Après les Grands voisins, un écoquartier pour l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris !

28 Août 2018

Site foncier rare en plein cœur de Paris, qui sera transformé en 2025, le site de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul a accueilli pendant plusieurs années le site des Grands Voisins. Cependant, l’expérience temporaire va prendre fin pour laisser place au développement d’un futur écoquartier. 

Le devenir du quartier Saint-Vincent-de-Paul

Le devenir du quartier Saint-Vincent-de-Paul ©Anyoji Beltrando

Quelle suite alors pour les Grands voisins ? Et quel avenir pour ce site ? Les porteurs de projet de l’écoquartier devront faire face à de nombreux défis. Celui de succéder à une expérience inédite, qui a su créer une véritable identité, tout en proposant un quartier durable répondant aux objectifs ambitieux de la capitale.

Dépasser le lieu pour l’émergence d’un nouveau quartier de vie

Le 14e arrondissement de Paris a été historiquement marqué par l’accueil d’un grand nombre d’établissements médico-sociaux. Né en 1800, l’hôpital de Saint-Vincent-de-Paul, connu pour être un hospice pour les enfants abandonnés et vulnérables, fait partie de cette histoire de Paris. Aujourd’hui, ce dernier est définitivement fermé pour laisser place à un projet ambitieux qui se veut exemplaire et démonstrateur des différentes ambitions de la capitale pour son développement urbain à venir.

L’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul

L’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, un site fermé sur lui-même ©Dossier de Presse, Faire Paris autrement, Conférence 15 juin 2O18

Mais que faire d’un ancien hôpital ? C’est le premier défi qu’ont eu à relever les différents acteurs de ce projet. Ensemble fermé sur lui même, enclave dans la ville, il s’agit aussi d’une friche d’une ampleur inédite, un terrain de 3,4 hectares, en plein cœur de la capitale. Le temps de la conception du projet, la Ville de Paris a alors misé sur l’urbanisme temporaire : c’est ainsi qu’est né Les Grands Voisins, une expérimentation qui, lancée depuis octobre 2015, mélange urbanisme éphémère et animation. Le projet porté par l’association Aurore, Plateau Urbain et Yes we Camp, est ainsi devenu une véritable parenthèse utopique.

À l’origine, il s’agissait de valoriser cette imposante friche avant les travaux. D’ailleurs, la mairie du 14e arrondissement avait dans cette optique, l’ambition d’impulser avec cette occupation temporaire un quartier nouveau, de donner vie au lieu avant même le chantier, en créant une émulsion, des événements, des activités, qui attirent les parisiens. On peut le dire, cela a été un véritable succès, Les Grands Voisins étant devenu un cœur névralgique pour tout un ensemble d’acteurs solidaires. Le lieu s’est ainsi ouvert sur Paris et a su s’inventer sa propre urbanité, modulaire, inventive, solidaire, faisant oublier l’ancien hôpital et transformant l’image du quartier et même les espaces par différentes actions et installations temporaires.

Barbecue aux Grands Voisins, une des nombreuses activités proposées par le site en constant renouveau.

Barbecue aux Grands Voisins, une des nombreuses activités proposées par le site en constant renouveau. ©yeswecamp.org

Un futur quartier qui s’appuie la richesse du lieu

L’originalité du projet à venir est aussi qu’il conserve une grande partie de l’existant. 60% des bâtiments seront conservés dans une logique patrimoniale, afin de préserver l’histoire de l’ancien hôpital et certaines ses bâtisses. Ainsi, chaque époque architecturale qui ont pu marquer le site de leur empreinte, sera représentée pour garder l’identité de ce lieu si particulier !

En bleu ciel, les bâtiments conservés qui seront réhabilités.

