Espaces publics : reconquérir les délaissés
Le Covid-19 a permis aux urbanistes de vérifier certaines de leurs théories. Comme l’importance d’investir et de valoriser tous les espaces publics, y compris les minuscules, les bancals, les plein Nord… Bref, les « sans potentiel particulier », du moins à première vue. Car ce fameux virus a paré tous les espaces publics d’une seule et même vertu égalitariste : celle d’exister. Pour se dégourdir les jambes, organiser un concours de corde à sauter avec son enfant, prendre le soleil quelques minutes… pendant et après le confinement, chaque bout de trottoir de nos villes a pris de la valeur. Et si cela perdurait ?
Durant le confinement, jamais l’espace public urbain n’aura été autant chargé de symboliques contradictoires.
Bienvenue dans un monde à haut risque ! Une ville où le mobilier urbain, les bancs, les bacs à fleurs, et autres arceaux vélos apparaissent comme autant de sources de contagion possibles… Dans les rues de quelques villes françaises, on a vu débarquer des armadas chargées de tout désinfecter à grands jets de produits chimiques. Une action dont l’efficacité reste à démontrer (la durée de vie du virus en extérieur n’étant a priori pas très longue) et qui aura plus sûrement eu des effets nocifs sur la faune et la flore, sans parler des êtres humains qui vivent là.
Peur sur la ville, peur de l’autre, peur de tout… Les premiers temps du confinement ont laissé craindre l’avènement d’une ville irrationnelle et terrifiante où chaque postillon représente une menace. Les urbanistes se sont interrogés : la voiture individuelle allait-elle en sortir plus forte, son armature d’acier faisant office de séduisant bouclier anti viral ?
Espace public égal bonheur
Dans le même temps, certains citadins ont changé leurs habitudes. Ils ont circonscrit leurs déplacements à l’échelle de leur quartier et, souvent, privilégié la marche à pied (ou le vélo) pour se rendre dans des commerces de proximité : les courses alimentaires ont alors constitué un prétexte agréable pour s’aérer et croiser – à bonne distance – d’autres êtres humains dans le but d’échanger quelques banalités réconfortantes.
Là, chaque espace, chaque interstice urbain a pris de la valeur : la cour goudronnée entourée de garages a été investie par les enfants pour jouer, la dent creuse remplie d’herbes folles a permis au chien de gambader… Tous ces lieux, même les plus petits, ont constitué des espaces de respiration salvateurs pour les urbains sans jardin.
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