Faire de la ville un laboratoire : des expérimentations qui mobilisent
L’Ecole de design Nantes-Atlantique a été invitée à participer et à rendre compte des échanges du Sommet mondial Ecocity. Une chronique en 10 articles questionnant les enjeux de la ville durable.
Prenez un peu de mobilité douce, un soupçon de rues piétonnes et accessibles, des réseaux d’énergie verte et de gestion de déchets développés, sans oublier un zeste d’écoquartiers gérés par des politiques participatives et vous aurez une ville durable. Trop simpl(ist)e ? Bien sûr la recette miracle n’existe pas, d’autant plus que la discipline est en perpétuelle mutation. Les villes sont donc en passe de devenir de véritables laboratoires à ciel ouvert. Comment mobiliser l’ensemble des parties-prenantes dans ces projets à l’issue incertaine ? Comment multiplier les actions pour aller vers un changement global de comportement de tous les acteurs de la ville ? Quelques exemples d’expérimentations qui mobilisent et montrent que ce qui compte le plus ce n’est pas forcément le résultat final mais aussi le processus de réalisation.
Ecopôle, un laboratoire citoyen au cœur de la ville durable
L’association nantaise Ecopôle est un réseau local d’associations labellisé Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE). Ecopôle est à la fois un espace d’information, de médiation et d’échanges entre les différents acteurs locaux du développement durable. Parmi les actions phares de l’association il faut citer la sensibilisation, notamment à destination du jeune public. Car Ecopôle a bien compris que c’est en formant et en informant les citoyens de demain que les comportements évolueront. C’est le cas du projet Mobilus qui mobilise une cinquantaine d’écoles de l’agglomération nantaise. Elèves, familles et enseignants sont invités à produire une œuvre ayant pour thème l’éco-mobilité. Développer une citoyenneté active, mieux connaître les différents modes de transports et leurs impacts et enfin amener les élèves-futurs citoyens vers une compréhension de l’organisation du territoire, tels sont les ambitieux objectifs de l’opération.
ACTLAB : un outil d’expérimentations collectives au service d’un écoquartier en chantier
Bellastock est une association d’architectes reconnue d’intérêt général. Ses membres sont convaincus que les œuvres artistiques sont utiles pour stimuler les citoyens, créer chez eux des réactions et les amener à avoir des comportements différents. Elles permettent également de réunir les gens et de créer une cohésion de groupe. La créativité est donc un des éléments clé à utiliser pour rassembler les gens et générer des connexions entre eux. Après le succès du festival Bellastock, l’association a voulu aller plus loin et faire de la mobilisation un véritable art. En 2013, accompagnant le projet d’écoquartier fluvial sur l’île Saint-Denis, l’association a ouvert un laboratoire d’expérimentations architecturales : l’ACTLAB. Grâce au réemploi de matériaux issus du chantier de l’écoquartier, les participants sont amenés à concevoir une micro-folie architecturale. Cet espace d’expérimentation a pour but de mettre en avant les possibles offerts par le réusage, le réemploi et le recyclage. L’occasion également pour l’association d’affirmer que nous sommes tous créatifs et que nous pouvons tous changer notre communauté, il suffit simplement de stimuler cette créativité.
Sensibiliser et informer pour s’approprier la ville
Si vous avez le sentiment que quelque chose vous appartient alors vous aurez à cœur de le faire évoluer, progresser. C’est ça l’idée fondamentale du développement durable et la clé de voûte pour la réussite des projets. Co-créer, co-construire, en un mot impliquer le citoyen/usager, voilà l’idée qui doit régir la construction de la ville durable du futur. En plaçant l’usager au cœur de sa réflexion et en l’invitant à interagir avec son environnement, la démarche design semble donc parfaitement adaptée. Ce qui donne raison à la devise du Design Lab Ville durable de l’Ecole de Design Nantes-Atlantique « pas de ville durable sans designers ! »
Par Zélia Darnault, enseignante.