En bleu ciel, les bâtiments conservés qui seront réhabilités. ©Dossier de Presse, Faire Paris autrement, Conférence 15 juin 2O18

Dans le futur quartier, il ne s’agira pas de créer une architecture particulière, ni de faire des bâtiments signaux, mais bien de rester fidèle à l’identité du lieu. “Saint-Vincent de Paul reflétera l’ordre de priorité que nous tentons d’appliquer partout dans Paris : la conservation en premier lieu, le réemploi ensuite, et les matériaux biosourcés pour toute nouvelle construction, affirme Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris, chargé de l’urbanisme, de l’architecture, des projets du Grand Paris.” On peut y voir aussi pour l’écoquartier, un site pilote pour une approche différente de la construction avec une optique de conservation et d’économie circulaire, dans une approche plus écologique et durable.

Cependant, le projet de Saint-Vincent-de-Paul ne sera pas qu’un projet de conservation du patrimoine et proposera aussi une architecture contemporaine pour les bâtiments nouveaux, tout en veillant à respecter le patrimoine existant et en intégrant une logique environnementale, en utilisant des matériaux biosourcés ou en harmonie avec l’identité du site, comme la brique.

Afin de préserver l’ambiance du site, les grandes voies de circulations internes seront elles aussi conservées et mises en valeur pour créer de grandes percées végétalisées. La trame orthogonale agrémentée de quelques arbres, autrefois destinée aux patients ou au personnel de l’hôpital, sera demain les veines vertes du quartier et permettront de relier celui-ci au reste de la ville. Cela permettra aussi de conserver l’ensemble des arbres déjà présents sur le site.

Autre aspect historique du lieu qui sera préservé et viendra enrichir le projet, ce sont les anciens laboratoires de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, qui faute de places à l’époque, ont été aménagés en sous-sol avec des ouvertures permettant de les éclairer naturellement directement grâce à des cours anglaises. Ces espaces hébergeront des activités diverses, culturelles, artisanales, associatives ou créatives, pour des lieux attractifs et conviviaux à destination des habitants du quartier. Cette particularité sera aussi intégrée dans les nouveaux bâtiments afin de créer une homogénéité sur le quartier et une diversité fonctionnelle encore plus intégrée au projet !

Des cours anglaises qui enrichiront le projet avec des espaces dédiés à l’accueil d’activités

Des cours anglaises qui enrichiront le projet avec des espaces dédiés à l’accueil d’activités ©Anyoji Beltrando

Changer la ville pour changer les modes de vie

Plus que de préserver l’âme du site et une certaine vigilance pour garder son histoire et préserver l’architecture de ce lieu historique, la mairie de Paris souhaite voir demain émerger un quartier tourné vers l’avenir, dans lequel les habitants adopteront de nouveaux modes de vie, plus écologiques et responsables. Ainsi, le quartier cherchera à atteindre différentes ambitions écologiques, notamment en réduisant de 50 % les consommations, développera les mobilités douces, proposera des espaces verts éco-gérés.

Mais surtout, l’urbanisme temporaire a permis d’impulser de nouveaux usages et une philosophie de vie sur le quartier. Car oui, Les Grands Voisins est un formidable espace d’expérimentation ! Autant pour son approche écologique que sociale. Le succès de cette expérience a bien évidemment été étudié pour intégrer certains enseignements dans la dynamique globale de l’écoquartier à venir et Paris Batignolles Aménagement, en charge de la réalisation du projet, a d’ailleurs pour ambition de s’appuyer sur les nouveaux usages impulsés par l’occupation des lieux pour faire émerger ce nouveau lieu de vie pour les parisiens. “Le projet des Grands Voisins a donné une nouvelle âme à Saint-Vincent-de-Paul. Nous voulons tirer ce fil rouge et conserver l’originalité du lieu, affirme Jean-Louis Missika.”

Demain, l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul deviendra un quartier mixte avec des commerces, des équipements culturels, mais aussi une école et une crèche.

Demain, l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul deviendra un quartier mixte avec des commerces, des équipements culturels, mais aussi une école et une crèche.

