Faire pousser ses légumes sur un toit (1/2)
De Singapour à Montréal, de Tokyo à Paris, l’engouement des grandes mégapoles mondiales pour la culture hors-sol se confirme, année après année. La preuve à travers des projets emblématiques.
Faire pousser des fruits et légumes sans terre, c’est possible. Et plutôt simple : à condition d’acquérir un minimum de savoir-faire, même les citadins n’ayant jamais tenu une bêche de leur vie peuvent se lancer dans la culture hors-sol. D’ailleurs, les premières exploitations pratiquant cette forme originale d’agriculture urbaine rencontrent un véritable succès populaire. Jour après jour, projet après projet, la culture hors-sol s’impose comme une solution ingénieuse pour nourrir les villes. La preuve à travers cinq exemples emblématiques.
La tour Sky Greens à Singapour
Pour répondre à la croissance démographique, la cité-État asiatique a lancé plusieurs projets censés lui permettre d’atteindre rapidement la souveraineté alimentaire. Une tâche difficile pour ce petit territoire, où seulement 7 % des légumes consommés sont produits localement. En octobre 2012, Singapour a ainsi érigé une ferme verticale urbaine : 36,5 hectares de plantations cultivées en hydroponie et sous serre, pour un rendement cinq à dix fois supérieur à la culture
« classique » en pleine terre. Tous les déchets organiques produits sur le site sont réutilisés pour nourrir les plantes. Divisée en 120 jardins étagés, l’exploitation permet de produire 500 kg de légumes par jour. Des denrées revendues en grande partie dans les supermarchés de la marque locale FairPrice. La réussite de ce projet incite aujourd’hui Sky Greens à construire de nouvelles tours agricoles pour quadrupler la quantité de légumes frais produits dans l’île.
L’Agri-Cube japonais
La société japonaise Daiwa House Industry a mis au point l’Agri-Cube, une « unité hydroponique compacte » aux airs de bâtiment préfabriqué, qui permet de produire 10 000 légumes par an. Ce drôle de cube équipé de fenêtres utilise un éclairage fluorescent pour faire pousser les salades, radis et autres plantes, cultivées sans recours à des produits chimiques. Destiné aux restaurants, aux hôpitaux ou aux hôtels, qui peuvent ainsi limiter les frais de transport des marchandises, l’Agri-Cube permet de faire pousser jusqu’à 23 espèces de plantes différentes en espace confiné. Seul bémol : le cube coûte assez cher en électricité, car il faut alimenter l’éclairage, mais aussi l’air conditionné et le système de drainage (compter au moins 3 300 euros pour les frais d’électricité, d’après les estimations de Daiwa).
La serre perchée de Montréal
En mars 2011, la ville de Montréal a inauguré la « première serre commerciale sur un toit ». Un espace d’une superficie de 2 800 m², aménagé par les fermes Lufa, une société spécialisée dans l’agriculture urbaine. Depuis, d’autres fermes Lufa ont vu le jour au Canada (Laval, Vancouver) et aux États-Unis (Boston, New York). Leur devise ? « Frais, local, responsable ». Produits sans recours aux pesticides et grâce à la récupération des eaux de pluie, fruits et légumes y sont cueillis à l’aube et distribués le jour même au marché. Les plantes poussent dans des serres, où sont reconstitués des microclimats pour faciliter leur croissance. À Montréal, les produits de la ferme Lufa finissent dans les assiettes de plus de 2 000 citadins. « Si l’on utilisait les toits de 19 centres commerciaux de Montréal pour cultiver des fruits et légumes hors-sol, on pourrait rendre la ville autosuffisante », a déclaré Mohammed Hage, le fondateur des fermes Lufa.