Étude sur les tendances socioculturelles liées aux Proximités
Pour PeclersParis, si les villes ont toujours été créés et aménagées pour faciliter et concentrer les activités humaines (habitat, commerce, industrie, éducation, culture…), la progression constante des populations urbaines provoque, depuis plus de quarante ans, la croissance exponentielle des territoires citadins, entrainant spéculations foncières, étalement urbain, augmentation d’occupation des sols et des distances à parcourir.
Pour lutter contre la pratique d’une ville « extensive », symbolisée par le déploiement de lotissements déconnectés du tissu urbain, la prise de conscience environnementale prône le développement d’une ville durable qui privilégie la densité urbaine à une échelle humaine et la vision d’une « ville compacte », dans un souci d’attractivité, de rentabilisation de l’espace et de limitation des déplacements.
À l’heure où les innovations techniques et les nouvelles technologies de l’information et de la communication redéfinissent notre rapport à l’espace et au temps, les contraintes écologiques, économiques, sociales mais également le besoin accru de convivialité des usagers appellent à nous interroger et à repenser la notion de proximité, la faisant apparaître comme un des enjeux majeurs des villes et plus largement des territoires de demain.
En effet, nos modes de vie évoluent, les frontières entre lieux de résidence, de travail, de loisirs et de consommation s’estompent : la proximité et la continuité du tissu urbain sont alors perçues comme des facteurs essentiels pour répondre au profond désir des usagers de réhumanisation de la cité.
Nous présenterons dans cette étude un panorama de quelques tendances émergentes qui traduisent les nouvelles attentes pour la ville de demain en termes de proximités. Une vision des évolutions socioculturelles centrée sur l’humain qui génère de nouveaux imaginaires. Une sorte de boite à idées prospective qui aborde cette notion sous l’angle de l’hédonisme et du plaisir de vivre la ville, des apports des technologies de l’information et de la communication et de toutes les nouvelles formes de créativité et d’interactions économiques et servicielles qui en découlent.
En voici quelques extraits.
Nouvelles proximités d’usages
Nombreux quartiers sont le résultat de politiques érigées à une époque moderniste où vie professionnelle et vie personnelle étaient bien distinctes et donc séparées dans l’espace de la ville, tandis que les modes de vie répondaient au modèle classique du « foyer domestique ». Or ces standards ont aujourd’hui volé en éclat. Ceci convoque de nouveaux aménagements, nouvelles attentes en termes de proximité et d’accès aux infrastructures ou services urbains. L’accès à la « ville servicielle » n’est donc pas un luxe mais une nécessité de premier ordre, que l’on parle de commerces, de transports, de service à la personne, d’éducation ou même de culture.
Proximité & sentiment d’appartenance
Si la famille, l’entreprise ou le pays suscitent aujourd’hui, et particulièrement en temps de crise, des sentiments d’appartenance mitigés, la ville, le quartier, que ce soit celui où l’on habite ou celui où l’on travaille, devient un point d’ancrage référent. Il devient dès lors important d’aimer ses quartiers, l’archipel de son quotidien, et d’avoir une relation non pas simplement fonctionnelle mais aussi affective à sa ville.
Les nouveaux lieux : de la rencontre et du commerce
Recréer du lien, connecter les habitants entre eux, s’inspirer et utiliser les réseaux sociaux et les nouveaux modes relationnels qu’ils engendrent, favoriser la rencontre et les liens intergénérationnels, la mobilité et la mixité participent plus que jamais au mieux vivre ensemble dans la ville de demain. La ville est réinvestie, réincarnée aussi bien à travers ses habitants que ses nouvelles formes de commerce (« truck commerce », pop up stores, nouvelles zones communautaires). Désormais de nouvelles formes de convivialités s’y inscrivent, modifiant la dynamique des parcours en ville.
Reconnecter le quartier à la nature
De manière unanime voire universelle, la nature est un puissant producteur de bien-être car elle répond au besoin profond de respirer, de s’oxygéner physiquement comme mentalement. Depuis plusieurs années, on assiste ainsi à un véritable mouvement de fond de la part des institutions, architectes, urbanistes mais aussi à l’initiative des habitants, qui vise à réintégrer la nature en ville, sous différentes formes. Mondialement les villes replacent au premier plan la question de la proximité de la nature au coeur de leur aménagement urbain.
Se réapproprier le quartier par la mobilité douce
Le modèle du « tout automobile » est désormais obsolète : piétons, cyclistes, usagers des transports en commun sont de plus en plus pris en compte et valorisés pour développer une mobilité douce et durable au sein de la ville. Pour contrebalancer l’urbanisation « étalée » et massive, on repense la ville dimension humaine. Dans ce contexte, le citadin cherche à réorganiser sa vie et sa relation à son environnement à une échelle plus personnelle et plus facilement appropriable : son quartier, son voisinage, le local… La notion de « distance marchable » ou de « marchabilité » (tout ce que l’on peut faire à pied par gain de temps et/ou par plaisir) devient un paramètre déterminant, influence les choix d’habitation, de travail
ou de loisir, et délimite les périmètres de « sa » ville.