L’enjeu est de garder la philosophie des Grands Voisins, de ne pas perdre l’animation et l’attractivité du lieu, qui en faisait une des nouvelles polarités de Paris, par ses nombreux projets innovants et son nouveau mode de vie. Ainsi, même si le projet est majoritairement résidentiel, avec 600 logements qui prendront plus de 70% de la surface totale, il accueillera aussi un équipement culturel, des commerces, des bureaux, des lieux pour accueillir les enfants du quartier (école, crèche), ainsi qu’un gymnase.

La maire du 14e arrondissement de Paris, Carine Petit se réjouit que l’expérience des Grands Voisins ait ainsi enrichi le projet. Elle explique que fort de cette expérience, l’aménageur propose un quartier participatif, où chacun pourra expérimenter un nouveau mode de vie plus écologique et partagé, qui fera la part belle aux innovations spatiales et fonctionnelles, comme les espaces communs et modulables.

Une occupation transitoire qui a ouvert le site sur la ville et permis de créer une mixité sociale et d’acteurs

Une occupation transitoire qui a ouvert le site sur la ville et permis de créer une mixité sociale et d’acteurs ©Dossier de Presse, Faire Paris autrement, Conférence 15 juin 2O18

Mais comment préserver la richesse sociale du lieu ? C’est tout le défi de cet écoquartier. Ne pas devenir une enclave sociale et rester ouvert à tous, pour en faire un nouveau cœur de diversité en plein Paris. Les Grands Voisins avaient réussi le pari en mêlant hébergement d’urgence de réfugiés, location bas prix pour petits artisans, présence d’association d’horizon divers mais engagées, événementiel pour tout un ensemble d’acteurs et expérimentation écolo, faisant rencontrer des publics qui ne se seraient jamais croiser autrement, rendant possible de nouvelles synergies et instaurant une solidarité bienveillante en créant des projets en commun.

Quant à l’écoquartier à venir pour l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, il s’adresse à un autre public. On ne peut donc pas comparer ce qu’il deviendra avec l’expérience des Grands Voisins. D’ici 2023, il s’agira de faire naître un quartier résidentiel, avec 50% de logements sociaux pour accueillir au cœur de Paris des familles et des jeunes.

Le quartier souhaite néanmoins impulser une autre manière de faire Paris. Ainsi, il est demandé aux bailleurs et aux promoteurs d’y expérimenter de nouvelles formes d’habitat. Dans le prolongement des Grands Voisins, l’écoquartier intégrera un projet d’habitat participatif. Ainsi, un ensemble de logements a ainsi été confié à un groupe de 90 familles, éligibles au logement social, constituées en coopérative dans le but de créer un lieu de vie partagé. Les habitants expérimenteront un nouveau mode de vie intergénérationnel, coopératif et solidaire. Il s’agira d’avoir des habitants impliqués dans la vie du quartier et des ambassadeurs d’un mode de vie plus soucieux de l’environnement.

De l’urbanisme de projet vers la création de lieux ?

Alors que les travaux commencent pour le futur écoquartier, le lien entre l’urbanisme temporaire et le futur quartier ne prend pas encore fin. L’expérience des Grands Voisins entame sa dernière phase (2018-2020) avec un périmètre réduit dessiné avec la Ville de Paris, la mairie du 14e arrondissement et l’aménageur Paris Batignolles Aménagement. Il s’agit de faire une transition progressive entre ce projet temporaire, devenu emblématique, et le projet urbain à venir, car son succès a bien sûr durablement marqué l’esprit du lieu.

