Et si la mobilité douce pouvait réveiller nos campagnes ?
Le groupe SNCF vise l’excellence des services de mobilité, en misant notamment sur l’innovation. Aujourd’hui, le groupe travaille à relever le défi de nouvelles mobilités partagées et décarbonées afin de réduire l’usage quasi exclusif de la voiture en zone rurale. Savez-vous d’ailleurs que les zones peu denses représentent 89 % de la superficie du territoire français ? La circulation de trains légers et quotidiens, en plus d’accélérer notre transition écologique, offrirait de nouveaux services de proximité qui compenseraient le grand déséquipement actuel de nos campagnes. Ainsi, dans le cadre d’un partenariat initié par la SNCF, un groupe d’étudiants de L’École de design Nantes Atlantique a imaginé une ingénieuse proposition de micro-fret pour trains légers… dont on vous livre ici l’exclusivité !
Le fret léger de la SNCF pour revitaliser les services de proximité en zone rurale
Une brève définition du micro-fret
Le « fret » définit l’ensemble des marchandises transportables et transportées. Ce terme englobe tous types de ressources, même vivantes (bétail, par exemple). Néanmoins, il n’inclut pas le transport de passagers.
Le « micro-fret » ou « fret léger » quant à lui, représente un transport de ces ressources à plus petite échelle, parfois assuré par des particuliers eux-mêmes.
En partenariat avec le City Design Lab de L’École de design Nantes Atlantique
La direction Technologies et Innovation du groupe SNCF a conclu un partenariat avec L’École de design Nantes Atlantique, notamment avec le City Design Lab, un laboratoire de recherche et de projets pédagogiques qui accompagne les transformations urbaines et territoriales par le design. Un groupe de 8 étudiants a phosphoré sur des terrains d’études localisés en Loire-Atlantique et dans le Morbihan.
L’idée ? Cibler des zones peu denses dans lesquelles pourraient circuler les futurs trains légers et très légers (TELLi et DRAISY). La SCNF, avec ses partenaires industriels, travaille actuellement à leur développement.
Selon senat.fr : « Les communes peu denses sont celles où au moins 50 % de la population vit dans des mailles comptant plus de 25 habitants par km², avec des mailles contiguës comptant plus de 300 habitants.»
L’objectif ? Concevoir des dispositifs intégrés au sein des véhicules et/ou des espaces en gare, pour le chargement, déchargement, transport et la mise à disposition de biens à forte valeur ajoutée.
Deux concepts inédits et malins signés L’École de design Nantes Atlantique
Le Colis Voyageur
Pour dynamiser les circuits courts, un système de micro-fret a été conceptualisé par le groupe d’étudiants en design. Ce système repose sur l’entraide et la solidarité entre voyageurs. Avec ce service, prendre son train pourrait impliquer d’envoyer, transporter ou récupérer un colis. Le simple voyageur se transforme en « passeur de services » et devient acteur de la dynamisation du territoire.
Tout s’organise autour de l’application « Colis Voyageur » Elle permet à des utilisateurs de plateformes de seconde main (de type Leboncoin, Vinted ou Marketplace) d’envoyer ou de réceptionner des colis grâce à l’implication d’autres voyageurs.
Si j’étais un colis voyageur, voici les 5 étapes que j’aurais à passer pour arriver à destination :
- Une fois la vente effectuée, mon vendeur m’enregistre sur l’application puis il me dépose dans un casier sécurisé situé à proximité de la gare.
- Un voyageur vient me récupérer et me transporte à bord d’un train léger disposant de casiers sécurisés ou de sièges adaptés spécialement conçus pour le micro-fret.
- Il me dépose à nouveau dans un casier situé en bordure de gare.
- L’heureux acheteur me récupère dans les casiers situés à bord de la gare de destination : c’est ainsi que mon périple prend fin. Je suis entre de bonnes mains !
Les bénéfices du Colis Voyageur sont multiples :
- Une empreinte carbone minimale : adieu les livreurs en camion, bonjour l’expédition par le train !
- Une valorisation de l’économie de partage qui repose sur les principes de bénévolat et d’entraide contre incitation financière ;
- Une confiance et une sécurité garanties pour l’acheteur ;
- Des prix de frais de port plus avantageux pour l’employeur ;
- Un prix de billet réduit pour le voyageur.
