Funfaircity, un observatoire prospectif pour impulser le fun en ville

27 Août 2021 | Lecture 6 min

Quelle est la place du loisir et du “fun” dans nos villes ? C’est tout l’objet d’étude au quotidien de Vincent PHILIPPE, fondateur de Funfaircity, un observatoire qui s’intéresse tout particulièrement aux espaces urbains dédiés aux loisirs ludiques et au divertissement dans nos villes.

Quotidiennement, il effectue une veille et des recherches sur ce sujet et accompagne même aujourd’hui, avec un regard prospectif acquis au fil des années, divers acteurs et actrices de la fabrique urbaine. Il nous livre un entretien dense qui révèle la richesse du rôle des loisirs dans l’attractivité de nos villes, la diversification des programmations et activités urbaines et la multiplication des lieux atypiques.

Pour commencer, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les débuts, les raisons, de votre appétence et votre intérêt pour le sujet ?

“L’univers des loisirs et des attractions me passionne depuis l’enfance. J’ai grandi dans les années 80, avec l’émergence de grands parcs d’attractions en France. Alors que ma vie professionnelle est centrée sur l’urbanisme et l’architecture, des sujets qui m’animent tout autant, je n’arrivais pas à concilier ma passion et mon métier.

Finalement, il y a 4 ans, lors d’un voyage à Orlando (référence mondiale de l’industrie des parcs de loisirs avec Disney World et Universal Resort) je me suis reconnecté à cet univers et pris conscience des nombreux liens qui unissaient les villes et les loisirs. Des liens, des points d’accroche qui se créent sur des thématiques comme le divertissement, la culture, l’art, le sport… Un constat que j’ai finalement vu émerger dans ma vie professionnelle, avec des aménageurs, des promoteurs et des territoires qui commençaient à associer des activités ludiques aux espaces et projets urbains.

C’est donc naturellement que j’ai souhaité rechercher, réfléchir, écrire et partager du contenu à ce sujet et créé l’observatoire Funfaircity pour partager les dynamiques que la rencontre entre ces deux univers peut faire émerger. Diffuser des exemples concrets où le loisir se matérialise et se concrétise de manière pertinente en ville, souvent à travers un lieu, est devenu le champ d’observation de Funfaircity. Cet outil m’a permis d’acquérir une réelle expertise sur le sujet et de développer par la suite un observatoire conseil de plus en plus actif, capable de guider des équipes projet pour favoriser l’intégration de ces dynamiques.

Aujourd’hui, l’observatoire intéresse autant les professionnels impliqués dans la fabrique urbaine que ceux qui développent des concepts de lieux de loisirs. Cette approche permet aux collectivités de se saisir de ces enjeux et de développer des espaces ludiques en ville. Quant aux opérateurs de loisirs, cela leur permet d’ouvrir leur imaginaire sur les opportunités qu’offrent les espaces urbains pour rendre possible des projets funs et novateurs.”

Thierry Paquot, philosophe de l’urbain, a mené des recherches et des études sur l’adaptation de l’espace urbain aux enfants. Le concept de ville récréative est né dans cette logique de développer des lieux facilement appropriables par les plus jeunes. Cette approche s’applique-t-elle également aux plus grands ? La création de ville ludique, est-ce finalement un moyen pour les usagers adultes de se réapproprier leur cadre de vie ?

“Effectivement, l’enjeu de la réappropriation d’un espace, d’un cadre de vie est tout à fait présent dans cette vision de la ville. La ville ludique permet, entre autres, de sortir du fameux triptyque métro-boulot-dodo et redonner du sens à la vie en ville. Je pense qu’il est légitime aujourd’hui que les citadines et citadins aspirent à passer du bon temps, se détendre et s’amuser au sein des lieux qu’ils fréquentent au quotidien. Ces approches, qui sont bien multi-publics, contribuent au développement de l’attractivité locale. Offrir du loisir en ville peut permettre d’éviter une part des déplacements en voiture ou avion sur de longues distances, grâce à une évasion accessible à proximité. Dans cette logique, redonner un aspect attrayant, ludique, plaisant à son cadre de vie participe à sa réappropriation.

L’hebdomadaire Le Moniteur a récemment publié un ouvrage intitulé “La ville pas chiante”. C’est un vrai sujet, d’autant plus pour les projets urbains, visant à créer de nouveaux quartiers et à  impulser la mutation de certains morceaux d’un territoire. Et cela passe notamment par l’évolution des loisirs traditionnels, l’adaptation des cinémas à l’appétence des personnes pour des plateformes comme Netflix. L’offre doit s’adapter pour tendre vers la création d’une offre de loisirs alternatifs. De manière plus globale, je pense que le fait de ne pas s’ennuyer en ville, de ne pas vivre ou travailler dans un lieu très standardisé, on aspire toutes et tous à cela.

