Façonner les espaces d’enseignement du futur 2/2
Il aura suffi d’un virus pour remettre en cause nos modes de vie et nos habitudes. Et ce dans tous les domaines de notre quotidien, y compris celui de l’enseignement. Entre parents qui s’improvisent instituteurs, étudiants et professeurs qui doivent se familiariser avec de nouveaux modes d’apprentissage, c’est tout le corps éducatif qui est bouleversé. Pourtant, chez certains de nos voisins européens la crise a été plus simple à gérer de ce point de vue. Ce virus n’a-t-il pas, alors, simplement démontré que nos modes de penser les espaces d’enseignement sont obsolètes et dépassés ? Le groupe AIA Life Designers et L’École de design Nantes Atlantique ont croisé leurs regards et leurs expertises dans une étude destinée à imaginer des futurs possibles pour les espaces d’enseignement. Les réflexions se sont orientées autour de quatre grandes thématiques : une école plus ouverte sur le territoire, une école davantage centrée sur l’apprentissage manuel, une école lieu de vie et une école du bien-être et de la santé. Bien que ces ateliers aient été menés avant la crise sanitaire, ils peuvent aujourd’hui nous éclairer sur des futurs possibles compatibles avec le monde d’après. Alors comment façonner les espaces d’enseignement du futur ?
Cet article fait suite au premier article sur le sujet : Façonner les espaces d’enseignement du futur 1/2
L’école du faire
Marianne Henry, Soline Molinari et Louise Bragard, étudiantes en cycle master à L’École de design Nantes Atlantique, ont travaillé sur le concept d’école du faire. Car si le savoir théorique était au cœur de l’apprentissage d’hier, les pédagogies alternatives ont montré la puissance de l’expérimentation, de la pratique et de la pédagogie par le projet. De plus, les savoir-faire manuels sont aujourd’hui peu valorisés dans le système scolaire traditionnel alors même qu’ils constituent une solution intéressante pour un certain nombre d’écoliers. La solution imaginée par les étudiantes consiste en un module atelier dans lequel l’espace et le mobilier sont pensés pour des besoins pédagogiques davantage tournés vers la pratique. Chaque usager peut créer lui-même son atelier en fonction de ses besoins en ajoutant/ enlevant divers modules (espace bricolage, numérique, peinture, tablettes graphiques…). Mais au-delà de la configuration de l’espace, les étudiantes ont également imaginé cette école du faire comme un module mobile qui pourrait prendre place au sein de la ville et ainsi ouvrir l’école sur le territoire.
L’école de la vie
Johanne Thuia, Juline Vettier et Jules Riché, étudiants cycle master à L’École de design Nantes Atlantique, se sont, de leur côté, intéressés au concept d’école de la vie. S’il est un espace qui symbolise le collège et le lycée, pour le meilleur ou pour le pire, c’est le CDI. Or, le modèle traditionnel est basé sur les ressources qui s’y trouve et non sur les élèves. L’idée est de décentraliser cet espace de savoir et de connaissance et de l’ouvrir à de nouveaux usages. L’espace est ainsi plus flexible et permet d’envisager de nouvelles possibilités comme des espaces de détente, des espaces pour manger et travailler ou encore des espaces collectif offrant des usages divers. Et pour mieux décentraliser la connaissance, les étudiants ont imaginé coupler cet espace physique avec un espace virtuel qui prendrait la forme d’une application. On pourrait ainsi faciliter le quotidien, en ayant accès à des ressources ou en dialoguant avec des enseignants, par exemple, et favoriser l’apprentissage de l’autonomie via des conseils adaptés à chacun. Ainsi, l’école devient un véritable pôle de vie et de connaissances.
L’école du bien-être
Camille Le Luhandre, Ambre Le Labousse, Fauste Gilibert et Marguerite Gueret, étudiants cycle master à L’École de design Nantes Atlantique, ont, quant à elles, investigué la thématique de l’école du bien-être. Et il y a aujourd’hui un moment de la journée du collégien ou du lycéen qui est particulièrement problématique c’est la pause déjeuner. Le temps consacré à celui-ci est très court (20 minutes en moyenne pour un élève déjeunant à la cantine, 26 minutes pour un élève déjeunant à la maison) et ce temps de pause ne permet pas particulièrement de se ressourcer ou de se reposer. De plus, les enjeux en termes de santé publique et de développement durable sont primordiaux et doivent faire l’objet d’une sensibilisation adaptée. Les étudiants ont ainsi pensé une application ludique permettant de parler équilibre alimentaire, provenance des produits et meilleur timing pour mieux gérer son métabolisme. En plus de cette application, ils ont imaginé que le restaurant scolaire traditionnel pourrait être éclaté au profit des pôles de vie précédemment évoqués. Exit le plateau repas, place à la lunch box connectée permettant davantage de souplesse dans la gestion et la prise du déjeuner.
Ces différents projets permettent de créer le débat, d’envisager des futurs possibles et de proposer des alternatives.
Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique