Et si on recyclait la ville ?
Qu’il s’agisse de vêtements, de meubles ou de décoration, l’art de la récup’ a le vent en poupe dans de nombreux secteurs. Porté par la crise, l’engouement pour le « Do It Yourself » se mêle à la tendance vintage, contribuant ainsi à démocratiser une certaine esthétique du « système D ». Pourquoi en irait-il autrement pour les infrastructures urbaines ? La question se pose en ces termes : peut-on recycler le mobilier urbain, de même qu’on recycle le mobilier domestique ?
Nouveau look pour une nouvelle vie
La réponse est évidemment positive… sous certaines conditions. Celles-ci sont plutôt logiques : le mobilier urbain est d’abord et avant tout un service public fourni aux citadins. Il doit donc répondre de manière universelle à certains besoins des citadins tels que s’assoir, s’abriter ou téléphoner. Ce dernier exemple est d’ailleurs au cœur de la réflexion sur le nécessaire recyclage du mobilier urbain.
En effet, l’avènement du téléphone portable a considérablement accéléré l’obsolescence des cabines téléphoniques. Au point que certains plaident pour bouter ces cubes de verre hors de la cité, et les remplacer par des mobiliers jugés plus « utiles ». Une vision que nous ne partageons pas forcément chez [pop-up] urbain, comme nous l’expliquions dans un long panorama consacré aux reconversions ludiques, artistiques ou serviciels de cabines à travers le monde. Ces exemples, tous plus créatifs les uns que les autres, démontrent le potentiel de relookage de ce type de « bricolages urbains ». Dès lors, pourquoi ne pas l’étendre à d’autres objets vieillissants, qu’ils soient ou non tombés en désuétude ?
Il faut sauver les délaissés urbains
La logique peut en effet s’appliquer à de nombreux éléments du « hardware » urbain : kiosques à journaux, lampadaires, abribus, rames de métro ou même potelets anti-voitures lorsqu’une rue devient piétonne, nombreux sont les objets qui pourraient connaître une seconde jeunesse, plutôt que d’être jetés sans préavis au cimetière du mobilier urbain (exemple à Moscou, où l’on détruit prestement les boutiquiers illégaux).
De là découle une problématique fonctionnelle : comment recenser ce mobilier à reconvertir ? Les cartographies collaboratives, que nous évoquions dans un précédent billet , peuvent ici jouer un rôle de support pour localiser les objets délaissés, à l’instar du travail que réalisent certains défricheurs avec les espaces urbains laissés vacants, ou les meubles abandonnés dans la rue par leurs propriétaires. Dès lors, chacun pourra imaginer ce qu’il souhaite faire de tel ou tel objet, pour que la ville ne soit jamais trop laissée à la traîne des mutations sociétales. De quoi redonner des couleurs à la ville, pour peu qu’on s’autorise à des détournements d’usages plus ludiques et moins fonctionnels…