Drôles de drones
Drones par-ci, drones par-là… A force d’en entendre parler à tour de bras, on en viendrait presque à oublier que les drones peuvent avoir une réelle utilité pour les citadins !
Il y a un an, nos confrères d’Usbek & Rica publiaient dans ces colonnes un intéressant état de l’art de ces “drones à tout faire” appelés à envahir nos villes. Quatre grands rôles étaient alors répertoriés pour ces engins volants qui soulèvent les fantasmes, positifs ou négatifs : le drone technicien, le policier, le livreur et le caméraman. Cette typologie s’est affirmée au cours des derniers mois, avec l’arrivée d’acteurs de premier plan dans cet écosystème en plein foisonnement. C’est ce qui nous a poussé à proposer cette nouvelle version de l’article cité précédemment, une sorte d’aggiornamento des usages attendus dans nos cieux urbains.
Le drone ambulancier
A l’instar de son homologue policier, le drone ambulancier représente l’une des déclinaisons les plus naturelles des services urbains existants. L’idée nous vient d’un étudiant belge, qui a imaginé ce drone capable d’apporter un défibrillateur, en quelques minutes seulement, à l’endroit où se trouve la victime d’un arrêt cardiaque. La problématique est loin d’être anodine en milieu urbain, souvent congestionné : “Au-delà de quatre minutes, le taux de survie d’une personne victime d’un arrêt cardiaque diminue de 10 % chaque minute. Or une ambulance met en moyenne 10 minutes pour arriver à une destination”, selon le jeune Alex Momont. Au-delà des seuls cas de malaise cardiaque, les drones pourraient aider les secouristes dans leurs différentes missions. L’idée fait en tous cas son petit bonhomme de chemin en France. Cet été, les pompiers des Bouches-du-Rhône se sont équipés de deux drones pour lutter contre les feux de forêt ou faciliter le repérage de personnes en détresse. Une fonction précieuse en milieu urbain, où la densité des flux et des populations sur place vient parfois entraver le travail des secouristes. Et à la différence du drone policier, ce type d’usage devrait soulever moins de polémiques quant au caractère anxiogène de ces yeux qui nous épient dans le ciel…
Le drone assistant personnel
On connaissait le drone livreur, qui risque d’être l’un des plus gros marchés du secteur – à condition que la législation s’avère favorable, ce qui est pour l’instant loin d’être le cas. On ne s’étonnera donc pas d’apprendre que Google souhaite ardemment se faire une place dans ce domaine, afin de concurrencer Amazon qui s’est depuis longtemps positionné sur le sujet. Mais le drone livreur n’est qu’un avatar parmi d’autres des perspectives qu’offre la fonction “porte-objets” des drones. Imaginez par exemple un drone qui se déplacerait en permanence à vos côtés (ou plutôt à quelques mètres au-dessus de vous), pour vous assister dans votre quotidien ? C’est le concept imaginé par un designer ukrainien pour Electrolux, avec son projet de “bartender” nommé Yura. Oui, vous avez bien lu : il s’agit d’un drone capable de faire des cocktails à la demande, et bien sûr de les apporter en quelques secondes. Si un tel projet reste de l’ordre du gadget confiné à un salon, son créateur imagine des déclinaisons plus intéressantes pour les activités urbaines. Yura pourrait ainsi accompagner les coureurs lors d’un jogging, afin de maximiser leurs performances en leur apportant des boissons énergisantes en fonction de leur rendement physique. De quoi courir des marathons sans peine ? L’usage peut sembler exagéré, il n’en reste pas moins porteur de nombreux imaginaires. C’est ce que révèle le projet Nixie, un drone à selfie (sic) ayant la particularité de se porter autour du poignet, finaliste d’un concours de design lancé par Intel. En creux se dessine l’image d’un futur où nous porterons en permanence un assistant personnel au-dessus de nos têtes. Voilà qui n’est pas sans rappeler les “familiers”, ces créatures fantastiques qui accompagnent les protagonistes de certains jeux vidéo (tels que Castlevania, par exemple). Bien que ces innovations évoquent chez nous quelques représentations oniriques, est-il vraiment souhaitable d’être accompagné d’un drone quoi que l’on fasse ?
Le drone metteur en scène
La plupart des drones recensés dans ces colonnes ont en commun d’être des objets essentiellement utilitaires. Mais il est possible de leur confier des tâches plus ou moins artistiques. Fin novembre à Sao Paulo, la chaîne de vêtements Camisaria Colombo a organisé un défilé de mannequins volants, portés par des drones, afin d’annoncer le “Vendredi noir” des soldes d’hiver. Le résultat fut, comment dire… assez effrayant ! Cette mise en scène maketée ressemble ainsi à la Golconde de Magritte, avec ces silhouettes noires en costumes voguant dans les cieux… Avant de s’ériger metteur en scène, le drone publicitaire ferait donc bien de réviser ses gammes ! On préférera alors s’émerveiller, en guise de conclusion, de la chorégraphie imaginée par la troupe japonaise Eleven Play, où le corps des trois danseuses se mêle au ballet des drones dans une oeuvre du plus bel effet. Faut-il y voir l’annonce prophétique d’une hybridation possible entre les humains et les machines volantes, augurant peut-être le règne de ces assistants personnels évoqués ci-dessus ? Seul l’avenir nous dira si cette greffe a réussi à prendre, mais une chose est sûre : les drones ont tout l’avenir devant eux pour prouver leurs vertus.
A lire ailleurs :
Les drones sont-ils les nouveaux smartphone ? – New York Magazine
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Pour compléter, le drone visionneur d’aménagements cyclables (Canada) : http://bit.ly/1IJwO3X