Au sujet de la ville récréative, il est vrai qu’aujourd’hui l’aménagement de nos villes est davantage centré sur la sécurité des enfants que sur le rapport ludique, pédagogique qu’ils pourraient entretenir avec l’espace urbain, ou même sur la dimension d’expérience urbaine. Auparavant, et aujourd’hui encore dans certains territoires, il existait une surveillance informelle des enfants dans l’espace public qui leur permettait une appropriation plus spontanée de la ville. Ce qu’on appelait “les yeux de la rue”. Or, dans la société actuelle, l’aménagement urbain a plutôt tendance à sécuriser et clôturer les espaces dédiés aux enfants.

Pour autant, il est intéressant de voir comment les jeux d’enfants inspirent les professionnels qui réfléchissent à la ville ludique. Il existe des déclinaisons de ces jeux pour les plus grands. Je pense par exemple à des activités comme le mini-golf qui peuvent être associées à des univers très divers, du street art à l’animation musicale en passant par le bar à cocktails. Les jeux d’enfants représentent tout un univers d’inspirations pour la création de lieux de loisirs. L’enjeu est maintenant de réussir à créer une adhésion globale autour de la ville des loisirs, par des aménagements intergénérationnels et adaptés à toutes et tous.”

L’expérience urbaine. Un terme qui peut être associé autant à l’expérience usager, qu’à l’appropriation d’une personne de son quartier, ou encore à des expérimentations urbaines. Mais alors, l’expérience de la ville en tant que terrain de jeu, ça ressemble à quoi ? Le loisir permet-il de créer un nouveau rapport sensible à la ville ? Une expérience commune et inclusive ?

“Dans un premier temps, je souhaiterais revenir sur le caractère multi-formes des expériences de loisirs. À chaque époque, le loisir a su s’intégrer dans nos territoires et évoluer avec eux. Au Moyen-Âge, il était plutôt caractérisé par sa forme foraine et itinérante. Aujourd’hui, il se diversifie, il peut être public et privé, intérieur et extérieur, pérenne et temporaire, en centre-ville ou en périphérie… Le loisir s’intègre dans une multitude de formes urbaines. En revanche, le lieu de loisir ne réinvente pas encore la forme urbaine. Contrairement au parc d’attractions, qui, quant à lui, renouvelle complètement l’expérience urbaine, conditionne sa forme par une scénographie, une mise en scène, sa stratégie de mobilité…

L’Atelier des Capucins à Brest propose un espace libre pouvant être investi par diverses activités ludiques ©JR_Paris via Flickr

Quelques rares endroits arrivent tout de même de nos jours à proposer une expérience urbaine attractive générée par des activités de loisirs. Une belle illustration de cette idée peut être Les Ateliers des Capucins, à Brest. Une grande halle couverte et publique, accessible par un téléphérique, proposant des dynamiques marchandes, des équipements publics dont une médiathèque, des activités sportives dont une salle d’escalade et divertissantes dont un espace de loisirs exploitant la réalité virtuelle. Finalement, c’est presque un nouveau lieu qui se crée par la mise en scène du territoire et l’expérience urbaine que cela fait émerger. Le moyen de transport contribue à cet univers, en étant à lui seul une expérience en soi, devenu une activité touristique majeure des visiteurs de Brest.

Pour revenir sur la thématique de l’inclusivité, elle est naturellement liée aux loisirs. Certains loisirs peuvent être cependant assez exclusifs, avec une activité propre, sportive ou encore de contemplation, pas forcément accessibles à toutes et à tous. En revanche, de nombreux espaces dédiés aux loisirs essayent d’adapter le lieu, l’expérience, au plus grand nombre, notamment les personnes ayant un handicap physique ou mental. Nous pouvons citer quelques exemples à ce sujet, de parcs aquatiques adaptés aux personnes à mobilité réduite, des lieux qui ont formé leur personnel et créer des salles à part entière pour accueillir un public concerné par l’autisme.

Inclusif, le Futuroscope a d’ailleurs proposé pendant une dizaine d’années l’expérience “Les Yeux Grands Fermés” au sein de son parc de loisirs. L’objectif était de sensibiliser le grand public en créant un parcours dans l’obscurité complète, afin que tout à chacun prenne conscience de l’expérience d’une personne malvoyante. De manière immersive, et guidé par une personne malvoyante, le groupe de visiteurs passe de salle en salle, écoutant, touchant un parcours vecteur d’émotion, qui suscite une véritable expérience sensible. Évidemment, cette logique ne concerne qu’une partie des lieux de loisirs, mais quand ces lieux sont ouverts, accessibles et appropriables par toutes et tous, ils engendrent spontanément du dialogue, de la rencontre et du commun.”

