait nous rendre compte qu’ici aussi en utilisant les matériaux que l’homme a à portée de main, il a su trouver des réponses architecturales face aux caprices de son environnement.

Quelques jours plus tard, nous partons pour Shanghai, et ses 23 millions d’habitants, une autre ambiance, une Chine complètement différente de celle que nous trouvions ici aux portes du Tibet.

Architecture by Road
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