En Argentine, comment la ville de Bariloche s’est dotée d’un plan d’urgence pour le climat?
En Argentine, la ville de San Carlos de Bariloche, dite plus couramment Bariloche, jouit d’un tourisme florissant. Pour y faire face, elle a mis en place un ambitieux plan pour un tourisme écologique à l’horizon 2025, qui concerne aussi d’autres domaines particulièrement émissifs comme le transport ou l’énergie.
Cette ville du nord de la Patagonie compte actuellement près de 110 000 habitants, et produisait, en 2019, environ 9 143 661,72 ktCO2e. Afin de s’adapter aux enjeux climatiques, dont font notamment partie les enjeux de tourisme écologique, la ville a mis en place un plan d’urgence pour le climat, analysé par l’Observatoire Climate Chance. Parmi les objectifs visés par ce plan : la réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, puis la neutralité carbone d’ici 2050.
Outre les mesures préconisées par le plan d’urgence, les responsabilités des différents acteurs des secteurs d’activités de la ville, comme la santé ou le tourisme, ont été définies grâce à une lettre d’engagement. Le programme, élaboré courant 2020, se concentre sur les enjeux climatiques rencontrés par le secteur du transport, du tourisme, des énergies, ou encore des déchets.
Le plan d’urgence pour le climat de la ville de Bariloche
Parmi les axes abordés par le plan, les principaux concernent dans un premier temps le secteur de l’énergie, considéré comme le secteur prioritaire car le plus émissif de gaz à effet de serre. La ville de Bariloche avait auparavant lancé une phase expérimentale du plan en 2016 et 2017, à la suite de laquelle le taux de renouvellement d’air dans les foyers bénéficiaires s’était amélioré de plus de 40 %, et le coefficient de transmission thermique des toits de 500 %.
Outre cette expérimentation, la ville a aussi lancé un programme de logement durable, afin de favoriser les économies d’énergie des systèmes de climatisation et d’améliorer la qualité de l’air chez les ménages précaires en réalisant diagnostics, interventions techniques ou encore dispositifs de suivi. Toujours côté énergie, la ville soutient ses efforts sur un projet de transformation des déchets forestiers en combustible, grâce au soutien de la fondation INVAP , qui oeuvre à mettre en place des changements innovants et durables dans les sciences et les technologies. La ville teste aussi le recours à la géothermie pour le chauffage des foyers en hiver, et remplace progressivement les éclairages publics par des LED économes en énergie, en utilisant également des panneaux solaires.
En ce qui concerne les transports, le plan climatique de Bariloche vise à améliorer les infrastructures actuelles, puisque la connectivité des lignes est jugée insuffisante, et a aussi pour objectif de favoriser les déplacements doux. Pour le moment, moins de 1% de la population de la ville utilise le vélo pour se déplacer. Afin de mettre en œuvre ce plan, la ville a été divisée en trois zones, dans lesquelles la planification territoriale s’effectue en concertation avec les habitants, pour encourager la participation citoyenne.
Concernant la gestion des déchets, la ville a mis en place un programme d’amélioration du tri sélectif et de revalorisation des déchets secs. Elle mise aussi sur la recherche de solution de recyclage des déchets en énergie, et favorise la rénovation des décharges publiques.
Des plans climatiques à l’étude dans d’autres villes du monde
Si l’initiative lancée par Bariloche est mise en place depuis 2020, et a déjà démontré d’une certaine efficacité en terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la ville n’est pas la seule à développer des stratégies climatiques à l’échelle locale.
En Amérique latine également, d’autres villes se sont lancées des défis : c’est le cas de la ville de Mendoza, située en Argentine également, qui a mis en place son « Projet pour la gestion intégrale des résidus solides urbains ». Le but de Mendoza est double, puisque la ville a pour objectif le traitement et le recyclage efficace des déchets, ainsi que l’inclusion sociale des récupérateurs urbains qui travaillent de manière informelle dans les décharges.
C’est le cas aussi de Bogotá, capitale colombienne, qui a récemment mis en place un plan d’action climatique, le PAC, afin de faire de la capitale une ville plus résiliente et durable. Parmi les mesures visées par ce plan, une politique de transports plus respectueuse de l’environnement, d’autant plus que la ville est considérée actuellement comme la plus embouteillée du monde.
Côté tourisme durable, le concept est défini par l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) comme « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil ». Les initiatives écologiques sont là aussi légion, comme notamment en Bosnie-Herzégovine, où un plan de 5 ans a été mis en place pour faire du tourisme durable le tourisme de demain, tout en protégeant les nombreux écosystèmes du pays.
En Finlande, l’organisme « Visit Finland » a développé le programme « Sustainable Travel Finland » qui repose sur les 4 dimensions de la durabilité : économique, écologique, sociale et culturelle, et qui décerne un label aux entreprises ayant respecté les critères d’engagement envers les principes du tourisme durable.
Enfin, en France, c’est la ville de Lyon qui en 2019 a reçu le statut de Capitale européenne du tourisme intelligent, grâce à une offre de transports qui favorise les mobilités douces, ou encore grâce au développement du tourisme local. Ces initiatives ont permis à la ville de devenir la première destination française engagée dans une stratégie en faveur d’un tourisme plus responsable.