Fêtes foraines : une tradition ludique au service des territoires
Alors que l’an dernier nous vous parlions des fêtes et festivals traditionnels qui animent tout au long de l’année l’ensemble du territoire japonais, place aujourd’hui à une forme d’événements festifs qui égayent nos villes et villages d’une toute autre manière. Dédiées à l’amusement et aux sensations (toujours plus) fortes, les foires et fêtes foraines telles qu’on les connaît en France font forcément partie, de près ou de loin, du paysage de vos vacances d’été !
A l’image des matsuri nippons, évoqués précédemment, les fêtes foraines ne sont pas une spécificité estivale. Mais puisqu’elles se multiplient forcément lorsque les beaux jours s’installent, profitons-en pour redécouvrir ces indémodables espaces de divertissements…
La fête à portée de villes
Parfois couplées à une autre tradition événementielle dont on vous a déjà parlé ici (les braderies et vide-greniers), les foires et fêtes foraines ont pour spécificité d’étendre leur atmosphère ludique sur l’ensemble du territoire. Petites, moyennes ou grandes villes accueillent ainsi, à leur échelle, manèges, jeux et stands en tous genres. Quelque soit leur taille et la durée de leur établissement, ces rassemblements en plein air sont en général des événements éphémères correspondant à des festivités locales annuelles. Démontables et itinérantes, les attractions sont gérées par des entreprises foraines indépendantes.
A l’inverse des parcs d’attraction – par essence sédentaires -, les fêtes foraines ne constituent pas forcément “une destination” déterminée et planifiée à l’avance par les visiteurs. Elles représentent bien souvent “une sortie”, en soirée ou en journée, engagée plus spontanément. De fait, on se rend à l’une de ces foires entre amis ou en famille soit parce que l’événement (récurrent) est bien établi ou réputé localement ; soit parce que sa présence à proximité “est l’occasion d’y faire un tour”.
Ainsi, nul ne niera que l’on se plaît toujours à retrouver palais des glaces, auto-tamponneuses, trains fantômes, tirs à la carabine, pêche aux canards, trampoline, barbes à papa, pommes d’amour, crêpes, gaufres, churros, beignets et guimauves…
L’éphémère qui dure
Non exhaustive, cette liste d’activités et autres friandises bien connues définissent indéniablement le décor et l’ambiance d’une tradition événementielle aussi éculée que subsistante… Mais si l’on s’intéresse quelque peu à l’Histoire des arts forains et de ces manifestations réjouissantes, on découvre que le phénomène s’est beaucoup transformé depuis son apparition au cours du XIXe siècle. Notamment, un certain nombre des attractions présentées dans les “foires foraines” originelles se sont vivement sédentarisées… On pense bien sûr aux cinématographes mobiles (devenus salles de cinéma au début du XXème siècle), mais c’est également le sort général qu’ont connus les manèges et autres stands de divertissement avec la construction plus massive de parcs d’attraction autour des années 1980-90.
Dès lors, l’aménagement de véritables lieux dédiés – qui se caractérisent par des univers thématiques marqués et une offre d’attractions de plus en plus pointue – a quelque part contribué à maintenir l’ambiance des fêtes foraines dans une sorte de passé persistant. Initialement, ces foires nomades incarnaient pourtant d’incontestables lieux d’exposition, de démonstration et d’expérimentation d’équipements innovants, comme le rappelait Nicolas Nova en introduction de son article “Fête foraine ou living lab ?” (2016)[1] :
“Historiquement, la fête foraine a toujours été un lieu de rencontre entre des objets techniques nouveaux, et des publics, usagers potentiels de ces inventions encore en devenir que furent les rayons X, l’automobile, l’ascenseur, le cinéma, mais aussi les jeux vidéo. Dans chacun de ces cas, la fête foraine fut un lieu de frottement et de croisement avec la société… et qui a parfois permis d’infléchir leur destinée.”
De nos jours, une aura vintage semble au contraire planer autour de ces événements, mêlant chaleureusement leurs offres traditionnelles aux festivités locales… Tandis que d’autres expériences ou lieux ont tendance à perdre de leur cachet en standardisant leur offre selon certains critères “modernes”, les fêtes foraines, par leur design kitsch, leurs parfums, lumières et sonorités si particulières semblent figées dans une atmosphère populaire d’antan qui détonne, bouleverse et enchante…
[1] Article écrit dans le cadre de la journée d’étude « Happy City » – Faire la ville par l’événement qui avait lieu à Genève en décembre 2016. L’article n’est pas disponible en ligne.