Faire du tri des déchets un jeu d’enfants
Il n’y a pas de petits gestes inutiles. Lemon Tri, entreprise française spécialisée dans le tri des déchets, nous le rappelle avec ses machines originales qui réinventent le principe de la consigne. Laura Boutonnet, directrice commerciale de la société, nous explique pourquoi, selon elle, le tri est en passe de devenir un « jeu d’enfants ».
Inciter les gens à trier leurs déchets grâce à un système de rémunération solidaire et responsable. Telle était, au départ, l’ambition d’Auguste Jaclin et Emmanuel Bardin, les créateurs de la start-up Lemon Tri. Pour répondre à ce défi, la société a créé cinq machines originales, baptisées « Easy », « Global », « Simply », « Easy + » et « Ultra ». « Chaque élément inséré dans la machine génère des « Lemons » qui peuvent soit être échangés en bons d’achats pour des produits équitables et solidaires, soit convertis en euros et reversés à une association caritative », explique Laura Boutonnet.
En septembre 2015, Nanterre Université s’est doté de 26 machines « Easy » dédiées à la collecte des déchets d’emballage. Ces machines identifient les bouteilles en plastique et les canettes, avant de les trier dans deux bacs d’une capacité de 3 000 emballages. Un centime est reversé à une association pour chaque emballage trié. « Aujourd’hui, nos clients sont pour la plupart des entreprises (40% du CAC 40) et des campus. Cependant, nous ouvrons le marché aux collectivités ainsi qu’aux centres commerciaux. Notre parc compte 150 machines installées dans toute la France et également en Belgique ».
Demain, des machines plus connectées et interactives
Parce qu’elle recycle entre autres des cannettes (can en anglais), l’entreprise avait préparé pour la COP 21 un petit clin d’œil à l’intention du président américain et de son fameux slogan présidentiel de 2008 « Yes we can ! ». « Nous ne savons pas si Barack Obama a eu l’occasion d’utiliser nos machines mais en tout cas nous avions cinq machines déployées au Bourget en partenariat avec Derichebourg. Elles étaient accessibles à la fois sur le village des négociations et sur celui de la société civile ».
Lauréate du prix Moojvee en 2011, du concours Talents 2011 Ile-de-France et du réseau Entreprendre 95, la société Lemon Tri entend bien poursuivre son expansion à l’international dans les prochains mois. « À long terme, nous souhaitons déployer notre solution dans les pays européens où les taux de recyclage des cannettes et des bouteilles sont encore faibles (notamment en Espagne et en Italie). Dans un second temps, le Maghreb semble offrir de grandes opportunités ». Pour exporter son offre et répondre au mieux aux besoins de ses clients, Lemon Tri s’apprête à agrandir son parc de machines. Les modèles à venir en 2016 seront « plus connectés, plus interactifs et avec une gamme de tailles très différentes selon les lieux d’implantation ».
Faire du déchet une ressource
Et la France dans tout ça ? Fait-elle partie des meilleurs élèves en matière de tri des déchets ou se situe-t-elle plutôt dans le ventre mou de la classe ? « Contrairement à ce que l’on pense, les Français ne sont pas les plus mauvais trieurs d’Europe. La France se place en 11e position devant l’Espagne et la Finlande, avec plus de 35% des déchets recyclés par les ménages. Il y a cependant encore des efforts à fournir pour atteindre les résultats de nos homologues Allemands, qui recyclent plus de 60% de leurs déchets. » En France, le taux de recyclage des canettes est de 76% et celui des bouteilles plastique de 52%. « Il y a donc encore beaucoup à faire pour le PET (Polyéthylène Terephtalate) sur notre territoire », insiste Laura Boutonnet.
La directrice commerciale de Lemon Tri reconnaît d’ailleurs que certains territoires innovent plus que d’autres pour inciter leurs habitants à adopter des comportements vertueux en matière de tri. La ville de Sèvres (Hauts-de-Seine) a par exemple mis en place un programme d’incitation positif au tri grâce à la start-up CitéGreen. Mais les efforts à fournir pour faire changer les mentalités sont encore considérables. Laura Boutonnet insiste ainsi sur la nécessité de ne plus envisager le tri comme une contrainte : « Quand on leur parle de développement durable, les citoyens pensent en premier à couper l’eau du robinet lorsqu’ils se lavent les dents ou à éteindre la lumière en quittant une pièce. Le tri est pourtant bel et bien un geste pour la planète. Lorsque l’on aura réussi à faire comprendre que le déchet peut être une ressource, et que l’on raisonnera davantage en terme d’économie circulaire sur toute la chaîne de production de nos consommations, nous aurons fait un grand pas ».
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genial sujet bravo