« Être le laboratoire d’une économie plus responsable »
Créer un site de coworking à la fois attractif économiquement et performant sur le plan écologique, c’est le pari réussi par le projet Darwin Eco-système. Présentation de ce bâtiment exemplaire, niché au coeur d’un futur écoquartier bordelais.
« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ». C’est pour mettre en pratique cette phrase visionnaire du père de la théorie de l’évolution que les responsables de l’incubateur d’entreprises Evolution se sont lancés dans le projet Darwin Eco-système. Leur ambition : créer un pôle d’économie créative et écoresponsable unique en son genre, autour d’un bâtiment pionnier situé dans un écoquartier en construction sur les rives de la Garonne. Jean-Marc Gancille, directeur du développement durable du groupe Evolution, nous explique la philosophie du projet Darwin Eco-système.
Le projet Darwin a été lancé il y a déjà plusieurs années. À quelle étape de son évolution en est-il aujourd’hui ?
L’utopie Darwin a démarré en 2006 et c’est seulement en décembre 2012 que les premières entreprises ont emménagé sur le site. Entre temps, il a fallu créer une société foncière, convaincre les partenaires financiers et obtenir les autorisations pour réaménager la caserne Niel, un ancien entrepôt militaire. Aujourd’hui, une soixantaine de structures sont déjà installées sur les deux étages d’un bâtiment qui donne sur le front de Garonne. Le deuxième bâtiment, qui sera définitivement livré à l’été 2013, accueillera une pépinière d’entreprises de développement durable : des designers, des architectes, des sociétés de communication, des conciergeries, etc. Au total, les bureaux couvriront un espace de plus de 4000 m2, avec de très grands volumes, volontairement peu cloisonnés, où les salles de réunion, les équipements et les espaces techniques sont mutualisés.
Le projet Darwin est souvent décrit comme un « pôle d’excellence en développement durable ». Ça veut dire quoi exactement ?
Plus qu’un pôle d’excellence, on veut surtout être un laboratoire des nouvelles pratiques, d’une économie plus responsable. Nous avons pensé le projet Darwin autour de trois fondamentaux. D’abord, la coopération économique, pour faciliter les échanges et la mise en oeuvre de projets communs entre les entreprises installées ici. Ensuite, la transition écologique, pour être performant en matière de respect de l’environnement dans six domaines principaux : l’énergie, l’eau, les déchets, les transports, la santé et l’alimentation. D’ailleurs, la plupart des boîtes qui sont installées ici ont déjà engagé une réflexion sur leur responsabilité sociale et environnementale. Enfin, l’idée est aussi de développer une action associative. Cela passe notamment par le réaménagement de hangars qu’on loue ou qu’on squatte avec l’accord des autorités locales pour promouvoir les cultures urbaines (hip-hop, graffiti, etc.) et les activités sportives (roller derby, bike polo, etc.). Ces espaces accueillent aussi des ruches et des fermes urbaines, avec comme objectif d’alimenter, à terme, le restaurant du bâtiment. Pour respecter ces trois fondamentaux, nous avons créé une association, Les Darwiniens. Elle nous permet de mettre en oeuvre la gouvernance collective et partagée du site. Ici, les décisions sont prises ensemble.
En fait, Darwin est un peu un écoquartier dans l’écoquartier ?
Oui, c’est vrai. On aime jouer ce rôle d’aimant pour toutes sortes d’activités, qu’elles soient économiques, écologiques ou culturelles. Mais le site ne couvrira, à terme, qu’un seul hectare de foncier et deux hectares d’activités diverses sur les trente-quatre que comptera au total l’écoquartier une fois achevé, vers 2027-2030. Donc c’est plus un « éco-pâté de maisons » qu’un écoquartier à proprement parler. Mais à ce jour, nous sommes un peu la vitrine de ce site qui, je le rappelle, est piloté par le privé, avec moins de 6% de subventions publiques, ce qui est exceptionnel pour un projet d’une telle ampleur !
Comment être un site modèle en matière de performance environnementale ?
Nous nous sommes attachés à préserver le patrimoine architectural exceptionnel de l’ancienne caserne militaire tout en rendant le site performant sur le plan énergétique. Mais l’enjeu, en matière de respect de l’environnement, tient surtout dans les usages. Les notions de sobriété et de mutualisation sont des leviers essentiels pour faire évoluer les comportements. Cela passe notamment par un renforcement de l’empowerment des occupants, qui doivent prendre conscience de leur impact écologique sur le site. Dans une logique de gamification, nous avons par exemple mis au point un outil ludique et pratique baptisé MUSEEC, qui permettra de mesurer la quantité de déchets générés par chacun et ainsi de créer une émulation collective entre les différents groupes d’entreprises répartis sur le site. Vous savez, même si les entreprises qui se sont portées volontaires pour travailler ici sont pleines de bonne volonté, on rencontre les mêmes difficultés qu’ailleurs pour changer les comportements individuels. Respecter l’environnement, c’est un travail de tous les jours.
Découvrez le site du Projet Darwin
Vos réactions
Pour en savoir plus, allez jeter un oeil sur le site http://www.midionze.com, qui a consacré un papier et une interview au projet Darwin !
Une fois évacué le verbiage écolo-bobo-branché, le projet Darwin s’affiche au final comme une offre de locaux tertiaires minimalistes (pas de clim, pas de cloisonnements, pas de parkings …) proposé au prix du marché, voire au dessus.
Bref, Darwin, c’est l’apogée du Green Washing ou l’art d’habiller de marketing écologique un produit des plus banals.