Keenat, créateur d’espaces « zéro mégot » et « free gum » en ville
Et si l’on donnait aux déchets qui polluent nos trottoirs une seconde vie ? C’est la mission de Keenat, une entreprise de l’économie sociale et solidaire bordelaise, spécialisée dans la sensibilisation, la collecte et la revalorisation de déchets insolites : les mégots de cigarettes et les chewing-gums. Un défi de taille puisque 40 milliards de mégots sont jetés en France par an. Les chewing-gums représentent quant à eux 350 000 tonnes de déchets dans les rues chaque année. Des habitudes qui portent atteinte à l’environnement et au cadre de vie dans nos villes.
3 questions à Timothy Montels, chargé de communication chez Keenat, pour en savoir plus sur ce projet engagé.
En quelques mots, pouvez-vous nous décrire le projet ?
« Le projet est né en 2016 en s’inspirant de l’exemplarité de l’Autriche et de la propreté de ses rues. A l’origine, il se concentrait surtout sur la gestion des mégots de cigarettes. Nous avons ensuite diversifié nos activités. En plus du projet ÉcoMégot, nous avons lancé « Free Gum » pour la revalorisation des chewing-gums.
Depuis la pandémie et la massification de l’usage des masques, nous avons également développé une solution de récupération et de recyclage de ces derniers nommée R’Masque.
L’idée est de développer pour chacun de ces déchets une filière de recyclage appropriée. En 2019, l’entreprise a reçu l’agrément ESUS : Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale. Nous travaillons étroitement avec des structures de l’insertion par l’activité économique, qui emploient des personnes en difficulté socioprofessionnelle, pour la collecte de certains déchets par exemple. »
Quelles solutions proposez-vous pour la gestion de ces déchets ?
« La sensibilisation reste le pilier numéro 1 de notre activité, pour les mégots comme pour les chewing-gums. Les gens sont rarement conscients de l’impact environnemental, voire sanitaire des déchets qu’ils laissent derrière eux. Nous les aidons à adopter de meilleures habitudes, sans les culpabiliser pour autant. Nous ne sommes pas là par exemple pour encourager les gens à arrêter de fumer mais plutôt à adopter les bonnes pratiques, à devenir des fumeurs responsables. Une fois que le travail de sensibilisation est terminé, nous installons des bornes de récupération des chewing gums, des cendriers urbains, etc. Certaines bornes jouent sur l’aspect ludique : il est possible de répondre à une question par exemple en déposant son mégot. On vient ensuite collecter les déchets. La récupération se fait à vélo quand c’est possible, afin de limiter notre empreinte environnementale. Les déchets sont ensuite ramenés à notre atelier pour être recyclés. Jusqu’à l’année dernière, nous valorisions les mégots en énergie. Aujourd’hui grâce à notre brevet déposé en juin 2020, nous les recyclons également en outils de sensibilisation sous forme de panneaux plaques de sensibilisation pour nos ateliers. Pour nous, le recyclage des mégots est un levier important pour continuer de sensibiliser et pour impulser des changements de comportement auprès des citoyens ! »
Travaillez-vous directement pour les villes ?
« Bien sûr, les collectivités nous soutiennent, au même titre que les entreprises, les hôpitaux ou les écoles. Cette impulsion favorable vient aussi des citoyens. Nos solutions sont installées dans plusieurs villes comme Bordeaux, Monaco, Bastia, Lyon, Lacanaux, Pau, etc. Nous nous positionnons comme un allié des villes. Même au sein des entreprises on ressent cet engouement pour des pratiques plus vertueuses. Cela contribue à l’amélioration de leur qualité de vie au travail, c’est aussi un objectif fédérateur qui rassemble les collaborateurs derrière une cause commune. Les impacts sont multiples et l’engouement des différentes parties prenantes un signal très positif pour la suite. »