« Devenir le transport en commun des zones péri-urbaines et peu denses »
Interview avec Julien HONNART, co-fondateur de Klaxit, une startup qui accompagne les collectivités à mettre en place des services de covoiturage pour réduire le trafic automobile sur leur territoire.
Comment limiter la congestion en ville et améliorer la qualité de l’air ? En complément du vélo et des transports en commun, la piste du covoiturage est explorée par de plus en plus de grandes villes françaises, qui s’appuient pour cela sur des opérateurs tels que Karos ou Klaxit.
Nous avons posé 5 questions à Julien HONNART, co-fondateur de la startup Klaxit, pour comprendre ce qui intéresse les villes de demain dans la pratique du covoiturage.
Demain la ville : Julien HONNART, Klaxit est un acteur qui accompagne les collectivités locales dans le déploiement de lignes de covoiturage. Quel est l’objectif derrière ce choix ?
Julien HONNART : Notre mission, avec Klaxit, quand on arrive dans une ville, c’est d’être capable d’avoir un impact visible sur la congestion, sur la qualité de l’air et sur la qualité de vie des citoyens. Le covoiturage est intéressant d’un point de vue environnemental, évidemment, mais ce qui intéresse les collectivités locales, c’est que c’est aussi très pertinent d’un point de vue social.
Sur cet aspect social, le covoiturage permet de désenclaver les périphéries qui ne bénéficient pas ou peu des transports en commun. Ce qui est vrai notamment pour les collectivités qui voient leur périmètre s’élargir aux communes péri-urbaines. En quelque sorte, cela devient le transport en commun des zones péri-urbaines et peu denses. Cela permet de capter une part du trafic automobile et d’avoir une offre complémentaire au réseau de transport en commun existant.
Ça ne vient pas concurrencer les transports publics ?
Généralement, on ne va pas ou peu dans les cœurs de ville, où les transports en commun font très bien le travail. Évidemment, c’est fonction de la taille des villes, mais dans les grandes villes, l’usage est généralement à l’intermodalité. L’utilisateur va prendre un Klaxit jusqu’à l’entrée de la ville et ensuite un tramway ou un métro pour aller dans le centre. L’objectif, c’est donc de proposer un service complémentaire, voire intégré dans l’offre de transports en commun.
À Nantes par exemple, le service Klaxit est complètement intégré dans l’offre de transports de la ville, c’est à dire que vous pouvez prendre un covoiturage avec votre carte de bus ou de tramway. C’est très intéressant car les utilisateurs du covoiturage sont encouragés à s’abonner aux transports en commun, ce qui les engage davantage à utiliser ces autres moyens de transport plutôt que la voiture.
Avec quelles collectivités êtes-vous en partenariat actuellement ?
On travaille avec de grandes villes comme Nantes, Rouen ou encore Metz, mais aussi des villes moyennes comme Beauvais par exemple.
Quels sont les leviers pour développer le covoiturage à plus grande échelle ?
Il faut des incitatifs ! L’incitatif principal qu’on met en œuvre, aujourd’hui, il est financier. Le conducteur va gagner entre 2 et 4 euros par trajet par passager transporté et de son côté, le passager va voyager, soit gratuitement, soit à un tarif symbolique. La différence est financée par la collectivité qui souhaite encourager le covoiturage sur son territoire.
Et pour développer davantage la pratique, il y a d’autres leviers comme la mise en place de voies de covoiturage. C’est le second enjeu pour faire changer les habitudes puisque cela touche au temps de trajet. Mais c’est plus difficile à mettre en œuvre. La LOM facilite et encourage la mise en place de voies réservées, mais ça bloque encore à ce niveau là pour des raisons qu’on a encore du mal à identifier.