Eclairage public : appel à LED

22 Oct 2013

Ville et lumière ont longtemps fait bon ménage. Un mariage quelque peu forcé par la nécessité, tant “lumière” rime avec “sécurité crépusculaire” : qu’il s’agisse de torches ou de lampadaires, l’éclairage a toujours eu vocation à repousser les inquiétants ténèbres qui parsèment les ruelles de nos villes. Dans ce contexte, la question de la lumière urbaine s’est longtemps cantonnée à cette louable réassurance.

Les choses tendent toutefois à évoluer, depuis une dizaine d’années environ, et l’éclairage public s’étoffe de nouvelles ambitions : mise en valeur du patrimoine, marketing territorial, ou encore “évenementialisation” voire marchandisation de l’espace urbain font ainsi partie des nouvelles prérogatives allouées à nos bons vieux lampadaires. Cela n’est pas sans poser de questions écologiques, mais aussi techniques, économiques voire sociologiques. Opérateurs et collectivités rivalisent ainsi d’inventivité pour donner à la lumière urbaine la place qu’elle mérite. Que la lumière soit, et la lumière fuse !

Ô, Ville Lumière

« Streetlight tunnel » © Robert Payne

Mutation majeure de ces dernières années, la lumière a en effet gagné certains gallons auprès de collectivités ambitieuses, à travers l’instauration de “plans Lumière” Ces “schémas directeurs d’aménagement lumière” (SDAL), c’est leur petit nom, peuvent avoir des vocations aussi diverses que variées, comme le résume Wikipedia :

  • « urbanistiques : accessibilité et lisibilité des espaces publics ou semi-publics, sentiment de sécurité, cohérence avec les réseaux de circulation, structuration générale du territoire, …
  • scénographiques : mise en scène d’espaces, définition de critères esthétiques, de mobiliers, de teintes de lumière, …
  • économiques : gestion du coût d’investissement et de fonctionnement, programmation d’économies d’énergie et de la rotation du parc d’éclairage, …
  • et environnementaux : réduction de la pollution lumineuse, protection nocturne des biotopes, empreinte écologique du système d’éclairage global, recyclage des sources et composants, …

Sagesse et maîtresse des vertus

City light Truck poster
© Seattle Municipal Archives (1968)

Cette diversité des objectifs se traduit par un foisonnement d’innovation. La justification écologique vient faire le reste, amenant les industriels du secteur à évoquer “une urgence à 9 milliards d’euros”. Sans vouloir contredire ces brillants économistes, nous rappellerons toutefois que le mieux est souvent l’ennemi du bien. On conseillera donc une certaine précaution avant de dépenser ces 9 précieux milliards, qui pourraient vite passer pour une gabegie de plus en période de crise.

« “Les collectivités gèrent un potentiel d’économies d’énergie colossal”, explique Ophélie Barou, responsable des applications sur le marché des nouvelles technologies lumineuses au Cluster Lumière, qui regroupe à Lyon les principaux acteurs français du secteur. Plus de 45 % de la consommation d’électricité des communes dépend de l’éclairage public, et 3 millions de luminaires (soit 30 % du parc) sont encore équipés de lampes à vapeur de mercure, une technologie centenaire, polluante et peu performante qu’une directive européenne a condamnée à disparaître en avril 2015. »

Attention : cela ne doit pas empêcher pas industriels et collectivités d’innover, surtout lorsque cela est fait avec intelligence. Tout dépend encore de ce qu’on nomme intelligence…

Conclusions luminaires

Lampost Pigeon
© Alisdair

Deux tendances principales se distinguent. La première repose sur un renouvellement relativement « basique » du parc luminaire, en remplaçant les traditionnelles ampoules par des LED (« light emitting diode ») à moindre consommation. Cet été, la ville de Los Angeles a ainsi annoncé le remplacement de près de 150 000 candélabres, donnant à cette technologie une envergure inédite. Plus proche de nous, Marseille, pionnière en la matière, semble largement convaincue des bienfaits : d’abord testées sur une rue piétonne en 2010, les LED envahissent depuis le reste de la ville. Et l’épineuse question du financement se révèle au final moins épineuse que prévu :

« La dépense à engager est importante au départ, mais le retour sur investissement est rapide, défendent les industriels. A Paris, le relooking lumière de la place de la Concorde, ce printemps, a permis de réduire la consommation de deux tiers, et l’investissement (362.000 euros) sera amorti en trois ans. »

D’autres initiatives s’annoncent plus astucieuse, en tirant partie du potentiel des capteurs et des technologies communicantes. Dans le cadre du vaste projet Issy Grid, Bouygues Energie & Services a mis en place des lampadaires intelligents, permettant de moduler l’intensité de l’éclairage « en fonction du trafic routier, de l’heure et des saisons. », voire de la présence humaine comme à Toulouse. Une type d’innovation qui semble faire des émules : suite aux succès rencontrés par Oslo dans le renouvellement d’un sixième de son parc, onze pays européens se sont réunis au sein du projet e-streetlight pour déployer plus largement ces technologies intelligentes.

A cela s’ajoutent les multiples travaux de designers et autres créatifs, prompts à imaginer les lampadaires les plus débridés, comme par exemple des arbres pour éclairer les villes ? Ces exemples témoignent du potentiel de changement que représente ce mobilier si familier. Et encore, nous n’avons fait qu’aborder ce sujet en surface. On pourrait donc défiler le sujet à l’envi, subsisterait toujours la même idée : la lumière urbaine à l’avenir devant elle.

 

{pop-up} urbain
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