Deux-Rives : la mutation de Strasbourg
Le projet d’aménagement urbain des « Deux-Rives » prévoit de faire de Strasbourg une « métropole à 360 degrés », s’étendant jusqu’en Allemagne. Alice Frémeaux, responsable du développement à la Société publique locale des Deux-Rives, présente les grands enjeux de ce chantier.
Le projet des Deux-Rives prétend « emmener Strasbourg de l’Ill au Rhin ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le projet s’étend sur un territoire de 250 hectares. L’Ill est la rivière qui s’enroule autour de la Grande-Île de Strasbourg, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Celle-ci a longtemps concentré la vie urbaine strasbourgeoise. L’ambition, aujourd’hui, est d’aller vers l’Est, vers l’Allemagne, pour relier le centre historique aux quartiers qui bordent le Rhin, pour connecter ces deux univers. « Emmener Strasbourg de l’Ill au Rhin », c’est donc relier les Strasbourgeois à leurs voisins Allemands, pour affirmer le rôle de Strasbourg comme capitale européenne.
Ce projet doit aussi permettre de « recoudre la ville ». Qu’entendez-vous par là exactement ?
Recoudre Strasbourg, c’est reconnecter la ville à son port fluvial, le deuxième plus grand en France. Le Rhin est à l’origine de la richesse de la ville, mais cette dernière lui a paradoxalement tourné le dos au fil de l’histoire. Ce projet constitue donc une bonne opportunité pour aménager les rives du fleuve et révéler ainsi le paysage atypique de Strasbourg.
Comment les Strasbourgeois perçoivent-ils ce grand projet d’aménagement urbain ?
De nombreux équipements et aménagements ont déjà vu le jour ou vont bientôt être créés dans le cadre du projet des Deux-Rives. C’est le cas, par exemple, du parc de Heyritz, de la place de l’Étoile ou de la médiathèque Malraux. Il y aussi le Shadok, un « lieu-outil » qui doit permettre de favoriser l’émergence de nouvelles pratiques artistiques liées au numérique. On assiste à une appropriation rapide par les Strasbourgeois de ces nouveaux espaces et équipements. Les nouveaux logements se vendent bien, également. Toutes ces mutations, comme le prolongement de la ligne D du tramway, qui reliera bientôt l’Allemagne, ou le Jardin des Deux-Rives et sa passerelle, sont perçus positivement par les habitants. Le tram sera le moteur de l’urbanisation, son épine dorsale, comme l’a bien souligné le maire Roland Ries.
Le projet prévoit aussi de redonner vie à des friches industrielles…
Oui. La ZAC des Deux-Rives a pour enjeu la réhabilitation de 74 hectares de friches industrialo-portuaires. Les rives du Rhin vont être entièrement aménagées. Strasbourg est une ville d’eau et il faut tirer parti du cadre exceptionnel de ce territoire. Un autre enjeu est de fournir un cadre de vie de qualité. Nous voulons développer une architecture singulière et durable, tant dans son esthétique qu’à travers les usages proposés et les matériaux utilisés. Le projet s’inscrit ainsi dans la démarche Écocité, soutenue par l’État.
Pouvez-nous nous présenter l’un des quartiers déjà réhabilités ?
Le quartier de Starlette est un bon exemple de la réhabilitation en cours. Durant plusieurs décennies, ce terrain de 9 hectares a accueilli l’usine Starlette, qui fabriquait et stockait des boulettes de charbon. Dans les années 2000, ce quartier a commencé à se transformer, avec notamment l’aménagement d’une « façade bassin » et d’une « façade port ». Interface entre la ville et le port, Starlette devient progressivement un quartier intense et actif, qui associe des espaces habités ouverts sur l’eau et des espaces dédiés à diverses activités.