Pour continuer d’expémenter et inspirer l’écoquartier en devenir, les Grands Voisins vont dans cette dernière étape expérimenter de “nouveau modes de gestion et de co-création de « communs » (espaces partagés, activités ou services à dimension collective) qui participeront de l’appropriation par tous du quartier. Cette approche, résolument nouvelle pour un aménageur, l’entraîne hors de sa zone de confort. Elle maintient au cœur du processus un espace d’innovation sociale”, explique Jean-François Danon, directeur général de la SPLA Paris Batignolles Aménagement. Simon Laisney, directeur général Plateau Urbain, évoque aussi que cette phase du projet des Grands Voisins permettra aussi de tester un dispositif innovant de loyer progressif pour des ateliers-boutiques, qui doit permettre à de jeunes projets de se développer. “Ainsi, en fonction des résultats de cette expérience, le projet pourra intégrer un principe de socle actif à la gestion spécifiquement dédiée à des services et commerces au modèle économique émergent et à forte valeur ajoutée, poursuivant ainsi l’un des aspects cruciaux des Grands Voisins”.

On ne peut donc pas nier l’impact du projet temporaire sur l’écoquartier. Mais au delà des innovations, c’est réellement une autre façon de faire la ville qui se dessine, une approche collaborative, participative, qui intègre chaque acteur comme partie prenante du projet, y compris ceux qui font le quartier tous les jours, en se basant sur une approche itérative intégrant leurs besoins, leurs attentes, leurs usages, pour aller au delà du programme immobilier et créer un véritable lieu de vie !

La ville éphémère est donc l’occasion de déployer mille et un moyens expérimentaux, qui accompagnent les changements pour le quartier à venir et permettent de changer l’imaginaire du lieu, de raconter une histoire nouvelle pour faire déjà jaillir les étincelles de la ville à venir.

Ici, c’est celui d’un hôpital peu à peu désaffecté qui bascule par de nouveaux usages vers celui d’un quartier ouvert, vécu, habité et partagé, déclare Nicolas Détrie, directeur de Yes We Camp. Ces prototypes font passer les pratiques avant l’urbanisme, le faire avant le dire, la vie avant la ville.” Et c’est là la force de l’expérience de l’urbanisme temporaire ! Celle d’esquisser sans figer un futur pour les quartiers en transition. Nicolas Détrie explique aussi qu’en donnant de la place aux initiatives collectives, à l’éphémère, il s’agit de laisser se développer des transformations permanentes plutôt que des “produits finis” ou des “objectifs à terme” et cela pour créer des “lieux infinis”, en constant changement. Cela présage des villes qui seront demain plus proches des acteurs qui la vivent et de leurs usages, pour une urbanité toujours plus humaine.

LDV Studio Urbain
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Vos réactions

BENAIM-GEORGELIN
14 avril 2019

Ce projet sur le site de l’hôpital Saint Vincent de Paul est un atout majeur de notre bel arrondissement du 14ème.
Après cette initiative des « Grands Voisins » qui est une grande réussite, voilà le moment venu de construire,
re-construire ce lieu.
– Un projet d’habitat participatif,
– des initiatives collectives,
– un éco-quartier qui réponde aux normes environnementales,
tout est réuni pour faire de ce lieu un exemple pour Paris et toutes les grandes villes de France.

Hilary Price
30 avril 2020

En regardant une émission sur l’hôpital St Vincent de Paul, j’ai été surprise par le façon dont les lieux ont été récupérés pour loger des sans abris, pour faire des cabins de camping avec des palettes, des restaurants peu onereux, des chemins verdoyants plein de charme et sans voitures . Je trouve vraiment dommage de ne pas laisser comme tel au lieu de modifier quelque chose qui marche deja tres bien !!! (Cela fait penser a un lieu un peu pareil a Copenhague)

Chassés par la flambée des prix de notre Paris après 43 ans de travail à l’hôpital Cochin
je m’étiole dans cette ville où il y a pénurie médicale et en plus sommes loin de nos proches
Nous avons rendu notre appart loué par l’ap-hp du 10 avenue rené Coty paris 14°pour qu’une famille travaillant dans le secteur médical puisse en profiter ;
mais des déceptions immenses comme ne pas profiter de nos petits enfants…et notre suivi médical…

le 12 octobre 2022 au Mans
fbeucher et mon mari
gagnaire régis

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