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Éco-concevoir la ville avec Réavie

7 Déc 2022 | Lecture 2 min

Des sanitaires, de la moquette, des armoires, des robinets, des poignées et beaucoup d’autres choses encore : les particuliers et artisans du BTP entrent chez RéaVie comme dans une caverne d’Ali Baba. Sauf que les trésors de cette dernière sont tous d’occasion, l’association promouvant le réemploi des matériaux issus du BTP. Nous sommes allés voir.

Rendez-vous est pris Porte d’Ivry avec Ninon David, responsable de la plateforme de Paris 13 et coordinatrice des chantiers, afin de découvrir le lieu dédié à la création d’une filière de réduction des déchets du bâtiment. Animée par l’association RéaVie, la plateforme est constituée d’un espace de stockage, d’un atelier de reconditionnement, d’un atelier de recyclage des fenêtres, ainsi que d’une boutique au nom évocateur : « RenouVo ».

Les produits qui y sont vendus sont tous issus des activités de curage responsable menées par les équipes de RéaVie sur les chantiers parisiens. « Ils n’ont jamais été considérés comme des déchets, puisqu’ils ont fait l’objet d’une dépose méthodique », affirme Ninon. C’est le mot-clé à connaître pour appréhender le processus d’économie circulaire dans le BTP. Il s’agit du désassemblage et du démontage soignés des éléments, équipements comme matériaux, présentant un potentiel de réemploi sur un chantier. Récupérée, la matière est dès lors massifiée, nettoyée, reconditionnée, voire upcyclée pour être revendue sur la plateforme – physique et digitale. Ce jour-là, des pavés, des briques et du bois raboté s’empilent sous le préau, prêts à être utilisés sur d’autres chantiers, tandis que des spots encastrables, des lavabos en céramique et de nombreuses chaises cherchent preneurs à l’intérieur de la boutique.

Loin d’être anecdotique, ce type de plateforme est amené à se multiplier dans les années à venir, grâce à l’impulsion donnée par la loi Agec. Depuis le 1^er janvier 2022, les maitres d’ouvrage doivent, pour les démolitions et rénovations significatives de bâtiments de plus de 1 000 m2, mener un diagnostic produits, équipements, matériaux et déchets (PEMD), visant notamment à identifier les matériaux réemployables et à définir des filières de revalorisation.

RéaVie anime deux autres plateformes similaires, dont une à La Courneuve de plus de 1500 m2, qui vise à faire le lien avec les chantiers des Jeux Olympiques 2024. « Mais l’association n’est pas uniquement une structure de collecte et revente des déchets du BTP », précise Ninon, « elle intervient également sur des chantiers pour démontrer concrètement qu’on peut construire en ayant recours au réemploi ». RéaVie est ainsi intervenue dans la construction de la Maison du projet du quartier Lizé à Montigny-lès-Metz (57), au cœur d’une ancienne caserne militaire de 7 hectares. Le pavillon imaginé à partir de parquet de chêne et de portes de dortoir et de sanitaire ne présente qu’une seule pièce neuve : ses vis. 8 tonnes de matériaux ont ainsi été sauvées de la benne.

Si l’association met au cœur de son projet l’économie circulaire, elle mène aussi grâce à son activité une mission sociale forte. Elle forme des personnes en insertion aux métiers du BTP et du réemploi, embauchées dans le cadre de ses conventionnements par l’État en tant que structure d’insertion à Paris, dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis. Les plateformes accueillent ainsi 12 techniciens valoristes en parcours. Par ailleurs, RéaVie développe également des ateliers de sensibilisation pour les enfants des écoles alentour, la Ville de Paris ayant mis à disposition les lieux à l’association jusqu’à la fin d’année 2022. « Notre ambition, c’est de contribuer à une économie à la fois circulaire et solidaire », conclut Ninon. Le secteur du bâtiment, qui produit 46 millions de tonnes de déchets par an, a trouvé un partenaire de choix.