La flexibilité, source de résilience
Une trentaine d’étudiants de l’École des Ponts ParisTech ont travaillé sur des exemples emblématiques en Île-de-France et en région. Ils montrent que la flexibilité est source de résilience à l’échelle du bâtiment, du quartier ou de la ville. Présentation de trois des sept dossiers rendus.
Le devenir des bâtiments classés à Paris
Paris possède un riche patrimoine architectural classé et inscrit au titre des Monuments historiques. Une meilleure utilisation de ces bâtiments est souhaitable à divers points de vue, sachant qu’ils doivent être conformes aux préconisations actuelles – en termes d’accessibilité, de sécurité, d’économie d’énergie et de coût d’entretien. La municipalité peut-elle, par exemple, transformer un bâtiment classé ou inscrit en logements sociaux en conservant le maximum d’éléments anciens et sans en altérer l’architecture ?
Les architectes des bâtiments de France s’ouvrent aux compromis entre usage, histoire et évolution, comme en témoignent par exemple la réfection du couvent des Récollets par l’Ordre des architectes, livrée en 2006, et la rénovation lourde de la Gaîté lyrique en lieu des cultures numériques, achevée en 2011. Voisins, ces deux bâtiments « inscrits » au passé mouvementé ont été remaniés sur le même mode : maintien en l’état ou restauration à l’identique de certaines parties à valeur patrimoniale et, pour le reste, transformation préservant le caractère authentique de l’ensemble. Grâce à ce climat d’ouverture, des entreprises privées investissent plus volontiers dans des monuments historiques parisiens pour peu qu’ils soient flexibles, parfois même pour y développer des usages en pointe avec beaucoup d’ambition.
Plaine commune : mutation d’un bassin industriel
La Plaine Saint-Denis, un fleuron de l’économie créative ? C’est l’image flatteuse renvoyée par l’ancien poumon industriel de la Capitale dont les friches ont attiré un cluster créatif autour de la télévision et du cinéma. Ces industries des médias, encouragées dans leur choix d’implantation par les élus de Plaine Commune, montrent cependant un rapport faible au territoire où ils s’installent, même s’il s’avère bien meilleur que les data centers dont le nombre progresse aussi à la Plaine Saint-Denis. Leur essor local a favorisé l’émergence d’autres activités autour de la musique, de l’architecture ou du marché de l’art. Si les emplois concernant le domaine créatif représentent près de 9 % des effectifs salariés de ce territoire, peu d’habitants en profitent.
En outre, l’arrivée future du métro Grand-Paris-Express augmente la pression immobilière et l’installation de commerces alors que la population locale connaît la précarité avec un taux de chômage jusqu’à deux fois supérieur à la moyenne nationale. Plaine Commune voit néanmoins pour ses habitants des emplois potentiels à la clef et cherche à stimuler les débats d’idées. Elle apporte ainsi un soutien financier à des expériences comme celle du « 6B » – un immeuble de bureaux reconverti en ateliers pour artistes – et à deux espaces de coworking, espérant agréger autour de ces lieux d’échange des emplois de services.
Inventer le port de demain à Marseille
Les destins de la ville de Marseille et de son port en front de mer, proche du centre pour une partie, ont toujours été liés. Aujourd’hui encore, malgré son déclin, le port est l’un des principaux employeurs de la ville et cherche à diversifier ses activités pour se prémunir contre les crises possibles. Le projet Euroméditerranée, lancé en 2007, marque le début d’une importante reconversion du port dans l’idée de mieux faire le lien avec la ville environnante. Ainsi, les secteurs les moins compatibles avec un centre urbain (vrac, conteneurs…) sont repoussés plus au nord. La spécialisation territoriale qui se profile ne doit pas empêcher le port de conserver des quais longs et spacieux s’il veut répondre aux nouvelles demandes du marché. Rien n’interdit non plus les infrastructures flottantes. Une certaine souplesse est attendue également dans les choix d’aménagement qui restent à faire avec la ville dans le cadre de la reconversion en cours du front de mer industrieux en espaces publics, dans les bassins Est. Il faudra encore y développer de nouveaux secteurs d’activité ayant leur place dans un environnement métropolitain mais aussi des projets de fret durable à l’image du projet Ecoliner soutenu par l’Union européenne : un cargo hybride testé en 2016. Depuis 2012, les actions menées par le port dans le cadre de la transition énergétique sont déjà significatives.
Eléments initialement présentés dans l’exposition « Réver(cités), villes recyclables et résilientes » à la Cité de l’architecture & du patrimoine, du 12 octobre au 4 décembre 2016. Plus d’informations dans la visite virtuelle de l’exposition.