Flex-office et coworking : réinventons le travail pour densifier la ville sans l’étaler
En supprimant les trajets domicile/travail, le télétravail permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une solution qui donne à réfléchir sur l’avenir de nos bureaux, qui pourraient – demain – être plus flexibles pour des raisons pratiques, mais aussi écologiques.
En 2020, la crise sanitaire aura fait découvrir à beaucoup la pratique du télétravail. Une pratique qui devrait s’installer désormais dans les mœurs de nombreuses entreprises, puisque le télétravail reste plébiscité en France par 40% des actifs qui aimeraient poursuivre l’expérience, au moins en partie. Une manière donc, de nous permettre de réinventer notre rapport au bureau.
Aux États-Unis notamment, les big tech sont très fans de cette pratique, déjà largement mise en œuvre avant le confinement. Google, Airbnb et Facebook ont annoncé que leurs salariés pouvaient travailler à domicile jusqu’à cet été au moins. On va encore plus loin chez Twitter, Slack ou Microsoft, où les employés ont la possibilité de travailler à distance de manière permanente s’ils le souhaitent.
En France cette réflexion se poursuit également dans de nombreuses entreprises qui y voient aussi une manière de faire des économies. Dans des centres très tendus, comme c’est le cas à Paris, les locaux d’entreprises représentent un coût non-négligeable. Or, le télétravail, quelle que soit sa forme, permet aussi de réduire ce poste budgétaire. En outre, d’un point de vue climatique, le flex-office représente de nombreux avantages. Ainsi d’après les chiffres de l’Ademe, si 35% des travailleurs effectuaient leur métier à distance, nous économiserions 3 200 tonnes de gaz à effet de serre chaque semaine.
Réduire la taille des bureaux, une solution viable ?
La fabrique de la ville a été faite ces dernières années de telle sorte que la plupart des locaux d’entreprises sont situés en cœur de ville et que les périphéries sont bordées de nombreuses zones résidentielles pavillonnaires. Ce qui implique chaque jour d’innombrables trajets pendulaires sur les mêmes axes, aux mêmes horaires, avec deux conséquences : un important trafic automobile vecteur de pollution atmosphérique, ainsi qu’une congestion du trafic venant aggraver cette pollution.
Or, aujourd’hui, outre le besoin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de nos déplacements, une autre problématique s’impose aux villes françaises : ne plus artificialiser de sols et ne plus s’étendre à l’infini. Pour cela, il faut donc densifier la ville. Ce qui signifie trouver des solutions pour le logement. Du télétravail et de la pratique du flex-office découle donc une solution à ce sujet. Car si nous avons besoin de moins d’espace de bureaux, cela veut dire que des espaces se libèrent pour d’autres usages, et notamment pour le logement. La possibilité de travailler à distance, et n’importe quel endroit du globe, permettrait donc de réduire nos déplacements tout en luttant contre l’artificialisation des sols.
Mieux, la réduction de la taille des locaux d’entreprises par ce biais amènerait aussi d’autres avantages environnementaux puisque moins de chauffage, d’électricité seraient utilisés. Toujours d’après l’Ademe, cette solution pourrait accroître le bénéfice environnemental du télétravail de plus de 50%.
D’autant que les solutions pour faciliter le recours au télétravail se répandent aujourd’hui dans toutes les villes de France, en zones urbaines et rurales, via la multiplication des tiers-lieux d’activités et des espaces de coworking.
Des effets rebonds malgré tout
À noter cependant que, même dans ce scénario, certains effets rebonds seraient à surveiller. Par exemple, de nombreux trajets pendulaires ne sont pas liés uniquement au travail. C’est le cas par exemple des trajets domicile/école pour emmener et chercher les enfants. Ce peut aussi être le cas d’autres déplacements liés à l’activité professionnelle, comme le fait d’aller à la poste ou certains rendez-vous.
L’effet du télétravail sur l’environnement peut aussi être minoré par l’augmentation de la facture énergétique à la maison. Finalement, l’ensemble des effets rebonds négatifs identifiés par l’Ademe pourraient réduire en moyenne de 31 % les bénéfices environnementaux du télétravail. Mais, face à des effets positifs induits plus importants, l’Ademe conclut que la balance environnementale du télétravail reste largement positive.
De quoi nous pousser à réinventer notre rapport au bureau ? La question va certainement se poser dans les années à venir. D’autant que cet effet “télétravail” pourrait aussi permettre de revitaliser certaines zones rurales et participer à de la création de valeur dans des territoires qui souffrent jusqu’ici de l’urbanisation et de la métropolisation de nos territoires.