Itinérance autour de la ville frugale, vers une ville vraiment durable
Quelle approche adopter pour que la ville durable réponde vraiment aux enjeux environnementaux ? Quels comportements responsables permettraient sa réalisation ? Comment donner envie aux habitants de les adopter ? Etudiant en école de commerce, spécialisé en urbanisme, j’ai décidé d’entreprendre une itinérance d’un an pour tenter de répondre à ces questions fondamentales pour la ville d’aujourd’hui et de demain.
La Ville durable – un concept souvent inabouti
Aujourd’hui, tous les acteurs de l’urbanisme et de l’immobilier parlent de ville durable. Que recouvre réellement ce concept polymorphe et parfois bien flou ? Le plus souvent il passe par la mise en place d’énergies dites renouvelables sur l’usage sans en vérifier la véritable efficience sur l’ensemble du cycle de vie (de la création au recyclage total en passant par l’usage). Remplacer l’énergie fossile par de l’énergie « verte » à base de panneaux photovoltaïques, construire des éco-quartiers entièrement neufs est déjà une grande avancée, mais cela est-il suffisant pour répondre à l’enjeu écologique ? En effet, ces deux initiatives oublient de considérer les consommations – parfois très importantes – nécessaires à leur réalisation et à leur recyclage. Ainsi, sur l’ensemble du cycle, nos villes ont besoin de franchir une nouvelle étape dans leur conception et leur évolution pour être incontestablement durables.
A la recherche de la frugalité
Nous consommons aujourd’hui davantage de ressources que la Terre n’en produit chaque année, réfléchir la ville durable en termes de frugalité afin de consommer moins sans altérer la qualité de vie, voire en l’améliorant à l’usage, prend alors tout son sens. Quartiers piétons, bâtiments passifs, mobilités douces émergent en Europe et en Amérique du Nord mais sont encore ultra minoritaires dans leur application, comment généraliser cette approche ?
La place de l’économie dans l’incitation à la frugalité est essentielle. Au cours des derniers siècles, hormis quelques crises parfois violentes, les pays occidentaux n’ont pas connu de fortes contraintes économiques. Au contraire, les pays dits « en développement », ont toujours dû gérer leur croissance en prenant en compte des contraintes variées (accès restreint aux ressources naturelles, manque d’infrastructure de base, pauvreté de masse). Sans confondre frugalité et austérité subie, cette étude cherche à révéler et mettre en lumière d’éventuelles bonnes pratiques, des modes d’organisation locaux ou communautaires pertinents développés dans ces pays pour répondre aux contraintes éprouvées.
Première étape : l’Asie du Sud Est entre Bangkok et Hanoï
Ancien participant des Ateliers Ouest-Africains d’Urbanisme de Porto-Novo, je suis convaincu que les meilleures innovations émergent du dialogue entre personnes de cultures radicalement différentes. C’est pourquoi l’itinérance s’articulera autour d’une traversée de deux continents : l’Asie et l’Afrique, par voie de terre essentiellement. Au cours de cette traversée d’un an, je compte m’arrêter dans quatre à cinq aires urbaines, intégrant une grande ville mais aussi des plus petites ainsi qu’un arrière-pays (hinterland). Durant plusieurs semaines de sédentarité, par la rencontre des différents acteurs (publics, privés, associatifs et institutionnels), il s’agira d’appréhender ces villes, sur le terrain, de repérer les quartiers, les parcelles où se développent des « modes de ville » particulièrement intéressants, d’étudier et d’évaluer leur réplicabilité ailleurs dans le monde.