L’urbanisme transitoire est un concept et un mode de faire la ville de plus en plus utilisé par les professionnels de la fabrique urbaine. Les lieux de loisirs ont-ils finalement eux aussi un rôle à jouer dans ces dynamiques ? Est-il pertinent d’installer une programmation temporaire divertissante dans un espace vacant ou en attente d’une destination ? Ou est-il au contraire préférable de les penser dans la pérennité, tels des lieux de destination ?

“En effet, le rapport au temps dans les activités de loisirs est central. Dans toutes les dynamiques qui composent la vie urbaine, celle des loisirs est certainement celle qui évolue le plus vite. Tandis que le temps de la fabrique urbaine est un temps long. Il est difficile de savoir ce qui plaira ou perdurera dans 3 ou 4 ans. Prenons par exemple les escape games : ils étaient 4 ou 5 il y a à peine 6 ans, aujourd’hui on en compte 800. De fait, le transitoire, caractérisé par cette disponibilité quasi immédiate de l’espace, est une opportunité à saisir pour installer une activité de loisirs.

L’autre sujet est celui des coûts, du moins de son anticipation. Les gammes de prix des activités de loisirs sont évidemment assez larges et l’objectif d’un potentiel exploitant est bien de faire exister le lieu qu’il développe. Le transitoire peut ainsi permettre d’initier une activité à un coût maîtrisé. Une réelle opportunité qui dépend tout de même des investissements à faire dans le projet.

Quelques initiatives actuelles sont assez intéressantes à ce sujet. J’ai personnellement beaucoup apprécié les expériences de théâtre immersif organisées par Novaxia, dans le 5ème arrondissement de Paris ainsi qu’à Clichy. Durant quelques mois, il s’agissait de proposer une scénographie, des acteurs, des décors singuliers au sein de lieux en attente d’une destination finale. Et finalement le fait de créer un événement autour de ces représentations, a fait émerger une certaine valeur d’attraction. Le caractère éphémère, de courte durée, a  permis d’attirer certaines personnes. Le transitoire assure la cohérence des loisirs avec la société actuelle, les activités correspondant à une tendance du moment. Ce sont des pistes non négligeables et pourtant encore peu utilisées.

Avec une hauteur totale de 78 mètres, l’Umadum Munich est la plus grande roue géante transportable du monde. Source photo : ©wikipedia

Il est également intéressant de voir à quel point le loisir, inscrit dans le transitoire, peut avoir un impact sur la vie future d’un lieu. À Munich, dans le quartier de la station Ostbahnhof, une grande roue s’est installée en attendant la transformation du site en opéra. D’un point de vue urbain,  et dans cette logique de s’interroger sur “la ville chiante”, cela est assez ingénieux parce que l’installation permet un premier attachement au lieu. Les usagers se sont créés des souvenirs et un imaginaire collectif autour de cet endroit, avant d’en faire un lieu artistique et culturel. Quand il s’agit de loisir, le transitoire est donc une opportunité à explorer et l’essentiel est de faire preuve de souplesse, de capacité d’adaptation, aux changements de tendances, d’envies, de générations et de publics.”

Difficile de ne pas évoquer les conséquences de la crise sanitaire à ce sujet. Comment les diverses formes de jeux peuvent-elles aider à recréer du lien entre l’usager et l’espace ? Quid d’une société créative post-covid ?

“Le lieu de loisirs est justement censé être une raison pour sortir de chez soi, s’évader, découvrir de nouveaux espaces et sensations. Et cela même avant la crise. C’est tout le concept du “out of home entertainment”. Vivre une expérience hors de chez soi, de son environnement habituel, c’est presque inclus dans l’ADN des lieux de loisirs. Y compris avec des concepts comme la réalité virtuelle. Initialement, beaucoup de personnes étaient persuadées qu’elle allait devenir un loisir domestique, à l’image des consoles de jeux qui ont remplacé les salles d’arcade. Finalement, c’est une technologie qui dépasse la seule immersion visuelle. Les salles de réalité virtuelle sont, en effet, équipées de dispositifs qui permettent au public d’avoir de réelles sensations physiques, de vibrations par exemple, difficiles et coûteuses pour une installation chez soi. Cette logique va, selon moi, perdurer et les lieux de loisirs continueront demain de trouver des idées, des innovations pour créer des expériences externes au foyer.

Demain, la réalité virtuelle pourra être un nouveau moyen de découvrir son environnement urbain. Source photo : ©gettyimages

Dans un contexte post-covid, l’autre enjeu structurant les lieux de loisirs est la dimension locale, celle de la proximité. Nous pouvons tout à fait imaginer que les longs déplacements seront demain plus difficiles. Il sera alors essentiel d’aménager des lieux de loisirs originaux, attractifs à proximité des lieux de vie. Une parenthèse différente et nouvelle, qui ne doit pas nécessairement  être à l’autre bout du monde pour avoir du succès. La proximité et l’intensité d’animation pourraient devenir une valeur, une vertu qui émergeront de cette sortie de crise sanitaire. Une opportunité aussi pour les petites et moyennes villes de se distinguer, de renouveler leur rayonnement et de ce fait de mieux répartir à l’échelle nationale les lieux de loisirs.

