Des jardins de Babylone à Lausanne en 2020
En 2020, une « forêt verticale » de 117 mètres de hauteur s’élèvera sur les berges du Léman, en Suisse. Cette tour arborée, qui pourrait s’avérer précieuse d’un point de vue écologique, suscite pourtant quelques réserves du côté des habitants…
En 2014, Stefano Boeri avait marqué les esprits avec son projet Bosco Verticale : deux tours arborées inaugurées dans sa ville de Milan, dont l’esthétique originale avait marqué les esprits. Un an plus tard, l’architecte italien refait parler de lui avec un nouveau projet de « forêt verticale ». Cette fois, c’est en Suisse que s’élèvera sa nouvelle tour, dans le quartier des Cèdres de Chavannes-près-Renens, dans le Grand Lausanne. Les 35 étages de la future tour, attendue pour 2020, surplomberont le parc olympique, les quais pittoresques d’Ouchy et même la cathédrale gothique érigée il y a plus de 600 ans. Avec ce projet ambitieux, la capitale du canton de Vaud entre dans la « compétition mondiale des tours qui pensent la liaison entre ville, nature et agriculture », explique Stefano Boeri.
Résidentiel durable
L’architecte défend ce qu’il appelle un « modèle d’immeuble résidentiel durable. Il s’agit de reforester pour contribuer à la régénération de l’environnement et de la biodiversité urbaine, sans expansion territoriale de la ville. » Concrètement, les tours arborées de l’architecte milanais présentent plusieurs avantages en matière d’écologie urbaine. En plus d’absorber d’importantes quantités de CO2 et de particules de poussières, les arbres et les plantes aménagés sur l’édifice produisent de l’humidité, de l’oxygène et favorisent la constitution de microclimats et de nouveaux écosystèmes.
Si la future tour de Lausanne ne sera pas la plus haute de Suisse (un titre toujours détenu par la tour Roche, à Bâle, haute de 178 mètres), en revanche, elle sera bien la plus verte : 80 arbres et 3 000 m2 d’arbustes seront répartis sur 35 étages de logements et de bureaux, notamment des cèdres (en référence au nom du quartier), des érables, du houx et des sapins. Autre particularité de la future tour : elle sera le seul édifice de très grande taille de ce coin du Grand Lausanne. Une contrainte que Stefano Boeri a dû prendre en compte pour concevoir son projet : « La solitude de la tour nous donne une grande responsabilité. Celle-ci sera exposée au regard de tout le monde. On a donc imaginé quelque chose qui pourrait devenir le symbole de la liaison entre nature et architecture. »
« Carte de visite »
« La première tour de Suisse romande va enfin voir le jour » se félicite Bernard Nicod, le principal promoteur des Terrasses des Cèdres, qui ne craint pas de comparer le projet « aux jardins suspendus de Babylone ». Un enthousiasme à la hauteur de l’investissement financier puisque le promoteur va investir 200 millions de francs suisses (soit près de 185 millions d’euros) dans ce projet. Pour Bernard Nicod et Avni Orlatti, le second promoteur, la tour aura donc « vocation à servir de carte de visite non seulement à Lausanne, mais aussi au-delà de la région, du canton, voire plus loin. Elle a une spatialité exceptionnelle et je suis sûr qu’elle plaira à tout le monde. »
Pourtant, ce projet aurait pu ne jamais voir le jour. En 2012, la commune voisine de Bussigny avait rejeté une tour de logements et de bureaux de 60 mètres de hauteur, au grand regret de la municipalité. « En disant non, les gens ont défendu ce qu’ils estiment être la qualité de vie de Bussigny, son esprit villageois, qui fait que lorsqu’on se croise et qu’on se salue encore », défendait à l’époque Eric Zingre, membre de l’association des opposants à cette tour. Autre projet avorté récemment : celui de la tour Tatoua, qui devait s’élever à 87 mètres dans le quartier de Beaulieu, mais fut enterrée en 2014 suite à une votation locale…
Vue sur les Alpes
La méfiance citoyenne pour ces différents projets de tours s’explique aussi par leur sentiment que ces édifices ne s’adressent pas aux habitants du coin. « Il faut être naïf pour croire que la tour est destinée à des revenus modestes », déclare Alain Rochat, porte-parole des opposants au projet. « À partir du moment où on parle d’une tour avec vue sur les Alpes… » Même réserve du côté d’André Gorgerat, le conseiller communal socialiste, qui estime que la future tour « ne sera pas forcément accessible à la population chavannoise ».
Malgré ces résistances locales, la Suisse ne compte pas en rester là en matière d’architecture verticale. Le promoteur immobilier Remo Stoffel rêve ainsi d’ériger dans les Alpes la plus haute tour d’Europe. Les plans de La Femme de Vals, du nom du village des Grisons où pourrait s’élever un jour cet édifice, ont déjà été dessinés par Thom Mayne, lauréat du prix Pritzker en 2005. Rien n’est encore officiellement décidé sur ce projet, si ce n’est qu’il s’agira d’un hôtel de luxe, décrit par Remo Stoffel comme le futur « point de chute des riches touristes qui visitent l’Europe en hélicoptère. »
Vos réactions
je fait un exposé sur la nouvelle architecture des villes de demain dite moi si c’est une bonne idée de predre cela comme exemple