La station-marché
La ligne ferroviaire constitue une artère du lien rural et de ce fait, relie les différents territoires qu’elle traverse. Or, les territoires ruraux manquent souvent de services de première nécessité tels que l’accès à l’alimentation. De plus, les producteurs doivent se déplacer dans différents marchés régionaux pour vendre leurs produits, ce qui leur fait gaspiller du temps, de l’argent et de l’essence… Un micro marché situé dans la gare permettrait aux producteurs locaux de vendre leurs produits ainsi que ceux de leurs confrères – producteurs et artisans.
Si j’étais un agriculteur et producteur local, voici les 5 étapes à franchir pour intégrer la station marché :
- Au départ de la gare d’Issé, je m’apprête à utiliser les stations marchés mises en place par la SNCF. Avant de me rendre en gare, je charge mon camion avec les modules fournis et consignés par la SNCF, en fonction des stations à approvisionner. Je note les informations de mes produits sur l’étiquette située sur le devant de la boîte.
- Vers 7h du matin, je me dirige vers l’espace dédié aux producteurs afin qu’ils puissent charger leurs marchandises dans un DRAISY cargo ou dans un TELLI. Ces trains assurent un trajet pendulaire afin d’assurer l’acheminement des ressources dans les deux sens de la ligne.
- J’utilise les caissons de rangement mobiles pour disposer différents produits, en fonction des arrêts désirés. En effet, la SNCF fournit un cageot ergonomique aux producteurs et artisans partenaires qui permet de sécuriser la marchandise, de l’exposer facilement et de la transporter en toute sécurité. C’est à moi de trier mes
Une fois remplis, les caissons sont chargés dans les wagons et répartis par stations afin que les prochains utilisateurs puissent facilement s’en saisir. Maintenus par des systèmes de fixations au sol, ils sont triés en fonction des arrêts et provenances.
4. Je descends les caissons des producteurs devant être vendus à la gare d’Issé et m’occupe de leur vente. En échange de ce service rendu, mes confrères vendront mes marchandises aux différents arrêts mentionnés sur les caissons.
5. L’étal permanent de la SCNF dispose d’une zone de stockage, d’un abri du soleil et de la pluie. C’est ici que j’expose les produits de producteurs et artisans et assure leur vente. Vers 13h, le train repassera et, comme chaque producteur, je récupérerai les invendus et recettes de la journée.
Une nouvelle mobilité « cousue main » sur l’écosystème local
Ce système de micro-fret peut s’appliquer aux différentes zones étudiées. Par exemple, à Quiberon, la livraison de poissons grâce au train permettrait de diminuer la congestion automobile de la presqu’île de Quiberon, notamment par les camions.
En effet, en faisant partir des camions d’Auray plutôt que de Quiberon, ce modèle réduirait grandement le trafic routier et les embouteillages estivaux. Néanmoins, la plupart des restaurants de la presqu’île ne se situent pas près de la ligne du tire-bouchon. Ils ne pourraient donc pas être livrés par ce système de micro-fret. Le service de proximité serait remplacé, dans ce cas, par des points de vente éphémères, redonnant ainsi au lieu un fort rayonnement territorial.
À La Chapelle-sur-Erdre, en Loire-Atlantique, un artisan-plombier pourrait emprunter le tram-train avec son vélo cargo pour commencer sa journée d’intervention à Issé. De même, il pourrait rejoindre tout chantier situé à proximité du tram-train grâce à son vélo-cargo.
Ce mode de transport doux limiterait les frais d’essence et serait adapté pour des rendez-vous de petits dépannages. Avec de l’anticipation et une bonne organisation de la part de l’artisan, il permettrait au plombier de mutualiser certains chantiers. Quelques contraintes sont tout de même à prendre en compte : selon la typologie du chantier, le plombier pourrait manquer de matériel s’il ne dispose pas d’une caisse à outils avec lui. De plus, les chantiers ne se situant pas au même endroit, leurs accès pourraient devenir difficiles lorsqu’ils ne sont pas desservis par le tram-train.
En conclusion, des navettes telles que Draisy ou TELLI seraient idéales pour revitaliser les circuits courts et les dynamiques de solidarités dans les zones rurales grâce au service de fret léger. Les bénéfices sont multiples : émissions polluantes minimes, allègement des factures de mobilités individuelles, économie de partage et mutualisation des moyens, désenclavement des campagnes, dynamisation de l’offre de services, implication du citoyen dans le développement territorial, valorisation touristique du territoire, etc. À partir d’une observation fine du terrain, des besoins et des pratiques, les 8 étudiants du City Design Lab ont su imaginer le Colis Voyageur et la Station-Marché : des dispositifs conçus pour réenchanter les campagnes.