Duo de trains imaginaires pour se réconcilier avec les voyages au long cours

Hogwarts Express - Wizarding World of Harry Potter - Universal Studios. Crédit : Josh Hallett sur Flickr
4 Déc 2015

Comme nous l’évoquions dans un billet voisin portant sur une sélection d’autobus surnaturels piochés ici et là dans certaines œuvres destinées au jeune public, la pop-culture regorge d’imaginaires urbains vivifiants. C’est aujourd’hui aux trains que l’on se consacrera, avec un diptyque tout particulier qui, nous l’espérons, vous redonnera le goût du voyage étendu en wagons mobiles !

 

Hogwarts Express - Wizarding World of Harry Potter - Universal Studios. Crédit : Josh Hallett sur Flickr

Hogwarts Express – Wizarding World of Harry Potter – Universal Studios. Crédit : Josh Hallett sur Flickr

Malgré la publication dans ces colonnes de notre triptyque consacré au train japonais dans tous ses états, nous n’avions pas encore eu notre dose d’imaginaires mobiles… C’est pourquoi l’on s’intéressera ici à d’autres canons ferroviaires imaginaires. Le sujet, on s’en doute, est vaste et richissime. Que l’on pense aux romances (dans les rames) ou aux scènes d’action (sur les toits !), le train incarne une toile de fond plus qu’inspirante pour les créateurs de fiction… Mais vous ne trouverez ci-dessous ni James Bond, ni héros de western, puisque nous privilégierons la poésie mêlée de fantastique, avec deux exemples piochés dans la culture populaire qui vous rabibocheront sûrement avec les long trajets…

Poudlard Express : la locomotive des apprentis sorciers

Source d’inspiration inépuisable, la saga des livres et films Harry Potter (1997-2007 pour les livres) se retrouve une fois encore dans nos articles. Et si, au lieu de prendre le RER tous les jours pour vous rendre en cours ou au travail, vous montiez une poignée de fois par an à bord d’un vieux train à vapeur… pour vous rendre dans une école de magie perdue dans les highlands écossaises ? Bien connu des lecteurs et spectateurs de la série, le Poudlard Express (dans la version française) est le train qui transporte chaque année des centaines de jeunes apprentis vers la plus grande école de sorcellerie du monde britannique.

Le Poudlard Express existe dans la vraie vie, pour des virées magiques à travers la campagne écossaise (Photo : Early Morning Steam Crédit : Andrew/Flickr)

Le Poudlard Express existe dans la vraie vie, pour des virées magiques à travers la campagne écossaise (Photo : Early Morning Steam Crédit : Andrew sur Flickr)

 

Dans l’univers d’Harry Potter, il fut élaboré au cours du XIXe siècle par un ingénieur moldu (une personne de notre monde, c’est-à-dire sans pouvoirs magiques). L’idée de mettre à profit ce véhicule ferroviaire en faveur des jeunes sorciers pour le long voyage menant de Londres à Pré-au-Lard (un village “magique” fictif, situé en Ecosse) fut alors donnée en 1827 par la Ministre de la Magie de l’époque. En empruntant ce moyen de transport ordinaire, les citoyens sorciers – vivant cachés aux yeux des moldus – n’attireraient sur eux aucun soupçon… En effet, selon la loi : dès lors qu’un signe de sorcellerie est manifeste dans l’espace public moldu (un sort jeté, un déplacement en balais volant etc.), ce dernier devra être “effacé” de la conscience des témoins, ou bien sera sanctionné par le Ministère susmentionné. De fait, l’exploitation de ce qui deviendra le Poudlard Express apparut au départ comme la solution à ce risque sociétal fondateur de la mythologie Potter. Notons que de puissants sorts entourent les lieux de passage du train lorsqu’il est en marche, afin de cacher son activité à la société moldue.

Maintenu en marche dans les années 1990 (les livres se déroulent entre 1991 et 1998), l’antique Poudlard Express incarne ainsi un fabuleux anachronisme dans le paysage contemporain. La communauté de sorciers imaginée par J. K. Rowling fascine par divers aspects, et notamment par cette faculté à tirer profit de “l’ingénierie moldue”. Ce vieux train à locomotive usé jusqu’à la corde mais toujours efficient représente un joli pied de nez à la société occidentale contemporaine où l’innovation rime un peu trop souvent avec une certaine obsolescence programmée

Le train sur l’eau dans “Le Voyage de Chihiro”

Le deuxième étalon ferroviaire que nous présenterons ici a été imaginé par Hayao Miyazaki, père de l’animation japonaise et maître des mondes extraordinaires. Plus grand succès de l’Histoire du cinéma nippon, Le Voyage de Chihiro sortait en 2001 sur grand écran. Magnifique fresque, ode au folklore japonais traditionnel, ce film compte un nombre incalculable de scènes magistrales… Et celle de son train figure parmi les plus remarquables de ces 124 minutes.

Comme son nom francophone l’indique, cette œuvre dépeint une excursion, celle d’une jeune fille banale prise au piège dans un monde d’esprits et de magie. On y retrouve certains grands archétypes de la mythologie japonaise, des yokaï jusqu’aux sorcières. Au cours de son périple, Chihiro devra alors se libérer des diverses forces malfaisantes qui souhaiteront avilir et noircir son âme enfantine. Véritable voyage initiatique, le sens du film forme sans nul doute un long chemin semé d’embûches (et de charmes). Souvent perçue “comme l’une des plus fortes du film par la nostalgie et la poésie qu’elle dégage” selon le journaliste et écrivain Andrew Osmond, la scène du train fait donc ici l’objet de notre concentration.

La scène complète (désolés pour les sous-titres)

Courte traversée au milieu du voyage, cette séquence représente pourtant l’une des plus détaillées. Chihiro – suivie par un esprit mystérieux – monte à bord de ce petit train local afin de rejoindre la maison d’une sorcière, perdue dans la campagne. La particularité de ce convoi ? Sa voie ferrée submergée et ses usagers fantomatiques. De gares modestes en gares modestes, le train aux pieds dans l’eau dessert les quelques voyageurs spectraux qui occupent encore son chaleureux intérieur… jusqu’à laisser seule la petite compagnie sur un bout de banquette. Presque entièrement muet et accompagné de la douce musique composée par Joe Hisaichi, ce trajet ferroviaire au beau milieu de l’océan est un pur moment de douceur. La beauté d’un paysage maritime se marie donc si bien avec le calme et la vitesse d’un voyage en train…

 

{pop-up} urbain
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