Parce qu’il est important de comprendre toutes les retombées économiques. Un lieu de loisir représente une action indirecte sur le tissu économique local. Créer une expérience crée des emplois. Dans la ville de Saint-Etienne par exemple, Eludice, une entreprise spécialisée dans les décors d’escape game rassemble une trentaine de salariés, dont les métiers se diversifient entre l’art et la technique. Par ailleurs, l’univers des loisirs urbains est assez ancré dans certaines cultures d’entreprises, qui proposent des activités diverses à leurs salariés. Il est possible que le loisir devienne un outil pour réduire le télétravail et faire revenir au bureau les salariés, une fois cette crise sanitaire passée.”

Justement, dans une vision un peu plus prospective, comment imaginez-vous l’intégration du fun dans la ville de demain ? Des grandes attractions en plein centre-ville ? Des spectacles vivants dans chaque coin de rue ? Des parcours sportifs traversant nos villes ? Des habitats toujours plus atypiques ?

“Le champ des possibles est très vaste car c’est un secteur d’activité qui évolue vite et qui stimule beaucoup d’entrepreneurs aux idées originales. Aujourd’hui, c’est surtout au niveau des grands lieux de commerces, neufs ou en mutation, que l’on voit émerger de nouveaux concepts. Le commerce en ligne a amené les foncières à trouver d’autres idées pour attirer et retenir le public (Vill’Up par Apsys par exemple ou B’Est, en Moselle). Les loisirs font pleinement partie de cette stratégie et c’est bien aujourd’hui que cela se passe. Cette dynamique devrait très certainement durer. En effet, en France, les nouveaux grands lieux de commerces seront moins nombreux à l’avenir, notamment avec l’objectif de nombreux territoires de “zéro artificialisation nette”, mais cela n’empêchera pas l’immobilier commercial actuel de muter comme c’est le cas dans le secteur Mérignac Soleil, à côté de Bordeaux.

Pour autant, il reste préférable que leur évolution soit urbaine et connectée aux transports en commun plutôt que périphérique sur une seule rocade. La friche urbaine peut d’ailleurs être un espace adapté à ces projets. En Angleterre, on retrouve des complexes assez conséquents, intégrant karting électrique et foot en salle, s’installant en lieu et place de grands magasins et se transformant en lieux de loisirs. En Allemagne également, des concepts commerciaux s’implantant sur 2 000 voire 4 000 m2 de surface proposent des activités plus centrées sur l’expérience urbaine.

Un autre phénomène intéressant à observer est celui des mutations des lieux d’hôtellerie et de restauration. De nos jours, des résidences hôtelières proposent des salles de cinéma, de concert, de bien-être et font évoluer leur activité traditionnelle avec des éléments de loisirs. Et à l’inverse des lieux de loisirs attirent les visiteurs qui recherchent un hébergement et l’expérience devient alors hôtellerie. Les dynamiques sportives vont certainement se développer dans les années à venir, avec l’Esport qui peut générer des lieux divertissants et innovants. Également, le concept UCPA Sport Station illustre tout à fait cette idée de créer un lieu de vie autour du sport, avec des activités diverses, des espaces de restauration, de coworking…

Aujourd’hui, les marques et les licences ont un réel impact sur le futur des lieux de loisirs. Cela est très présent à l’étranger et on commence à le voir en France. Récemment a par exemple ouvert à Paris l’expérience immersive du Bureau des Légendes, déclinant l’univers de la série. Dans la même logique, la chaîne télévisée TFOU va inspirer un parc d’attractions pour enfants à Evry, en Île-de-France. On commence même à voir émerger des projets portés par des Youtubeurs comme Unicorn House à Angers avec VodK. Malgré ces forts développements, il y aura certainement toujours cette dualité et ce complément entre création originale et expérience dérivée.  

D’une certaine manière, les parcs d’attractions deviennent progressivement villes avec une offre de destination complète et les villes deviennent progressivement parcs d’attractions en générant des lieux de loisirs toujours plus nombreux et variés. C’est une image volontairement quelque peu exagérée, mais qui illustre bien le rôle du lieu de loisir de demain : entre destination et proximité, entre attraction et intensité urbaine. Il est en perpétuelle évolution et il est souhaitable pour nos villes futures de renforcer cette souplesse, cette diversité de temporalités, de tailles, de types et de variétés d’activités, pour créer des lieux funs et appropriables par toutes et tous.”

LDV Studio Urbain
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